20 décembre 2016

Trois matches au programme, les deux premiers aux Vernets, ce soir et jeudi. Coup de barre interdit

 

A les voir sur leur glace des Vernets, fringants, goguenards, concentrés mais joyeux, on parierait presque que tout va bien. On miserait sans trembler quelques kopeks sur cette équipe-là. Sur le papier, elle possède tous les atouts pour rivaliser avec les meilleures formations de la ligue. Seulement voilà: depuis le début de la saison, Genève-Servette souffle le chaud et le froid, tropisme de l’inconstance, vertige du balbutiement. Le résultat est inconfortable. Après trente matches, le vilain flirt avec la barre s’éternise, romance inavouable, tourment assuré.

 

Non, les Aigles ne vont pas bien. Le contraste entre leur état d’esprit et leur situation comptable ne laisse pas de décontenancer. Mais la réalité, à mesure que le championnat avance, les rattrape. L’inquiétude se fait obsession et Chris McSorley fait déjà les comptes. «Il faudra entre 65 et 70 points pour être en play-off», assure-t-il attablé à son bureau. Il bascule son ordinateur pour montrer les statistiques qu’il tient sur tous ses joueurs, les meilleures cotes, les plus délicates, selon les circonstances et les blessés.

 

«Il n’y a qu’une seule chose qui occupe mes pensées actuellement: évaluer encore et encore l’équipe, lance l’entraîneur. Cette semaine est celle des derniers tests grandeur nature. Après les trois rencontres qui nous attendent, notamment contre deux cadors de la ligue, nous saurons où nous situer.»

 

Trois matches au programme, oui. Deux aux Vernets pour commencer, ce soir contre Zoug, jeudi contre Berne. Puis un déplacement vendredi à Kloten. C’est le calendrier qui veut ça: onze jours de pause internationale et trois rencontres en quatre jours… Et cette sourde certitude: Genève-Servette joue gros. Il y a trois points sur lesquels Chris McSorley a insisté durant la pause, pour rester dans la lignée de la belle fin de partie contre Bienne.

 

Le réalisme devant le but

 

C’est la souffrance des Aigles cette saison. Ils alternent le bon et le moins bon, mais dans leurs moments forts, ils manquent beaucoup des occasions qu’ils se créent. Une fatalité contre laquelle il faut lutter. Hier matin, ce fut l’un des thèmes de l’entraînement, ainsi que le fil rouge des dix derniers jours. Du mouvement devant le portier adverse, des tirs à dévier: un classique dont il faut réapprendre à se servir, au moins par la grâce de quelques rebonds. Plutôt que de pester sur ces rebonds qui ne sont pas en leur faveurs, les Grenat doivent provoquer la chance. «Nous connaissons très bien Tobias Stephan, assure McSorley. A nous de le placer dans des situations qu’il n’apprécie pas.» Le portier de Zoug est averti.

 

Rapidité dans les transitions

 

C’est le style rageur et impulsif des Genevois depuis un moment maintenant: cette volonté de remonter très vite le puck vers les attaquants pour ne pas laisser le temps à la défense adverse de se replacer. Hier, ce fut également une ligne conductrice des différents exercices. «Nous voulons être capables de surprendre nos adversaires dans leur positionnement», lâche McSorley.

 

Par intermittence, les Aigles le font très bien. Et puis quelques instants après, plus rien ne fonctionne. Il faudra de la constance dans cette philosophie-là, toute la semaine, pour qu’elle soit efficace.

 

«Nous avons travaillé très dur, à tous les niveaux, physiquement, tactiquement, reprend le technicien. Il y a un grand état d’esprit qui anime le groupe. J’attends une bonne semaine. Cela signifie six points ou plus sur ces trois matches.»

 

Discipline de rigueur

 

C’est aussi le péché mignon de Ge/Servette: ces pénalités qui s’accumulent contre les Aigles. Si cette semaine est sans doute celle de bien des vérités, cela concernera aussi le cas du comportement des joueurs sur la glace.

 

A cela une raison: les clubs ont réitéré au corps arbitral la demande de voir la tolérance zéro de retour. Les directeurs de jeu l’avaient peut-être un peu oubliée ces derniers temps. Cette semaine, les arbitres se montreront particulièrement intransigeants.

 

De retour au jeu, Johan Fransson le sait bien: «Oui, la discipline, c’est important, confirme-t-il. D’autant plus si les arbitres sont spécialement attentifs.» Ne pas cumuler les infériorités numériques est une évidence qui ne saute pourtant pas aux yeux des Aigles, quand on regarde les pénalités si fréquemment reçues. Le sentiment de ne pas être logé à la même enseigne que d’autres plus «préservés», Berne en tête, ne change rien à l’affaire, il faudra faire attention.

 

Attention aux situations spéciales!

 

C’est le casse-tête de Ge/Servette et de Chris McSorley depuis le début du championnat: les situations spéciales. Ces moments où il faut jouer en supériorité ou en infériorité numérique. La saison dernière, les Aigles étaient impressionnants d’efficacité en power play et remarquables de rigueur en box-play. Depuis quatre mois, c’est tout le contraire. Or, avec le retour attendu de la tolérance zéro en matière d’arbitrage – ce qui devrait normalement mettre toutes les équipes sur un pied d’égalité… – les situations spéciales ont toutes les chances de se multiplier dès ce soir.

 

Timothy Kast, de retour après sa blessure à Lugano, en est bien conscient. Et son premier constat est sans appel. «Dans les deux cas, power play ou box-play, c’est insuffisant cette saison!» lance-t-il tout net. C’est d’autant plus clair encore en supériorité numérique. Là où tout rigolait avant pour les Grenat, tout s’opère dans la difficulté désormais. Pourquoi?

 

«La clé pour un power play, c’est de savoir que c’est un jeu de rôle, explique Kast. Ce ne sont pas les cinq meilleurs ensemble qui forment forcément la bonne équipe. Mais c’est que chacun soit concentré sur son rôle. Un shooteur shoote, un playmaker fait le jeu, celui qui doit gêner le gardien doit rester devant. Mais jusqu’à présent, j’ai le sentiment que les cinq sur la glace dans ces moments-là ne sont pas toujours bons au même moment. C’est peut-être pour cela que les résultats ne suivent pas dans ce domaine.»

 

Question de discipline donc, encore une fois. Et dans l’autre sens aussi. «Nous prenons trop de pénalités, c’est juste, admet Kast. J’ai l’impression qu’on termine toujours les matches avec plus de punitions que nos adversaires…»

 

Les Aigles vont donc devoir serrer les dents ce soir et jeudi pour se mettre dans les meilleures conditions. Pour enfin provoquer ce déclic? «Oui, un déclic, sourit Kast. Il faut espérer que le facteur chance soit un peu de notre côté, je pense notamment aux rebonds qui ne nous ont pas souvent été favorables. Mais bon, il faut provoquer tout ça, appliquer les systèmes. Nous devons être tous concentrés et avec tout cela, nous aurons un bon match.»

 

Avec Fransson et Kast de retour, avec Gerbe et Rod qui ont peaufiné leur forme durant la pause, Genève-Servette a des arguments pour répondre présent. Et plus le choix de toute façon…

 

Power-play
 

L’affiche Ge/Servette - Zoug, les Vernets, coup d’envoi à 19 h 45.

 

L’effectif Johan Fransson et Timothy Kast sont de retour de blessure, cela fera du bien. Eliot Antonietti, puni avec Ajoie dimanche, devrait purger un match de suspension. Damien Riat est avec la Suisse M20.

 

Le contexte Avec la venue de Zoug ce soir, puis de Berne jeudi soir, ce sont deux gros «morceaux» du championnat que les Aigles vont tenter de battre. Avec 41 points au classement après 30 matches, les Grenat sont sans doute 7es, mais à égalité comptable avec Kloten (8e) et Davos (9e, 31 matches). Ce n’est pas le moment de manquer le coche, la situation reste délicate.

 

Le mot de McSorley «Nous avons beaucoup travaillé durant la pause internationale. Maintenant, nous saurons à partir de 19 h 45 où l’équipe peut se situer.»