12 septembre 2016

Les changements dans l’organisation du club suscitent l’inquiétude bien plus que la 2e défaite subie contre Bienne. Ambiance

 

C’est un peu comme si des Bordelais débarquaient dans la campagne genevoise pour dire aux vignerons de Peissy et d’ailleurs comment se crée un grand vin. Ils expliqueraient qu’ils ne sont pas là pour donner la leçon mais pour aider les artisans à franchir un palier. Ce qui marche sur les plus beaux coteaux du Médoc doit forcément pouvoir fonctionner dans les pentes ensoleillées du Mandement.

 

La semaine passée, les «Bordelais» ont débarqué aux Vernets en droite ligne de Vancouver. Avec dans leurs valises un projet, encore un. Pour faire grandir et progresser une équipe qui reste sur trois demi-finales consécutives conjuguées à une politique budgétaire parfaitement maîtrisée. La restructuration augurée par le président Hugh Quennec ne se fait pas sans heurts. Un nouvel organigramme va être imposé.

 

Il fait suite au départ de Christophe Stucki, le désormais ex-directeur général de Ge/Servette. Samedi soir, après la défaite contre Bienne, l’ambiance était très clairement particulière. Entre faux-semblants et non-dits, la langue de bois était de bon aloi. Scène curieuse, un brin gênante même, lorsque Chris McSorley se retrouve dans son bureau en compagnie de Lorne Henning et Mike Gillis. D’ordinaire, c’est lui qui convoque et qui gronde. Là, on le découvre presque comme un enfant pris la main dans le pot de confiture. Il gesticule devant son tableau comme pour expliquer ses choix et les raisons d’une défaite par ailleurs loin d’être dramatique à ce stade de la saison.

 

Le rôle capital de Stucki

 

Dans le couloir, Hugh Quennec serre des mains. «Business as usual». Mais le malaise est palpable et le cœur ne semble pas y être vraiment. Jamais, depuis que nous côtoyons Chris McSorley, l’Ontarien ne nous est apparu aussi crispé. Sa tournée habituelle dans «son» pub n’a pas le même éclat. Hugh Quennec et Chris font table à part.

 

C’est un secret de Polichinelle que de dire que le départ de Christophe Stucki a été durement ressenti par son équipe. Chris McSorley en tête rappelle le rôle capital joué ces dernières années par ce gestionnaire rigoureux parfaitement intégré dans le tissu économique régional. Mais voilà que des «Bordelais» sont venus lui expliquer comment cultiver la vigne.

 

Sauf que ces «Bordelais» ne sont pas les œnelogues de génies décrits par Hugh Quennec. Quelques coups de fils au Canada et quelques clics sur les sites d’informations spécialisés feront apparaître que les cuvées mises au point par Mike Gillis lorsqu’il dirigeait les Canucks de Vancouver sont très loin d’être à la hauteur. Le constat, pour faire simple, c’est que les Canucks ont joué deux finales de Coupe Stanley lorsque Gillis est arrivé. Selon les connaisseurs nord-américains, il a pour le coup bénéficié de l’excellent travail de son prédécesseur. La suite, c’est une multitude de choix sportifs jugés très mauvais qui ont conduit l’équipe à enregistrer le pire bilan de son histoire en saison régulière. Un record négatif qui a conduit les propriétaires à remercier d’un commun accord Mike Gillis. C’est donc lui, «l’un des pires GM (General Manager) de l’histoire des Canucks», dixit de nombreux supporters et journalistes canadiens, qui a été mandaté pour faire évoluer Ge/Servette.

 

En toile de fond de tout ce remue-ménage se joue une véritable scène de ménage. Non, ce n’est pas d’hier, comme l’affirme la presse dominicale, que l’on sait que Chris McSorley a revendu toutes ses actions de la SA de Genève-Servette à Hugh Quennec. Cela fait plus d’un an et demi que l’information est connue presque de tous ceux qui suivent les affaires de Ge/Servette de près. Lundi dernier, sur le plateau de l’émission les Puckalistes, l’excellent confrère de Yes FM, Patrick Andrey, débattait à ce sujet… Ce n’est encore pas d’hier que l’on sait qu’en contrepartie, le fin homme d’affaires qu’il est aussi, Chris McSorley a assuré ses arrières en signant un contrat en béton de longue durée.

 

Au-delà des beaux discours, il est désormais acquis qu’au sein de Ge/Servette, le feu couve. Il est encore temps de circonscrire les flammes. Au détour de plusieurs tables, plusieurs gros sponsors ne cachent que publiquement leurs craintes. Dans le monde mystérieux du «off the record», une évidence ressort. Tout le monde, ou presque, roule pour Chris McSorley.

 

La patinoire, enjeu majeur

 

La petite guerre est bien plus qu’une simple histoire d’ego. En toile de fond se dessine la patinoire du Trèfle Blanc et la question de son financement. Un dossier qui était à bout touchant il y a presque un an. Selon nos informations, un groupe d’investisseurs crédibles (des Russes très bien implantés à Genève) était prêt à déposer un projet devant les responsables politiques qui n’attendent que «ça» pour aller de l’avant.

 

C’est alors que le projet canadien a été jugé meilleur et prioritaire. Le groupe Quennec, piloté par l’avocat Peter Gall, par ailleurs nouveau membre du conseil d’administration, a été présenté à la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta. C’était en mars dernier et aucunes garanties sérieuses n’avaient pu être fournies. Elève Quennec, recalé, retravaillez votre dossier!

 

Six mois plus tard, Hugh Quennec affirmait en exclusivité dans nos colonnes de mardi que tout était en ordre et que le 16 septembre, lors d’une réunion avec les autorités, il répondrait à toutes les exigences. Vendredi, donc, les «Bordelais» seront évalués sur du concret. Piquette ou grand cru?

 

Du retard à l’allumage

 

On ne peut prendre au sérieux un classement après deux journées. Il ne dit certainement rien de ce que sera la situation au soir de la 50e ronde. Lausanne leader, cela mérite une capture d’écran de la page 302 du télétexte. Pour Ge/Servette, ce week-end de reprise s’est achevé par une deuxième défaite. Après le point mérité collecté à Fribourg, les Aigles ont reçu une juste claque dans la figure contre un Bienne qui n’a rien d’un foudre de guerre. Il a fallu un Jonas Hiller solide pour annihiler les rares chances de but genevoises. «On manque encore de liant entre les attaquants et les défenseurs», reconnaît Romain Loeffel, seul buteur genevois d’une soirée aussi étouffante que décevante.

 

Si la situation inquiète en coulisses, celle des Aigles ne suscite aucune crainte. Avec Mike Santorelli, Genève s’est trouvé un nouveau trublion. Avec le retour de son maître à jouer, Kevin Romy, et celui de Juraj Simek demain contre Langnau, le hockey reviendra au centre du débat.