26 septembre 2015

Soulagement aux Vernets, les Aigles ont maté Bienne sur le tard et gagné un match qui semblait leur échapper

 

Deux succès et plus rien. Si ce n’est une ribambelle de questions consécutives à une farandole de quatre défaites. Quelle tournure va donc prendre la saison des Aigles? Ce Ge/Servette fonctionnerait-il au diesel? Y aurait-il tromperie sur la marchandise? Il semblerait que le nouveau logiciel développé par l’ingénieur en chef de l’usine genevoise ait bien du mal à être installé dans le vestiaire. Quelle est donc la nature de la panne? A trois minutes près, aucune réponse n’aurait pu être apportée. Et l’atmosphère aurait sans doute été irrespirable, comme emplie de particules fines. Trois minutes. A quoi ça tient parfois.

 

Contre Bienne, coleader surprise du championnat, il y a eu un vrai sursaut. Courageux et opiniâtre, Ge/Servette a récolté le salaire du labeur après s’être fait très peur. Rien à voir avec la performance indigeste proposée jeudi soir à Lugano. Au Tessin, les joueurs avouaient que le spectacle, même au ras de la glace, était médiocre. Vu d’en haut aussi… Cet engagement, ces coups de patins, cette rage de ne plus vouloir baisser la tête n’étaient apparus qu’en fin de match quand tout était joué. Il était important de marquer quelques poings avant de retourner au bercail vers 4 h 30 du matin avec deux blessés de plus dans les valises.

 

«Ne pas sombrer»

 

C’est donc sans Romy et Antonietti que Ge/Servette est entré dans son match avec les mêmes intentions belliqueuses. Enfin, il y a eu du rythme, des mises en échec dignes de ce nom et une créativité offensive très mal récompensée. Longtemps, très longtemps, trop longtemps, les attaquants Grenat ont été stériles. Le match aurait dû être plié après vingt minutes. «Parfois tu joues bien et tu perds, dit Daniel Vukovic. Ce soir, on n’a pas voulu mourir et s’enfoncer dans la crise. Je n’aime pas parler de malchance malgré les blessures qui nous touchent. Si quelqu’un manque, un autre fera plus. C’est comme ça, c’est le sport.»

 

Le valeureux défenseur refuse donc d’évoquer cette scoumoune qui colle aux patins des Aigles (lire ci-contre) . Le scénario du match avait pourtant tout du mauvais film. Après une première période totalement maîtrisée, seul Romain Loeffel avait réussi à tromper l’excellent Simon Rytz. D’Agostini, par deux fois, et Tom Pyatt ont raté des montagnes. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. «On connaît comment ça se passe, reprend Daniel Vukovic. Quand tu ne marques pas, c’est l’adversaire qui en profite.» Bienne l’a fait en deux temps. Au pire moment pour les Aigles. Juste avant la fin d’un deuxième tiers brouillon et juste au début d’une ultime période qui allait se révéler complètement folle.

 

Un final royal de l’Aigle

 

Mené, sonné, l’Aigle a été royal dans le sprint final. C’est tout d’abord Daniel Vukovic qui a égalisé d’un tir chargé de l’énergie du désespoir. Et puis, c’est Goran Bezina, d'un tir empli de cette réussite qui lui a si peu souri ces derniers temps, qui a définitivement réveillé un public parfois agacé et souvent détestable du côté des VIP (les Very Imbéciles People) où certains énergumènes préfèrent jeter le champagne plutôt que de le boire… A trois minutes près, les Aigles auraient sans doute eu droit à des noms d’oiseaux au moment de regagner les vestiaires. «Je suis très heureux d’avoir égalisé, avoue, soulagé, le No 55 grenat. Mais c’est une vraie victoire d’équipe que nous sommes allés chercher. Ce succès était très important pour le public, c’est vrai. Mais il l’était sans doute encore plus pour nous. Quatre défaites, c’était déjà beaucoup trop.»

 

Peut-on parler de match référence? «C’est seulement l’avenir qui nous le dira, sourit «Vuko». J’espère que notre saison est lancée.» 

 

La poisse s’acharne: au tour de Lombardi!

 

Quel est ce coquin de sort qui semble s’acharner sur les Servettiens? Après Cody Almond (luxation de l’épaule, il y a une semaine), Eliot Antonietti (contusion osseuse au genou droit après une ignoble agression d’Alessandro Chiesa – il est suspendu provisoirement), Kevin Romy (légère commotion, également jeudi à Lugano), c’est au tour de Matthew Lombardi (cheville) et Tim Traber (bas du corps) de rejoindre pour une… longue durée l’infirmerie des Vernets. Alors qu’on a aussi craint le pire pour un Gauthier Descloux se tenant la clavicule (remplacé à la 46e), le jeune portier, auteur d’un gros match hier soir, ne souffrirait, selon son chef, que de vilaines crampes. «Comme on traverse une mauvaise période, il faut vraiment se donner à fond pour gagner des matches et tout le monde en fait plus que d’habitude, explique Noah Rod. Du coup, cela débouche sur des blessures quand ce n’est pas la malchance qui s’en mêle», renchérit le No 96 qui, lui, effectuait son retour après avoir quitté l’arène vendredi dernier contre Lausanne. Absent à Zoug et à Lugano, le «requin» des Grenat avait retrouvé, comme tous ses camarades, l’envie «de se battre durant soixante minutes», en respectant le système jusqu’au bout. «Personne dans l’équipe n’a pensé à une crise ou aux play-out, poursuit encore ce dur au mal. On avait tous confiance en nos moyens, tous conscients que nous n’allions pas perdre toutes nos rencontres de la saison!»

 

Alors que les guerriers de McSorley tombent tous comme des mouches au combat, le boss des Vernets va devoir réagir. Et si c’était au tour de Jim Slater (Winnipeg Jets, 32 ans) de signer à Genève?