24 septembre 2018

Les Aigles ont dominé Fribourg. Sans génie mais en mettant de l’énergie sur la glace. Retour de Chris McSorley réussi aux Vernets

 

Ge/Servette divise. Il fait des heureux et des malheureux. Samedi soir, les véganes avaient de quoi tirer la tronche après la première victoire de la saison face à Fribourg-Gottéron. Au McSorleys’s Pub and Steak House, les indicateurs relevaient une forte hausse de la consommation de viande de bœuf. Saignant, le bœuf, à la table du chef. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, on imaginait volontiers le sourire des vignerons de la région. Rempli de rouge, le flacon du chef. Et façon piscine, s’il vous plaît.

 

Il y a eu à boire et à manger lors de ce premier derby de la saison disputé aux Vernets. Pour autant, personne ne faisait la fine bouche dans le camp des vainqueurs. Le duel n’a pas atteint des sommets sur le plan du jeu. Mais comme au bon vieux temps, les Aigles ont sorti leurs tripes. Ils ont été solidaires et ont tout donné pour s’offrir trois premiers points. Après une entrée en matière complètement ratée la veille – face à un excellent HC Bienne il est vrai – cette victoire avait tout sauf le goût de bouchon.

 

Un long chantier

 

C’était donc la fête aux Vernets pour le retour de «Jesus Chris» sur le banc. Salué par les fans, sans excès toutefois, le Canadien était visiblement soulagé. «Je suis tellement heureux de cette victoire», avoue-t-il. Car au-delà des beaux discours d’avant-saison, il sait que le chantier de reconstruction n’est pas terminé. Ces Aigles, usés par deux dernières saisons plombées par une gestion humaine et financière calamiteuse, doivent simplement retrouver le goût du jeu. Cela passera par ce genre de victoire, pas forcément très esthétique mais tellement méritoire.

 

À voir l’affluence des grands soirs dans le pub de la patinoire (ici, pas besoin d’être membre pour pénétrer dans le carré des joueurs et du staff), il est évident que le public, lui aussi, était soulagé de retrouver des valeurs perdues. Une équipe de battants, des victoires, le peuple grenat n’est pas trop difficile. Il saura se montrer patient.

 

Car il est évidemment encore beaucoup trop tôt pour évaluer le véritable niveau de cette équipe. En un week-end, le staff a déjà dû revoir complètement ses lignes. La faute à la poisse qui a frappé Tommy Wingels. Touché par un puck vendredi après 13 minutes de jeu, l’Américain souffre d’une fracture à la mâchoire. Il sera opéré ce lundi et manquera au minimum quatre semaines. «On perd notre meilleur joueur, estime Chris McSorley. C’est un coup dur. Mais nous cherchons des solutions.» Cela passera sans doute par l’engagement d’un nouvel attaquant étranger.

 

En attendant, il faudra faire sans celui qui devait être au cœur du jeu, et notamment dans les phases de supériorité numérique. Samedi, Kevin Romy était lui aussi absent pour des raisons strictement privées.

 

Pas que des heureux

 

Privé de ces deux leaders techniques, Chris McSorley a redistribué ses cartes. C’est ainsi que Tim Bozon a effectué ses grands débuts en LNA avec un maillot grenat. Sous les yeux de son grand-père, le No 94 a amené une belle énergie et de la vitesse sur l’aile du 2e trio offensif. «Je manquais pourtant de rythme, dit-il. Depuis ma blessure à l’épaule de la saison passée, je n’avais plus joué de match depuis six mois. Je n’ai donc pas vraiment eu le temps de penser au contexte particulier de ce match. J’étais concentré sur mon jeu.» Téléspectateur vendredi soir, il a été lancé dans le bain au sein d’une équipe qui est entrée dans sa saison. Comme au bon vieux temps des années McSorley. «On a montré notre vrai visage.»

 

Voilà un constat qui ne fera sans doute pas que des heureux. Et pas seulement chez les véganes.

 

Quand Almondfait boum

 

Il y a eu le match, énorme, de Gauthier Descloux dans les buts. Et il y a eu le réveil des attaquants. Avec une mention particulière accordée à deux hommes: Lance Bouma et Cody Almond. Le premier a fait de la place pour le second, qui a inscrit les deux premiers buts grenat de la saison. Ces deux-là font la paire. Privés pour un moment de Tommy Wingels, ils ont été associés à un Jeremy Wick qui a distribué quelques bonnes charges. C’est donc essentiellement par la bonne tenue de ce premier trio offensif que le salut est venu. En une soirée, Cody Almond a fait boum, confirmant par le geste ce qu’il affirmait par le verbe en préambule de la saison. Il veut briller avant de filer la saison prochaine du côté de… La Vaudoise aréna. Quant à Lance Bouma, il a lui aussi démontré pourquoi il sera utile au-delà de tout esthétisme.