30 novembre 2015

Les Aigles ont quitté Langnau battus mais pas abattus. Lombardi et Cie veulent rebondir dès demain soir contre Berne

 

C’est un pays de hockey. Depuis le temps, Chris McSorley sert ce discours lors de chaque voyage à Langnau. Il est vrai que la bourgade vit au rythme de son équipe. Chaque samedi soir, la fièvre s’empare de l’Ilfis, où les fans dévorent bruyamment leur Tiger Spiess (une brochette géante de porc) avant de donner de la voix. «Ici, chaque rencontre est un combat, dit l’entraîneur des Aigles. Tu dois être prêt à te battre. Si tu ne l’es pas, comme ce fut le cas lors des deux premières périodes, impossible d’espérer quoi que ce soit de positif.»

 

La série de victoires (8) des Genevois a donc pris fin samedi soir dans l’Emmenthal. Pas de quoi en faire un fromage. Dans le vestiaire grenat, la lucidité était de mise et le discours faisait écho à celui du coach. «Nous ne sommes pas venus assez fort», avoue Matthew Lombardi, pourtant auteur d’une ouverture du score qui aurait pu lancer la soirée des Grenat.

 

Manque de rythme

 

Cette réussite, sur la seule supériorité numérique de la soirée accordée aux Aigles, avait tout du trompe-l’œil. Ce sont bien les Tigres de Langnau, parfaitement lancés par la victoire arrachée la veille chez le grand ennemi du SC Berne, qui ont dominé un visiteur qui n’avait plus patiné depuis sept jours. Il faudra un jour se pencher sur ce calendrier boiteux et incohérent.

 

Le manque de rythme, ce n’est pas que le coup de patin. C’est aussi, le coup d’œil, le réflexe, l’automatisme. «L’entraînement, c’est bien, les matches, c’est beaucoup mieux», diront tous les joueurs interrogés. Les quarante premières minutes genevoises ont sans doute été les plus mauvaises entrevues depuis bien longtemps cette saison. Avec une palme de l’horreur à cette deuxième période durant laquelle Robert Mayer a sorti quelques patates bien chaudes de sa zone. Hormis sur le 3-1 – il se glisse le puck dans le but, bien aidé par Lukas Haas –, Mayer a évité que la soirée ne tourne à la claque magistrale.

 

Sonné, Ge/Servette aurait pu sombrer. Sans Johann Fransson (touché à un pied, la situation est évaluée au jour le jour), il a longtemps été incapable de mettre de l’ordre dans son jeu. Dans le vestiaire, à la deuxième pause, des hommes ont pris la parole. «Nous nous sommes dit que Genève n’est pas une équipe qui renonce», témoigne un Daniel Vukovic épuisé. Enfin remis de sa blessure à un genou, l’assistant du capitaine se voulait optimiste, malgré tout. «Je suis un peu triste que mon retour coïncide avec la fin de la série de victoires. Mais nous devons garder la tête haute et être fiers de notre fin de match. Au soir de la cinquantième journée, ce point récolté ici pèsera peut-être très lourd. Il y a trois saisons, nous avions manqué les play-off pour un point!»

 

«Jouer notre jeu»

 

Ge/Servette est bien loin de ces tourments. Solidement installé dans la première moitié du classement. «Nous avons démontré lors des vingt dernières minutes que lorsque nous jouons notre jeu, cela va tout de suite mieux, sourit Matthew Lombardi, qui confirme match après match qu’il n’est plus très loin de son meilleur niveau. Malgré le but pris en prolongation, nous pouvons nous appuyer sur cette fin de rencontre pour repartir dans une série positive. Je crois que nous avons tous envie de revivre une telle séquence. C’est très plaisant.»

 

La semaine qui vient s’annonce beaucoup plus rythmée que celle qui s’est achevée. Avec la réception de Berne (mardi) et Zurich (samedi). Après ces deux tests majeurs contre les deux plus grosses cylindrées du championnat, les Aigles iront dimanche à Ambri. «Un autre pays de hockey», prévient déjà Chris McSorley. 

 

«Ce but me fait du bien»

 

Quand Tim Kast marque, Ge/Servette perd! Samedi, c’est pourtant lui qui a relancé les siens en inscrivant le but de l’espoir (3-2) à la 48e minute. Il n’avait plus connu ce bonheur depuis la soirée du 20 octobre, date de la dernière défaite des Aigles (jusqu’à celle d’hier bien sûr). Entre les deux, les Aigles avaient aligné huit victoires de rang. «Ce but me fait du bien, dit-il. Je le prends volontiers même si ce n’est pas le genre d’actions qui me caractérise le mieux.» Aligné au centre du 4e bloc, l’attaquant évolue un peu contre nature au sein de cette ligne à vocation défensive. Lui, le créateur, au coup de patin et d’œil acéré, ronge son frein en compagnie de Pedretti et Gerber. Samedi soir, à L’Ilsfis, c’est ce trio qui a remis les Aigles dans le bon sens.

 

A coup de charges bien senties et en réduisant le score. «Je profite d’un bon tir de Vukovic pour dévier le puck dans le slot», sourit-il. Pas besoin d’avoir des épaules de déménageur pour aller là où ça fait mal.

 

Sans trop faire de bruit, Tim Kast réalise une très belle deuxième saison aux Vernets. Avec ses 11 points, il est le 6e compteur du groupe. Il faut dire que Chris McSorley ne l’utilise pas que contre nature.

 

Le coach lui confie un rôle important dans la seconde unité de supériorité numérique. De quoi largement contribuer à la première place des Aigles dans ce domaine.

 

Alors que Chris McSorley avait sorti son gardien, Tim Kast a été envoyé sur la glace comme sixième homme. Et c’est lui qui, d’un joli geste, a délivré la dernière passe à Romain Loeffel pour arracher l’égalisation et le point qui va avec.