L’Américain succède au monument Goran Bezina. Un choix évident qui ravit ses coéquipiers et les fans
C’est une nouvelle ère. Et elle rime avec Jim Slater. Il fallait forcément une forme de rupture après un règne aussi long et marquant. Pendant dix ans, Goran Bezina a tenu de main de maître le vestiaire de Ge/Servette. Capitaine au grand cœur qui a fait don de son corps pour la science du jeu de Chris McSorley, le Valaisan a passé la main. C’est désormais du côté de Zagreb, en KHL, qu’il distille ses bons mots, ses coups poings et coups de gueule. Dans le vestiaire Grenat, une ombre plane depuis la fin de la saison passée.
«On ne peut pas oublier un gars comme Goran et tout ce qu’il a apporté à l’équipe, au club, dit Eliot Antonietti, qui a grandi dans l’ombre de son ex-capitaine. Et franchement, je pense que la nomination de Jim Slater est vraiment une très bonne chose. C’est typiquement le genre de joueur qui n’a pas besoin d’avoir un C sur son maillot pour s’imposer comme un leader. Il le fait par le travail et le talent. C’est un gars qui ne se plaindra jamais.»
Hommage à Bezina
C’est hier sur le coup de 18 heures que Chris McSorley a officialisé la nouvelle, mettant fin à l’un des feuilletons de l’été. Après un hommage à Goran Bezina, le coach des Aigles a lâché le nom de l’heureux élu dans un vestiaire où étaient réunis tous les joueurs. Kevin Romy et Daniel Vukovic ont été confirmés dans leur rôle d’assistant. Ils faisaient partie des papables, comme l’on dit, mais s’accommodent très volontiers du choix des coaches. «J’aurais accepté avec grand plaisir, dit Daniel Vukovic. C’est un honneur de pouvoir, un jour, avoir le C sur le maillot. Ce club représente tout pour moi. C’est ici que je suis devenu un vrai joueur professionnel. C’est donc déjà un réel plaisir de continuer comme assistant. Avec Jim, ce sera différent, sans doute. Mais je le connais déjà dans ce rôle. Il avait été mon capitaine à Michigan State lorsque l’on jouait en ligue universitaire.»
Après un rapide tour de vestiaire, le choix de Jim Slater s’imposait comme une évidence. «A mon avis, ça n’aurait pas été simple pour un joueur suisse de succéder à Goran, dit justement Eliot Antonietti. Là, il y a une vraie rupture et ça évitera les comparaisons. Jim a montré dès son arrivée qu’il avait les épaules assez larges pour assumer. Je pense qu’il sera aussi capable d’assumer ce rôle de tampon entre le coach et l’équipe comme le faisait très bien Goran. A Genève, il est très important que le capitaine soit capable de dialoguer avec Chris ou, parfois aussi, de s’opposer à lui.»
Un Chris McSorley qui ne tarit pas d’éloge sur son nouveau capitaine. «Il a une aura «Bozonesque» (ndlr: de Philippe Bozon, ancien capitaine mythique des Aigles dans les années 2000), dit-il en français dans le texte. Dès qu’il entre dans le vestiaire, l’équipe est déjà meilleure! Il faut se souvenir que l’an passé, il a transformé le visage du groupe lorsqu’il a rejoint Ge/Servette.»
Il parle peu mais parle bien
Dans le hall de la patinoire des Vernets, lors de la soirée d’ouverture durant laquelle les fans ont aussi découvert les nouveaux maillots de la saison 2016-2017, l’annonce du choix de Slater a également provoqué une montée du son. C’est que l’Américain de 34 ans incarne des valeurs qui sont très chères aux fans des Aigles. «Je ne suis pas forcément quelqu’un qui parle beaucoup, dit le héros du jour. C’est par le travail et l’exemple, sur et hors de la glace que je veux gagner le respect de chacun.»
Il parle peu mais parle bien. «Goran a marqué l’histoire, lui succéder est un honneur.» Il ne pouvait pas reprendre le flambeau sans rendre hommage à son prédécesseur.
Pour mieux changer d’ère…