19 septembre 2018

Les Aigles ont évité la sortie de piste en Coupe face à Viège. Mais il faudra montrer un autre visage dès vendredi en championnat

 

On n’est pas passé très loin du croche-pied. De la gamelle magistrale pour tout dire. Ge/Servette est ressorti indemne de son déplacement à Viège. Le voilà qualifié, dans la douleur pour les 8es de finale de la Coupe de Suisse. C’est sans doute là l’essentiel. Si l’on doit se référer à ces 20 premières minutes, il faut clairement dire que cette entrée en matière sera à classer au musée des erreurs, sinon des horreurs. Et ce n’est pas le contexte qui doit excuser quoi que ce soit.

 

À une heure du coup d’envoi, attablé au restaurant Chinois qui fait face à la patinoire du HC Viège, Chris McSorley imaginait une sorte de chaudron dans lequel les Valaisans se sentiraient pousser des ailes. Il ne semblait pourtant pas inquiet pour cette première sortie officielle depuis son retour aux affaires sur le banc. Quoi de mieux qu’une escapade exotique pour ouvrir un nouveau chapitre? «J’aime ces moments qui précèdent le match», nous disait le Canadien entre deux lampées de soupe aux nouilles. Il a beaucoup moins aimé le début de match de son équipe. Une véritable bouillie.

 

Dans cette Litternahalle d’un autre âge, qui sait s’enflammer lors des matches aux sommets de LNB ou lors des derbys, cela sonnait pourtant bien creux. Le Haut-valaisan ne se passionne pas pour la Coupe de Suisse. C’est donc dans une ambiance digne d’un match de préparation que les Aigles se sont laissé endormir.

 

Il ne faudra jamais oublier ces 20 minutes initiales indignes. Ces pertes de puck en zone neutre. Et surtout, cette suffisance assez insupportable de certaines individualités. Tanner Richard peut être un joueur merveilleux lorsqu’il délivre la passe dans le bon tempo. Il devient franchement irritant lorsqu’il tente, seul, de se défaire de trois joueurs dans un espace confiné. Oui, il faudra se rappeler que sans un excellent Gauthier Descloux, préféré à Robert Mayer, les Genevois auraient pu avoir les fesses bien rouges après ce premier tiers-temps pathétique.

 

Du moins mauvais

 

En attendant, c’est le visage de Chris McSorley qui s’est empourpré. Un mélange de honte, sans doute. Mais surtout une probable poussée de fièvre colérique. On murmure que lors de la préparation, le coach a peu haussé le ton. Il s’est sans aucun doute rappelé au bon souvenir de ceux qui savent de quoi il est capable. Il y a donc eu du mieux. Ou du moins mauvais, c’est selon, lors de la période médiane. Sans que le score ne bouge pour autant. Au moins, les pensionnaires de LNA ont-ils enfin pris le jeu en mains. Par séquences seulement, les Aigles ont su proposer quelques belles combinaisons, notamment en sortie de zone. On a aussi parfois vu les défenseurs s’autoriser une percée en zone offensive adverse.

 

Logiquement, Viège a fini par craquer sur la fin. Plus de muscles, plus de centimètres, et plus de profondeur auront suffi à Ge/Servette pour éviter une sortie de piste des plus humiliantes. Quand toutes les autres équipes de LNA ont passé une soirée tranquille, les Genevois, eux, ne se sont pas rassurés et ont bien failli rater la première marche.

 

Une triplette qui plaît

 

Tommy Wingels, Cody Almond et Lance Bouma: la première triplette offensive de Ge/Servette plaît. Sur le papier, elle est la promesse de belles envolées. Il faudra patienter encore un peu pour que la confirmation vienne sur la glace. Le trio avait été bon contre Bienne, vendredi dernier. Mardi soir, il n’a pas donné sa pleine mesure. Mais les trois hommes ont tous contribué au retournement d’une situation qui était bien mal embarquée. Tommy Wingels et Lance Bouma ont chacun offert une passe décisive à un coéquipier. Quant à Cody Almond, il a inscrit le but décisif en supériorité numérique.

 

Pour sa dernière saison avec Ge/Servette (il a déjà signé à Lausanne pour la saison 2019-2020), le «Chinois» semble bien décidé à enfin jouer à un niveau qui a fait de lui un international incontestable lorsqu’il est en santé.

 

En le plaçant aux côtés de son duo d’attaquants étrangers, Chris McSorley lui a envoyé un signal fort. Au No 89 de s’en montrer digne. Il devrait alors se régaler en compagnie de Bouma, le déménageur, et de Wingels, l’artiste. Ce dernier a du hockey dans les mains et dans la tête. On a hâte de revoir ces trois gaillards au sein d’une triplette qui a tout pour plaire.