Lausanne fait encore le désespoir des Aigles. Et le malheur de deux attaquants grenat, blessés
Un abîme. Entre les espoirs d’avant-match et les désillusions qui accompagnaient la sirène de fin, un abîme pour les Genevois. Ce n’est pas tout de vouloir prendre la mesure de sa bête noire, Lausanne. Ce n’est rien de ravaler son orgueil une fois la rencontre perdue. Mais quand on perd plus qu’un match, quand au tourment de la défaite s’ajoute la douleur personnelle de deux joueurs clés qui sont blessés, comment faire…?
De la douleur, il y en avait beaucoup sur le visage de Cody Almond. Et après quatre petites minutes de jeu, le coup était déjà rude dans tous les sens du terme. Ecrasé contre la bande, l’attaquant est d’abord resté groggy, avant de quitter la glace en se tenant l’épaule. Déjà touché durant la préparation, le Canado-Suisse pourrait souffrir d’une luxation de l’épaule et son absence pourrait se mesurer en mois! Double peine pour des Aigles qui passeront plusieurs minutes à avaler la pilule.
Ils le paieront cher d’ailleurs, par un but, au moment même où les remaniements de lignes multipliés par McSorley se calmaient. Trop tard, Gobbi en avait profité pour prendre une position de tir trop facilement, le péché mignon des Grenat quand l’attaque adverse ressort les pucks. Gobbi donc avait tiré et dans la foulée d’un rebond heureux, Froidevaux avait servi Danielsson.
Genève-Servette sait depuis deux saisons toute la difficulté de courir après le score face à une équipe comme Lausanne. Il pressentait déjà, dès la 11e minute de jeu, que la suite serait compliquée, comme d’habitude, comme si cette vilaine fatalité, face aux Vaudois, devait immanquablement lui coller aux patins.
Oh, bien sûr, il y a eu ce baroud d’honneur, ces quelques sursauts d’orgueil. Il y eut même cette égalisation, après un rush de Fransson conclu par un Romy en regain de forme. Mais là encore, au moment même où ils voulaient rêver, un deuxième coup du sort allait frapper les Aigles. Et plus précisément Noah Rod.
Rod touché à l’avant-bras
Le prometteur attaquant, comme Almond avant lui, quittait pareillement la glace, direction l’hôpital, touché à l’avant-bras (29e) après avoir reçu un puck. Chris McSorley redoutait le pire, une fracture: «Noah est un dur au mal, soufflait-il. S’il sort comme cela, c’est que cela peut être très sérieux.» Ge/Servette était bien revenu à 1-1, mais en était quitte pour revoir à nouveau ses lignes.
Comme la première fois, les Lausannois en profiteront. Avec Hytönen, puis une vieille connaissance, Savary, pour les No 2 et 3. Clap de fin: accroché à leur avantage, les Vaudois avaient beau jeu de contenir les vagues assauts grenat, désordonnés comme leurs rangs. Et même si Johan Fransson jouait le dernier tiers-temps en attaque, avec la première ligne, rien ne devait changer. Terrible sentiment d’impuissance, qui pourrait presque faire songer que Chris McSorley ne sait pas comment s’y prendre pour aborder le cas vaudois, au moins en début de saison. Ou alors peut-être qu’Heinz Ehlers, lui, s’y entend pour faire déjouer les hommes de son vis-à-vis…
«C’est toujours le plan de Lausanne de faire perdre le rythme à l’adversaire, pestait McSorley. Alors quand en plus tu perds deux de tes meilleurs attaquants, tout se complique.» C’est vrai. Mais il est au moins aussi vrai que Lausanne avait plus faim de pucks dans ce premier derby de la saison. Et que certaines erreurs défensives genevoises ont considérablement aidé les Vaudois au moment de forcer la décision. «On s’est tiré une balle dans le pied, avec ces erreurs, oui!» assénait McSorley.
Des solutions à trouver
L’entraîneur en est quitte pour chercher des solutions. Afin que Genève-Servette, s’il est confronté aux mêmes problèmes, sache quoi faire à l’avenir pour ne pas perdre ses repères et son rythme.
Mais le manager des Vernets devra peut-être aussi prendre une décision en fonction de la gravité des blessures d’Almond et de Rod. On parle là de recruter un ou deux joueurs. Funeste soirée pour Genève-Servette…
A part Romy, ils ont tous buté sur Cristobal Huet… (par Virgulator)
A chaque fois ou presque que Sherkan manque son envol, Genève Servette bat de l’aile. Comme diraient les fans du GSHC, c’est franchement nul! Reste qu’à l’instar du dernier Winter classic, il y a deux ans, le pygargue à tête blanche des Aigles avait raté son entrée dans la patinoire et Paul Savary (qui n’avait jamais marqué avec un autre maillot que celui grenat aux Vernets) a quitté, avec ses potes du LHC, Genève avec le sourire carnassier d’un rapace…
Parce que dans la cage des Lions, il y avait ce diable de Huet. «Si tu veux battre Lausanne, il n’y a pas de miracle, peste Goran Bezina. Tu dois battre Cristo. On ne l’a pas assez approché dans sa zone pour se montrer dangereux.»
Une fois n’est pas coutume, le portier français de Malley de 40 ans a sorti le grand jeu contre les Grenat. «Comme le vin, plus il devient vieux, meilleur il est», lâche l’ancien gardien Gianluca Mona. Matthew Lombardi lui a tourné autour, il lui a tiré dessus (8e), mais il a encore échoué. Comme tous ces Grenat qui se compliquent à chaque fois la vie devant les Vaudois, il s’agissait hier de la septième défaite du GSHC sur douze confrontations (y compris la Coupe). «Je ne crois pas que les Servettiens font un complexe Huet, les Genevois ont déjà gagné des matches contre nous, sourit le goalie du LHC. Seulement aujourd’hui nous devions absolument gagner pour ne pas tomber dans un trou. Ils nous ont posé des problèmes en power play et cela s’est joué à peu de chose. De marquer en premier et de réagir juste après l’égalisation nous a fait du bien au moral…»
Kevin Romy aura été finalement le seul à tromper «Cristowall». «Le premier but nous a sciés les jambes», regrettait le No 88 des Aigles, qui cette fois-ci s’attaquera ce soir à Zoug à un certain Tobias Stephan…