27 janvier 2016

Un cadeau des visiteurs et un sauvetage de son gardien ont permis aux Aigles d’empocher trois points très précieux

 

S’il fallait un symbole pour illustrer une soirée compliquée, ce serait sans doute cette action assez invraisemblable qui a fait frémir les Vernets. Alors qu’il ne reste que six secondes à jouer, Ge/Servette mène 4-3. Un résultat assez flatteur tant les Aviateurs ont pris un malin plaisir à pourrir la soirée de Chris McSorley et de ses joueurs. L’engagement, le dernier du match, a lieu en zone de défense des Zurichois. Ce n’est donc qu’une formalité que doivent remplir les Aigles pour cueillir trois points aussi heureux qu’importants.

 

Un engagement, donc. Gagné ou perdu, peu importe. Il suffit de geler la rondelle et de contrôler les cinq joueurs de champ adverses pour valider la victoire. C’est alors que Kloten profite d’un relâchement coupable des Aigles présents sur la glace et que l’on ne nommera pas. Non par charité mais parce que le hockey est un sport d’équipe où l’on gagne et l’on perd tous ensemble. C’est Chris McSorley qui s’est chargé de rappeler à leurs devoirs les fautifs. Ceux qui se sont regardés. Ceux qui n’ont pas vu Denis Hollenstein plonger dans l’axe pour s’en aller défier Robert Mayer.

 

Le mal aimé des Vernets

 

C’est lui, le No 91 des banlieusards zurichois, qui a hérité de ce puck d’égalisation assez improbable. Pour ne pas dire inacceptable. C’est lui, le mal aimé des Vernets. Lui, qui avait quitté Genève après seulement une année, alors que son contrat était valable pour trois saisons, pour retourner dans son club formateur pour patiner sous les ordres de son papa. Ce départ, acté très tôt dans la saison 2013-2014, avait eu le don d’irriter le public. Ce n’est pas tant le fait qu’un fils veuille une fois dans sa carrière faire étalage de sa classe sous les yeux de son père qui avait agacé. C’était plutôt l’aplomb avec lequel il ne cessait de clamer haut et fort que non, il n’avait pas l’intention de quitter Genève.

 

Cette attitude avait valu à l’international suisse le sobriquet de Pinocchio. Hier soir, alors qu’il ne restait plus que deux secondes à jouer, c’est un peu comme si la marionnette en bois s’était encoublée dans son long nez au moment de conclure. Une égalisation signée Denis Hollenstein aurait sans doute été encore bien difficile à digérer. Quand bien même, personne n’aurait pu crier au scandale. Il faut croire que c’est écrit quelque part. Kloten est une équipe qui ne convient pas à Genève.

 

Les années passent et le scénario lasse. Il laisse si souvent les Grenat sans voix. Ces Aviateurs constituent une équation à plusieurs inconnues. Souvent insoluble, toujours complexe. On imaginait que cette saison, les Aigles sauraient imposer leur loi, chez eux. Tout, les hommes de Chris McSorley avaient tout pour passer une sacrée soirée. Lorsque l’on mène 2-0 après huit minutes de jeu, lorsque l’adversaire, revenu à 3-3, offre à la 58e minute la victoire sur une invraisemblable erreur de relance (passe subtile de Pedretti pour Tom Pyatt), comment imaginer qu’à deux secondes du gong, il faudrait un miracle de Robert Mayer pour sauver la fa(r)ce.

 

Paiement cash

 

«On a eu de la chance, admettait Chris McSorley, le visage encore empourpré par la colère. Nous aurions dû être plus intelligents et plus malins sur la glace. Une fois de plus, Sean Simpson avait bien préparé son équipe. Kloten a su jouer vite pour nous gêner. Et une nouvelle fois, nous pouvons dire que Robert Mayer nous a sauvés.» Ces trois points heureux permettent donc à Ge/Servette de rester dans la course au podium. Car les Aigles ne cachent plus leurs ambitions.

 

Assez heureux tant contre Ambri, vendredi, qu’hier soir contre Kloten, les Genevois auront sans doute l’intelligence de constater que le moindre relâchement, le moindre excès de confiance, se paie cash. «C’est juste, confie Frédéric Iglesias tout heureux de célébrer son 27e anniversaire avec cette 26e victoire de la saison. C’était un joli cadeau pour moi mais on a eu chaud!»