20 octobre 2014

Battus aux tirs au but à Lugano, les Aigles paient leur manque de discipline et de réalisme

 

Déjà grande la veille au soir face à Kloten, la frustration a enflé encore à Lugano samedi. La frustration, c’est ce sentiment curieux qui mêle colère et déception, qui s’entretient autour des potentialités perceptibles mais pas pleinement exprimées. C’est le lieu de l’ambition giflée, mais aussi celui de l’espoir qui subsiste, le théâtre d’un devenir qui a balbutié. Pour Genève-Servette, c’est aussi une vilaine amertume qui laisse songeur: les Grenat pourraient compter cinq points de plus au classement que cela aurait été dans l’ordre des choses, après les matches face à Kloten et Lugano. Ils en sont quittes avec une unité qui nourrit justement ce sentiment étrange.

 

Chris McSorley le résumait à sa manière, samedi soir, après une séance de tirs au but qui a privé les siens d’un succès qui se dessinait. «C’est fou comme j’aime cette équipe! s’exclamait le patron du groupe. Il y a tout pour bien faire, tout. Je ne sais pas si je deviens sénile en disant cela, mais j’aime cette équipe, oui. Tout le potentiel pour faire quelque chose de grand existe. Mais…»

 

Il y a forcément un «mais». De taille pour qui veut exprimer tout son potentiel. Comme contre Kloten, ce Genève-Servette qui pouvait forcer le trait pour s’imposer à Lugano s’est tiré une balle dans le pied en fin de partie. L’affaire concerne deux domaines dans lesquels les Genevois ne pourront faire l’économie de l’autocritique: la discipline et le réalisme.

 

Discipline d’abord: à la Resega, c’est une pénalité de trop concédée par Truttmann qui a précipité le retour d’un Lugano, à cinq petites minutes de la sirène finale. Elle faisait écho à d’autres scories dans la discipline collective (Marti, D’Agostini, Jacquemet punis bêtement). Face au redoutable jeu de puissance des Luganais, le paradoxe a voulu que les Grenat tiennent souvent le coup (quatre fois sur six pénalités). Mais plus assez en cette fin de rencontre, avec l’épilogue frustrant que l’on sait désormais aux tirs au but.

 

Le réalisme ensuite: allant crescendo sur la glace tessinoise, les Aigles se sont ménagé bien des opportunités de faire la différence, de marquer. Ils auraient même pu passer encore l’épaule à trois minutes de la fin, après l’égalisation luganaise, quand Rod a eu le puck de la victoire au bout de la crosse. Une frustration de plus…

 

D’Agostini de retour

 

Pour qui veut avancer, une réalité chasse l’autre. Dépasser cet état d’insatisfaction, c’est se pencher sur le positif de ce Genève-Servette qui piétine avec 21 points, deux points derrière Lausanne. C’est par exemple évoquer le retour en grâce de Matt D’Agostini, muet depuis le… 12 septembre. Surnuméraire lors des trois derniers matches avant le voyage au Tessin, il est au bénéfice d’un but et d’un assist (ainsi que d’un penalty inscrit). «Retrouver la glace, c’est bien, soufflait-il. Il y a de la concurrence dans ce groupe, c’est bon pour l’équipe, même si ce n’est pas facile à vivre pour moi. J’espère montrer au coach, dans le futur, ce que je peux apporter. Je me sens de mieux en mieux dans cette ligue exigeante.»

 

Le positif d’un samedi soir amer, c’est aussi la prestation de Robert Mayer. S’il y a alternance et concurrence aussi dans la cage servettienne, le talentueux Mayer a fait la démonstration d’un talent précieux pour le futur, la preuve que lui aussi prend ses repères. Genève-Servette en aura besoin.

 

Avec ou sans Lombardi?

 

Enfin, le positif, ce sont ces occasions qui ont existé face à Lugano, ce succès qui affleurait. Et à ce niveau, l’arrivée de Matthew Lombardi cristallise toutes les espérances d’efficacité retrouvée. Pas prêt samedi soir, sera-t-il sur la glace des Vernets demain, pour la venue de Fribourg-Gottéron? «C’est du 50/50, glisse McSorley. On verra où il en est le jour du match.» Les Grenat ne doivent pas se leurrer: le seul Lombardi ne suffira pas, il faudra lui faire de la place, comme la saison passée, ce sera d’ailleurs le rôle de ses «nouveaux» coéquipiers. Il faudra également vivre avec cette concurrence interne, qui verra deux étrangers systématiquement surnuméraires. Tout un programme.