Les Genevois ont enfin trouvé le moyen de battre Huet et ce Lausanne HC pour décoller. A confirmer ce soir à Lugano
Après un premier tiers crispé, crispant, on se demandait bien comment les Genevois allaient bien pouvoir s’en sortir? «Ça sent mauvais, rien de bon pour la suite, je crains le pire», pestait ce vieil habitué, conscient que l’antre de l’Aigle ne fait plus vraiment peur à personne.
Tout le monde le sait, la patinoire des Vernets a besoin d’un gros lifting ou d’une nouvelle enceinte. C’est une exigence de la Ligue, une urgence pour le club. Les dirigeants font d’ailleurs le forcing pour convaincre les politiciens d’accepter le projet au Trèfle-Blanc. Or pour l’heure, rien ne bouge. Aux Acacias, les Grenat sont contraints de «faire avec».
Depuis le début de la saison, les Genevois connaissaient des petits problèmes d’intérieur. Jusqu’à hier soir, les hommes de McSorley, meilleurs à l’extérieur (14 matches, 21 points), n’avaient récolté que 20 unités en quatorze parties à la maison, une misère. Les Lausannois, qui s’étaient imposés deux fois ici même, pensaient donc bien en profiter…
Avec des attaquants en grève, qui ne marquent plus depuis douze matches, Lausanne HC était en crise. De retour au jeu, Juha-Pekka Hytönen, qui avait tant manqué à Lausanne, devait être le sauveur des Vaudois, qui restaient sur une seule victoire en dix rencontres. De l’autre côté de la Versoix, on y croyait dur comme fier…
McSorley enfin souriant
«Mais on a enfin trouvé le moyen de haïr ce Lausanne HC!» Devant son bureau, Chris McSorley, si souvent déçu après les premiers derbys de la saison, face au Lausanne HC, était finalement hilare. Derrière lui, dans les vestiaires, on est également soulagé.
C’est finalement un pigiste de 22 ans venu de Davos, encore inconnu au bataillon il y a une semaine, qui a volé la vedette à Hytönen et aux Lions. Janick Schwendener a fait leur malheur. Auteur de son deuxième blanchissage d’affilée, le jeune gardien remplaçant d’Arno Del Curto a une fois de plus été héroïque, faisant aussi bien qu’à Zoug quatre jours plus tôt.
«Je suis sur un nuage»
«C’est un rêve qui devient réalité, je vis depuis quelques jours sur un nuage, s’emballe ce Grison aussi à l’aise que sur son tracteur. Je n’aurais jamais imaginé réussir ces performances, je suis vraiment au septième ciel.» Ses coéquipiers l’ont chaleureusement félicité. Genève-Servette peut lui dresser une statue…
Le but pour les Grenat hier soir était simple: marquer le plus vite possible pour s’éviter les pires tourments face à un visiteur qui avait fait de sa défense sa lame fatale, sa seule arme. Les Lausannois, qui restaient sur deux succès en championnat aux Vernets, ont tout d’abord reculé avant de sauter et d’exploser.
De la patience
Mais il a fallu tout d’abord tirer un grand rideau de fer blanc pour se frayer un passage. Et beaucoup de patience avant de faire le ménage et la différence. Une fois derrière, il restait encore un mur en béton armé difficile à casser. Avant de construire leur précieux succès, les Servettiens ont dû s’attaquer à «Cristo Wall», à un Cristobal Huet qui ne s’était encore jamais effrité devant les Genevois. De retour aux affaires depuis le week-end dernier, le goalie français de Malley a longtemps résisté avant de craquer devant un gamin de 18 ans, ancien junior du Lausanne HC, qui aura attendu ce moment-là pour marquer son premier but de la saison. Noah Rod n’a pas manqué l’aubaine (lire l’encadré ).
Les Aigles évoluaient alors en power play et cela devient progressivement une de leurs grandes qualités pour avancer. Avec un Kevin Romy à la baguette et les frères Pyatt et D’Agostini, ça déménage. En attendant Matt Lombardi, Cody Almond et leurs deux portiers, les Aigles, qui restent sur sept succès en neuf sorties, ont semble-t-il enfin décollé. Ils s’envolent aujourd’hui pour Lugano pour confirmer ce nouvel élan.
Le but de Noah Rod se faisait désirer. Il tombe à pic
Il l’attendait avec impatience, ce premier but de la saison en championnat. Il faut dire que le hasard fait bien les choses. Noah Rod, qui a fait ses classes en junior du côté de Lausanne, a en effet donné l’avantage aux Aigles dans le deuxième tiers. «C’est un grand soulagement d’avoir ouvert mon compteur buts, lâchait-il. D’autant plus face à mon ancien club. C’est la magie du hasard.» Heureux d’avoir enfin trouvé le chemin des filets, le jeune attaquant de 18 ans était sur un nuage, hier, après la rencontre. Et l’attaquant de Ge/Servette a bien choisi son moment. Il était en effet supervisé par un membre des San José Sharks. Cet été, la franchise californienne de NHL avait drafté le jeune homme de 18 ans lors du deuxième tour. Après sa performance, Noah Rod s’est d’ailleurs entretenu avec le superviseur américain dans le bureau de Chris McSorley. Malgré son but, synonyme de victoire, le joueur grenat tenait toutefois à calmer les ardeurs. «C’est bien de marquer, mais je tiens quand même à rappeler que ce n’est pas le job principal que m’a confié Chris. Je suis en plein apprentissage et je dois travailler tous les aspects du jeu, que ce soit en mode offensif ou défensif. Il faut que je continue à emmagasiner de l’expérience. Et surtout ne pas commettre d’erreurs bêtes. C’est mon objectif principal.»
Du côté de Lausanne, on en avait gros sur la patate après cette énième défaite. A l’image de Caryl Neuenschwander: «On ne peut plus continuer ainsi. Nous sommes dans une impasse. Ce n’est en rien la faute du coach. C’est à nous, aux joueurs, de se remobiliser et d’aller chercher des points. Nous sommes dans une situation extrêmement difficile et il nous faut maintenant réagir au plus vite.»