Les Aigles gagnent dans la douleur contre Langnau et repassent au-dessus de la barre. C’est bon pour le moral
Il y a des victoires qui comptent plus que d’autres. Seul le temps dira dans quelle catégorie le succès acquis très difficilement contre Langnau sera à classer. Ces trois points qui permettent à Ge/Servette de sauter au-dessus de la barre auront-ils été ceux d’un véritable renouveau? Ou alors ne seront-ils restés qu’un simple pet dans l’eau tiède d’une saison trouble? Malgré la victoire, essentielle, il y a fort à parier que peu de monde a été emballé par le spectacle…
Que peut-on vraiment espérer quand deux étrangers (Gerbe et Slater) trouvent le moyen de ne pas marquer alors qu’ils affrontent le gardien sans aucune opposition? Que peut-on envisager de positif quand les secondes passées en supériorité numérique s’égrènent sans que le moindre frisson ne caresse l’échine de l’adversaire? Pas grand-chose… Ou alors si peu.
La détermination de Rod
Un tout petit rien, c’est déjà quelque chose, disait le génie Raymond Devos. C’est sans doute ce que doit marteler Chris McSorley à ses joueurs pour qu’ils ne baissent pas la tête avant l’heure. Le doute s’est installé dans le vestiaire des Aigles. Il ronge sournoisement le talent et fait germer la médiocrité dans les situations spéciales. Il ne suffira pas d’un coup de baguette – ou de patin – magique pour inverser la tendance. «La victoire, il n’y a rien de tel pour engranger de la confiance», dit Noah Rod. Une fois encore le jeune attaquant des Aigles a affiché une détermination sans faille. Du haut de ses vingt ans, seulement – on a tendance à l’oublier – il montre la voie à suivre. Sur la glace et en dehors. Peu de mots. Mais des mots justes. «A cinq contre cinq, peu d’équipes nous sont supérieures», affirme-t-il sans forfanterie. Le bilan de ces dernières semaines, s’il est négatif, ne dit pas tout du potentiel de ces Aigles.
Avant ce premier «match de la peur» de la semaine, en attendant Fribourg vendredi et Ambri samedi, Genève restait sur une série très négative sur le plan comptable. Avec seulement 3 victoires sur les seize dernières journées, il y avait même de quoi devenir «fou». «Mais à vrai dire, à part une grosse claque reçue contre Davos, nous n’avions jamais été déclassés», poursuit le No 96 des Grenat.
Minés par les blessures de pions essentiels (Romy, puis Almond), les Genevois n’ont jamais démissionné. Et c’est sans doute ce seul constat qui permet aux plus optimistes d’envisager une saison qui ne se terminerait pas en queue de poisson. «Depuis le début de la saison, je ne cesse de répéter que je crois en ce groupe, en ce club, reprend Noah Rod. Ce n’est pas pour rien que j’ai prolongé mon contrat ici pour une longue durée. Alors oui, cette victoire est une pierre importante. Elle fait un bien fou. A nous joueurs, bien sûr. Mais aussi à tout le staff et au public.»
Un éclair de Kast
Canette de bière à la main, un homme savoure aussi ces trois points qui font du bien. «Le travail de l’équipe a été récompensé, dit Chris McSorley qui affiche un calme à toute épreuve dans la tempête. Rien n’a été simple ce soir mais nous avons eu la force de ne pas renoncer. Sans nos deux meilleurs joueurs de centre, il n’est pas simple de créer du jeu. Mais malgré tout, les gars ont su rester positifs.»
Cette énergie, pas encore du désespoir, Ge/Servette en a usé jusqu’à plus soif contre son plus proche poursuivant. Des Langnau Tigers à la mode Heinz Ehlers qui ont longtemps érigé un mur devant Damiano Ciaccio. L’ancien coach du LHC n’a pas son pareil pour pourrir la vie de ses adversaires.
Pendant plus de cinquante minutes, le dispositif a tenu. Avec son système défensif hermétique, Langnau a fait déjouer les Aigles. Passes approximatives. Tirs ratés, choix erronés. Ce match capital en vue d’une participation aux play-off a longtemps été indigeste. Un éclair de Tim Kast conclu par Nick Spaling (deux buts pour son retour au jeu) a permis d’éviter la catastrophe. C’est déjà ça et c’est beaucoup.