Les Aigles ont craqué nerveusement en répondant aux provocations et se sont pris une gifle magistrale
Bienvenue chez les grands. La fessée a ceci de pratique qu’elle est douloureuse mais qu’elle ne dure pas longtemps. 5-0, paf dans les dents. Ge/Servette a pris le Lugano express dans la figure. Il faudra mettre son orgueil de côté pour se remettre très vite sur les bons rails. «Si on ne hausse pas le niveau de notre jeu, la série sera courte», avait prévenu Chris McSorley. Il avait raison…
Ge/Servette est tombé dans le piège tendu par les Tessinois, provocateurs en diable, et diablement efficaces pour tout dire. Un homme a symbolisé à l’extrême cet état d’esprit détestable mais qu’il faudra bien pouvoir maîtriser pour aller de l’avant. Sourire «Pepsodent», regard perçant, Maxime Lapierre n’a même pas attendu le coup d’envoi pour se mettre en évidence. On le disait provocateur à l’extrême. Il n’a pas déçu. A force de petits coups par-derrière, de grands coups par-devant, de sourires narquois, il en deviendrait presque inquiétant. Ce garçon est-il dans son état normal lorsqu’il enfile son casque de hockeyeur? Comment fait-il depuis toutes ces années pour avoir le visage encore lisse?
Lapierre ce poison!
Avant même le coup d’envoi, l’homme qui se marre tout le temps a allumé Eliot Antonietti. Complètement à côté de leurs patins, les Aigles concédaient l’ouverture du score après moins d’une minute de jeu! Une relance suicidaire dans l’axe, un cafouillage: ce qui ne prêtait pas forcément à conséquence contre Fribourg, se paie cash lorsque ce sont les artistes scandinaves qui sont à la baguette.
Pendant cette troisième série consécutive entre Aigles et Panthères, Ge/Servette ne pourra pas compter que sur ses muscles pour faire la différence. Du côté des Tessinois, on bombait le torse avec justesse en affirmant qu’il y avait du répondant cette saison. Les vingt premières minutes ont ressemblé à un véritable combat physique avec des charges souvent à la limite. Déjà cueillis à froid, les Aigles ont ensuite été pris de vitesse sur un contre éclair mené par Damien Brunner et conclu proprement par Tony Martensson (15e). K.-O. debout, Ge/Servette dans la foulée a perdu Jim Slater. L’Américain a été jugé coupable d’une charge incorrecte (coup de coude) à l’encontre de Julien Vauclair et renvoyé au vestiaire, Slater sera-t-il sanctionné par le PSO Stéphane Auger? Cette action pourrait bien demeurer un fait mineur de la série si les Aigles ne se ressaisissent pas dès demain à Lugano. Ils l’avaient dit, tous. Ils l’avaient répété, en chœur. «Nous ne céderons pas aux provocations.» Rigueur, sobriété, c’était le mot d’ordre. Tout a volé en éclats en vingt minutes… Il y a pourtant eu une jolie réaction dans le tiers médian. Pendant 19 minutes et 59 secondes, les Genevois ont dansé dans la zone défensive de Lugano: 19 tirs à 6. Des supériorités numériques galvaudée (1’08 à 4 contre 3) et des montagnes ratées (Fransson, Romy). Et puis cette dernière seconde qui fait mal. Klasen qui file seul et mystifie du revers un Robert Mayer pas vraiment dans son assiette, lui non plus.
Mayer se loupe
A tel point que c’est lui qui a offert le 4-0 à Julian Walker en se loupant sur une relance. Il le savait, le portier des Aigles, avec son jeu à risque mais qui fait tellement de bien à sa défense quand ça tourne rond, que ça pouvait arriver. Personne ne songera donc à lui jeter la pierre. «J’ai progressé cette année et j’ai la capacité de rebondir». On le croit sur parole. Et il le faudra pour corriger le tir.
Ainsi vont les play-off, qu’il faut avoir cette capacité de résilience. «C’est dans ces moments qu’on fait la différence entre les petits garçons et les hommes», aime à rappeler Chris McSorley. Une façon de souligner que l’école est finie. Les play-off ont commencé…
Ce Ge/Servette est entré par la porte de sortie! (par Virgulator)
On a joué des coudes hier soir dans une patinoire bien garnie. Sur la glace il y a eu beaucoup de coups. Les play-off ont vraiment commencé. «Ce soir on va bouffer du risotto!» Avant la partie, à l’image de Sylvie, fan du GSHC depuis des années, on voulait y croire, il y avait de l’espoir devant les Vernets. Un peu trop. «C’est notre année», renchérissait un peu plus loin Maryllou, compagne de Michel, supporter des Aigles depuis plus de cinquante ans. «Ce sera 3 à 2 pour nous», se persuadaient d’ailleurs, comme Denis et Adrien, de manière péremptoire Pierre, de Genève. Mais voilà, des paroles aux actes…
Il y a eu, très vite, un puck perdu et des illusions qui se sont envolées. Ce Ge/Servette est entré, hier soir, par la porte de sortie!
Les Genevois avaient l’avantage de la glace, ils ne l’ont plus. Ils ne devaient surtout pas commettre de telles erreurs devant cette armada offensive, là aussi, ils ont eu tout faux, sur toutes les lignes.
Daniel «Batman» Rubin, qui a eu le courage de jouer après son opération à la pommette, a été le premier à éternuer devant la cage de Robert Mayer. Et c’est, du coup, toute son équipe qui a eu le masque. Après ce gros coup de froid d’emblée (57 secondes!) et la grosse sortie de Merzlikins (8e) dans les patins de D’Agostini, il s’en est passé des choses sur la glace, sauf des buts des Grenat. Parce que ce gardien letton était en état de grâce. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Dans un match un peu flou, malgré l’absence de Fredrik Pettersson, il y avait du talent du côté de Lugano qui a payé les erreurs cash aux Genevois. Avec, en plus, une pénalité de match pour Jim Slater (17e) – un coup de coude à la tête – et un Robert Mayer qui a jeté l’éponge après avoir raté sa sortie (50e) c’est plutôt mal parti. «Pour moi, il y aura 4 à 1 pour Lugano dans cette série» avait prédit Olivier Carrard, président de la Fédération suisse d’escrime avant la rencontre. Ce n’était pas un coup d’épée dans l’eau. Cet aigle-là est un oiseau de mauvais augure…