Face à Helsinki, deuxième de KHL, les Genevois se sont qualifiés pour les demi-finales. Ils joueront demain
Et si Genève-Servette, qui y tient dur comme fier, conservait son trophée? La Coupe Spengler est décidément magique pour les Genevois, invaincus dans cette compétition depuis 2010 (deux défaites contre Saint-Pétersbourg), soit lors de leur première participation où ils avaient été éliminés en demi-finale par les Russes de Yashin.
Avec ce sentiment de sérénité sur la glace (le coach McSorley s’est même permis l’audace de sortir son gardien alors que le score n’était que de 1-1 à la 38e pour évoluer à 6 contre 3!), tout est possible. L’Aigle, qui demeure sur six succès d’affilée dans ce tournoi, se plaît à voler en altitude tout en continuant d’accrocher des étoiles. Dans l’espoir de décrocher la lune le 31 décembre, le voilà en demi-finale, agendée demain à 20 h 15.
Après un succès quelque peu chanceux vendredi face aux Russes de Salavat Ufa (3-2), cette fois-ci, contre Jokerit Helsinki, deuxième de KHL, il était important pour les Genevois de marquer rapidement. Prendre les devants et marquer le territoire: c’est ce qu’a réussi Romy, bien servi par Lombardi, après sept minutes. Le départ idéal avec un nouveau but inscrit en power play, un de plus, le troisième de suite: les Grenat, qui en ont marqué encore un troisième avec un homme de plus sur le tard, sont devenus insatiables dans les situations spéciales…
Jacquemet en confiance
Inlassable travailleur, Arnaud Jacquemet, qui a obtenu cette première pénalité décisive, se plaît dans son nouveau rôle. «Avec la blessure de D’Agostini, j’évolue même en supériorité numérique, ce qui me donne du rythme et me met en totale confiance, explique le Sierrois, qui en bon Valaisan, a fait de toutes les Coupes, un objectif. On a montré lors des vingt premières minutes que si on patinait ainsi, on pouvait défier n’importe quelle équipe, poursuit-il. Quand les Finlandais sont revenus au deuxième tiers, on a réussi à tenir grâce à notre défense et notre gardien, avant de marquer deux fois. On a tout donné pour gagner…»
A la 33e, Timothy Kast a trouvé le poteau de la cage adversaire et a écopé d’une pénalité pour un geste de frustration, lui qui est passé à deux doigts de donner deux longueurs d’avance à ses coéquipiers. Helsinki a alors égalisé dans la foulée. Heureusement pour le GSHC, le portier Janick Schwendener a sorti le grand jeu. Avec ce colosse en état de grâce, les Genevois ont été bénis des dieux, notamment à la 18e et à la 24e. Mais surtout le jeune portier prêté par Arno Del Curto a prouvé une fois de plus qu’il avait le niveau pour devenir un jour un bon No 1 en LNA.
Outre les passes caviar de Bouillon (quel service à Romy à la 20e), le petit lutin Pestoni a également étalé toute sa classe sur la glace. C’est lui, en bon petit filou, qui a permis aux Genevois d’éviter de relancer les Scandinaves. En profitant d’une erreur au meilleur moment, il a coupé les jambes de Jokerit…
Pestoni se plaît avec Genève
«Oui mais avec des gars comme Lombardi et Almond à mes côtés, c’est beaucoup plus facile de marquer, remarque le Tessinois d’Ambri, déjà victorieux de cette Coupe Spengler la saison dernière avec ces Servettiens qu’il apprécie de plus en plus. Je remercie Ambri et Ge/Servette de me donner cette opportunité. J’espère que la fin sera aussi belle. Mais mieux que rêver, on doit continuer de jouer ainsi. Et là, on peut battre tout le monde!»
Et si le brillant Pestoni, auteur de deux buts avec l’équipe de Suisse avant de rejoindre Davos, décidait de quitter un jour Ambri pour les Vernets? «Je vais encore jouer un an à la Valascia, après on verra…» se marre le petit malin. En attendant, celui qui a été blessé durant deux mois cette saison, profite de retrouver ses sensations à Davos devant son entraîneur, Serge Pelletier, adjoint du Team Canada. «Il est encore loin de sa meilleure forme, mais il progresse bien», lâche le Québécois. Pestoni, qui a une Coupe Spengler sur le feu, est prêt, comme l’an passé, à brûler la politesse à son coach!
L’Aigle plane sur la glace et «Sherkan» chante!
Alors que l’Aigle servettien s’envole sur la glace davosienne, Sherkan s’éclate aussi dans les Grisons. Comme ce fut déjà le cas lors des deux premières éditions des Grenat, la mascotte des Vernets a fait le déplacement dans une fourgonnette. A Davos, le pygargue à tête blanche, âgé de 16 ans, loge dans un quatre étoiles, sur un balcon. «Tout le monde veut faire des photos avec lui et c’est une belle image pour le club et pour les aigles, explique le fauconnier Jacques-Olivier Travers. Comme ici le public est très familial, qu’il y a beaucoup d’enfants, c’est un très gros succès.» C’est un triomphe!
Comme à Genève, le rapace amène à chaque match des Aigles le puck avant le coup d’envoi. Le public davosien est une fois de plus comblé, sous le charme.
«Quand Chris McSorley m’avait fait venir en 2001, je pensais que Genève était une ville de hockey et que le club était régulièrement sacré, poursuit le maître de Sherkan . Je lui ai donc dit que je m’engagerai jusqu’au premier titre. J’y ai cru contre Berne en 2010, au 7e match. Maintenant, j’attends la nouvelle patinoire. Mais c’est comme le trophée de champion, cela ne se fera peut-être jamais…»
Comme Sherkan peut vivre jusqu’à 50 ans, il a le temps! D’ici là, il aura peut-être trouvé l’âme sœur. «Je possède neuf pygargues à tête blanche comme lui et on les reproduit, précise le fauconnier. On a eu des bébés, la première fois il y a trois ans, renchérit le citoyen de Sciez, près de Thonon. On a des jeunes mais Sherkan n’a pas de femelle. La saison de reproduction chez les aigles de son espèce c’est l’hiver et on est à la patinoire. Donc, tant qu’on sera au hockey il ne se reproduira pas…»
Sherkan a d’autres plaisirs, il voyage et voit d’autres choses. «A Davos, il se sent comme à la maison. Et il aime ça, le bruit, la lumière, assure Jacques-Olivier Travers. Quand il entre dans un endroit, il chante pour marquer son territoire et on n’a plus d’appréhension. Cela fait maintenant plus de 350 matches, il a l’habitude.»