Le capitaine quitte les Vernets après douze saisons. Arrêt sur hommages pour un joueur qui aura marqué l’histoire moderne du club
Le couloir des Vernets ne sera plus jamais vraiment le même. A force, il en avait fait sa deuxième maison. Douze saisons! Presque une anomalie dans le sport moderne… Douze saisons et pas une de plus. Goran Bezina est sur le départ. La nouvelle était dans l’air depuis la fin de la saison, elle a été confirmée hier matin, comme nous le révélions en primeur sur notre site tdg.ch. Arrivé en fin de contrat, le capitaine des Aigles va s’envoler sous d’autres cieux.
Il ne passera plus de ce vestiaire qu’il tenait avec cette autorité naturelle qui le caractérisait à cette minuscule salle de physiothérapie située juste en face. C’est là, dans ce sanctuaire, qu’il venait si souvent soulager ce corps meurtri par les sacrifices et libérer parfois un esprit contrarié par les affres du professionnalisme. On se souviendra longtemps de cette entrevue de l’automne 2014. Il nous avait reçus alors qu’il soignait encore les séquelles d’une blessure à un genou. Il fallait le voir répondre aux questions avec sa sincérité habituelle entre deux manipulations de Jamal, le physio. Il fallait le voir se tordre de douleur et faire face, malgré tout.
C’était en 2014 et le vieux défenseur avait été «promu» attaquant par son entraîneur. Une hérésie dont il ne se plaindra jamais. «Je vais où on me dit d’aller et je donne tout.» Comme toujours. Il fallait voir dans la démarche de Chris McSorley comme le signal qu’il ne comptait plus vraiment sur son joueur le plus emblématique. Malgré les coups pas toujours francs de ce coach avec lequel il a toujours entretenu des rapports respectueux, le défenseur ne s’est jamais plaint. Il s’est accroché. Il est allé au bout de ses peines et au bout de son contrat. «J’espérais rester, je ne le cache pas, nous avoue le No 57, joint hier. J’avais compris que je n’étais pas dans les papiers du coach en 2014 mais j’espérais que la saison qui vient de s’achever pourrait changer la donne. Visiblement, ce n’est pas le cas. Pour en connaître les raisons, il faudra poser la question à Chris McSorley.»
Le cœur un peu lourd
On sent bien que «Gogo» a le cœur un peu lourd. Il peine encore à réaliser que son aventure au bout du lac arrive effectivement à son terme. «C’est une grosse page de ma vie sportive qui va se tourner, dit-il. Je pars la tête haute. J’ai toujours tout donné de ma personne pour ce club que j’aime. Que dire? (silence). Je n’ai que des bons souvenirs… Et un seul regret: c’est de n’avoir pas soulevé cette coupe de champion avec ce maillot grenat. Cette saison encore, je reste vraiment persuadé que nous en avions les moyens.»
Plusieurs pistes
Goran Bezina ne dit (encore) rien de son avenir immédiat. «J’ai des pistes, souffle-t-il. J’ai encore quelques bonnes années devant moi.» Selon nos informations, il n’est pas impossible que le joueur croato-suisse rejoigne Medvescak Zagreb, club qui évolue en KHL. L’homme a encore de la famille à Split et pourrait être tenté de relever ce challenge sportif corsé. Il pourrait choisir une voie plus sage et rester en Suisse. «Je ferai part de mon choix dans les jours qui viennent», conclut-il.
Joint hier matin, Chris McSorley ne niait pas lorsqu’on l’interrogeait à propos du départ de son capitaine. Officiellement, des pourparlers devaient avoir lieu après la saison pour trouver un terrain d’entente pour un nouveau contrat. En réalité, le staff technique avait décidé de ne pas garder le joueur. Un choix, sportif uniquement, que Goran Bezina admet sans amertume: «C’est le monde du sport professionnel, c’est comme ça. On se quitte en bons termes.»
Son franc-parler manquera dans ce couloir des Vernets. Bon vent capitaine Bezina…