3 novembre 2014

Battu par un Berne réaliste, Ge/Servette s’enfonce mais le capitaine des Grenat estime que la Coupe d’Europe peut leur redonner confiance

 

Au coup de sirène finale, il y n’a pas eu de sifflet dans le public, mais, forcément, de l’amertume et un gros sentiment d’inachevé sur la glace. Déjà battus la veille à Davos, Chris McSorley et ses hommes s’enfoncent encore plus au classement, juste en dessus de la barre. Contre une équipe de Berne aussi forte et réaliste que les Grisons un jour plus tôt (ils restent sur neuf succès de suite), Ge/Servette a subi sa quatrième défaite d’affilée, la dixième en quatorze sorties. Plus dure est la chute pour des Grenat qui ne méritaient pas ce nouveau revers. Mais comme il y a un mois à Berne, le puck a tourné du mauvais côté.

 

«Nous sommes à notre place, on manque trop de talent et jouons de manière totalement anarchique, s’énerve Laurent, fidèle supporter, dans les gradins. On défend mal et les attaquants ne font pas leur job défensif.» Il est parti frustré.

 

Attitude exemplaire, mais…

 

Reste que dans l’attitude, le caractère, le rythme et l’énergie déployée, Tom Pyatt et ses copains ont été exemplaires durant cinquante minutes, prenant à trois reprises l’avantage. Cela aurait pu d’ailleurs déboucher sur un match référence, tant les Servettiens n’avaient plus été aussi convaincants depuis bien longtemps. Mais après un mauvais rebond, des hésitations et des pucks perdus, Robert Mayer et sa défense ont fini par capituler. Mais comme les impôts, les erreurs, on finit toujours par les payer! Il n’aura finalement manqué à Romy, Pyatt, Kast, Simek, Rivera, Loeffel et Picard (il a joué blessé) que la signature au bas du tableau…

 

«Pour les gars, cela doit être difficile, car ils ont travaillé forts et encaissent deux buts malheureux», regrettait Matt Lombardi, dans les loges VIP. Mais on doit garder la tête haute, relevait le Canadien qui pourrait effectuer son retour lors des deux matches de Coupe d’Europe face à Saipa Lappeerranta (demain aux Vernets) ou mardi prochain en Finlande. Le top scorer de la saison passée est attendu comme le Messie. «Mais je ne vais prendre aucun risque», prévient celui qui souffre au bas du dos.

 

Un changement d’air

 

Assis dans le vestiaire, Goran Bezina soupire: «On enchaîne des parties où on donne tout et à la fin on trouve le moyen de commettre des petites erreurs qui nous coûtent des points. Je préférerais qu’on présente un jeu dégueulasse et gagner que le contraire. A chaque fois, on commence très fort mais c’est toujours zéro point et ça commence à peser lourd. On doit arrêter cette saignée.» Comment? Parole au capitaine: «On va utiliser cette semaine européenne pour se regrouper et changer d’air avec cette équipe finlandaise. C’est un autre style que le championnat suisse. On va l’aborder comme la Coupe Spengler. Peut-être que cela va nous faire du bien. On va essayer de se relâcher et tenter des nouvelles choses et pourquoi pas, en jouant avec beaucoup moins de pression, nous redonner confiance. Nous, les joueurs, on est les seuls à pouvoir sortir de cette crise. On va profiter pour faire une petite sortie et discuter différemment que dans cette ambiance de défaites. On sait ce qu’on doit faire pour s’extraire de cette situation. On attend aussi les venues de Taylor Pyatt et de Matt Lombardi. Ils nous feront un bien fou. Revenons à la base…» Partir des profondeurs pour revenir au sommet: cela s’appelle la profusion.

 

Rubin ravi et… frustré

 

Pour lui et Ge/Servette, tout avait pourtant bien commencé. Ce but-là, celui qu’il avait manqué il y a un mois dans la capitale, devait être celui de la rédemption, qui devait relancer Daniel Rubin et les Aigles. Le Bernois en avait tellement rêvé, lui qui courrait après la réussite depuis quatorze rencontres; soit depuis le 20 septembre contre Zoug. Il l’a savouré. Comme une délivrance, un gros soulagement. Cela aurait pu (dû) être, après une petite nuit de sommeil, le réveil. Or si cette réussite obtenue à la 5e lui a «fait du bien au niveau de la confiance», ce deuxième match contre son ancienne formation lui est une nouvelle fois resté «à travers la gorge». A l’image de ses coéquipiers, le No 40 s’est retiré de la glace avec beaucoup de frustration. «On était la meilleure équipe sur la glace c’est vrai, mais à la fin c’est malheureusement à chaque fois la même chose ces derniers temps. C’est à nouveau zéro point, peste l’attaquant de 29 ans. Bien jouer ne suffit pas, il faut trouver le moyen de corriger ça. On ne peut plus continuer ainsi. On commet trop d’erreurs stupides qui se paient cash.» En face, le sang-froid des ours, en confiance et à qui tout réussi, a fait la différence sur la fin.

 

«Ce sont ces détails, ces buts encaissés bêtement sur le tard, que l’on doit corriger», poursuit Daniel Rubin, conscient que son équipe n’est plus très loin de la vérité. «On a presque deux semaines pour trouver des solutions où tout le monde doit travailler dans la même direction. On doit rester tous concentrés 60 minutes, et on va recommencer à gagner, la roue va tourner.» Rubin veut y croire.