22 janvier 2016

L’ancien assistant de Chris McSorley a réussi à ramener ce club atypique de la dernière à la 8e place provisoire. Gare aux Tessinois!

 

N’allez pas lui dire que c’est un sorcier. L’homme est cartésien. Cela ne l’empêche pas d’accomplir des miracles à la bande d’Ambri-Piotta. Hans Kossmann, 53 ans, a toujours eu le triomphe modeste. Chassé comme un malpropre de Fribourg en automne 2014, le Canadien n’avait pas survécu à sa première crise sportive du côté de Saint-Léonard. La versatilité des dirigeants fribourgeois, il a eu bien du mal à l’encaisser, même s’il ne le dira pas publiquement.

 

Il a fait le poing dans sa poche. Il savait qu’un jour, un club lui ferait une nouvelle fois confiance. C’est le 25 octobre que le téléphone a sonné. C’est justement une équipe en pleine crise de confiance qui a poussé les dirigeants à trancher dans le vif. Le message de «coach» Pelletier ne passant – une nouvelle fois – plus, il fallait faire appel à un homme moins «positif» mais diablement plus proactif. «Quand je suis arrivé au Tessin, j’ai trouvé des joueurs un peu abattus mais pas trop, dit Hans Kossmann. Ils étaient déterminés à travailler pour se sortir de la difficulté.»

 

Personne n’a choisi

 

En dix-sept rondes, les Léventins avançaient au rythme maigrichon d’un point par match. Une progression digne d’un candidat au barrage de promotion-relégation. «Il n’y a pas de secret pour redresser la barre, admet leur coach. Quand tu arrives en cours de saison, tu n’as pas choisi ton groupe de joueurs. Et eux n’ont pas choisi de jouer sous mes ordres. Il faut donc resserrer les lignes. Concrètement, j’ai essayé d’imposer une discipline de jeu stricte en demandant aux gars de jouer de façon très compacte.»

 

Trois mois plus tard, la mue est impressionnante. L’état d’esprit a changé, passant du noir au bleu roi qui habille les Léventins à domicile. Le public adhère à ce groupe qui ne lâche jamais rien, ou presque. Menés de deux longueurs après deux tiers, mardi, les Biancoblu sont revenus de nulle part pour arracher un succès en prolongation contre Zoug. Un résultat inespéré qui a plongé un certain CP Berne sous la barre et propulsé Ambri à la 8e place provisoire. «C’est excellent pour le moral, continue Hans Kossmann. Mais la position est fragile. Nous sommes prêts à lutter jusqu’à la dernière seconde du 50e et dernier match de la saison afin d’atteindre les play-off. Pour un petit club qui est habitué à se trouver dans le bas du classement, une place en série est un événement exceptionnel.»

 

Jeter un sort aux Vernets

 

En Léventine, on ne parle pas encore de «miracle Kossmann». Mais on constate avec gourmandise que depuis sa prise de pouvoir, l’ancien assistant de Chris McSorley fait tourner son équipe à 1,63 point par match. En tout début d’année, le club le plus atypique du pays a même connu un petit coup de mou. «Mes joueurs canadiens ont eu de la peine après leur victoire en Coupe Spengler, dit Kossmann. Je pense à Alexandre Giroux mais aussi à Cory Emmerton. Imaginez que ce dernier, qui avait été excellent avant Noël, est devenu papa pour la première fois le 22 décembre. Puis il est allé à Davos pour la Coupe Spengler. Il y avait de quoi être un peu usé. Mais on a vu lors du dernier match qu’il avait à nouveau très bien joué. C’est même lui qui nous a offert la victoire.»

 

Ce soir, Ambri termine un pensum sur la route, les Tessinois ayant enchaîné les déplacements chez les gros bras du championnat. Davos, Lugano, Zoug, Zurich et Genève pour conclure. Jusque-là, ils se sont inclinés quatre fois. «On sait que cela sera très difficile d’inverser la tendance, dit Kossmann. Cette saison, je dirais que Ge/Servette a encore amélioré son système de jeu. Le fore-checking et l’intensité sont impressionnants. On sent que tout est bien en place.»

 

N’allez pas lui dire qu’il aurait bien besoin d’une baguette de sorcier pour jeter un sort et un froid aux Vernets… 

 

McSorley: «Hans réalise un boulot incroyable»

 

Sept ans de vie commune (de 2001 à 2008), ça crée des liens. Une promotion en LNA, une première participation aux demi-finales des play-off, Hans Kossmann a vécu le renouveau du hockey genevois. «C’est sans doute dans cette ville que j’ai gardé le plus d’amis en Suisse, dit-il. J’ai toujours un grand plaisir à retrouver des visages familiers aux Vernets.»

 

Sur l’autre banc, Chris McSorley se méfie de cet adversaire qui lutte avec un courage admirable pour accéder aux play-off. Pour l’immuable coach genevois, le parcours des Léventins est «remarquable». Quelle est donc la méthode Kossmann? «Il est rigoureux et sait mettre en place un système très précis. Chaque joueur connaît sa partition. Il a cette capacité à faire jouer les cinq joueurs en un bloc très difficile à manœuvrer. Hans réalise un boulot incroyable!»

 

Le mérite de Kossmann est d’autant plus grand qu’il a pris le train en marche. Ce n’est jamais simple, non? «J’imagine que ce n’est pas facile, en effet, sourit Chris McSorley. Mais en vingt-cinq ans de carrière, je n’ai jamais été dans cette position. Et je ne pense pas que je le serai un jour.» 

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette accueille Ambri-Piotta ce soir aux Vernets (19 h 45) avant d’aller, samedi, à Zurich pour se frotter au leader.

 

Effectif Mercier, Bays, Traber, Almond, Kast (blessés) seront absents ce week-end.

 

Retour Jim Slater devrait être en mesure de jouer ce soir déjà. «Il est en forme, m’a-t-il dit, confie Chris McSorley. Et c’est déjà une forme de petit miracle. Il faut croire que Jim est fait en acier!» L’Américain avait été sérieusement secoué il y a dix jours à Berne par son coéquipier Matt D’Agostini. Il avait fini sa soirée à l’hôpital. Le voilà donc d’attaque et à nouveau en concurrence avec les quatre autres joueurs étrangers.

 

Surnuméraire Qui de Jim Slater, Johan Fransson, Matt D’Agostini ou Tom Pyatt sera dans les tribunes ce soir? C’est la deuxième fois cette saison, après le dernier match à Berne, que la question se pose à Chris McSorley, pas mécontent d’avoir à trancher. «J’attendrai vendredi matin pour me décider.» Notre pronostic: c’est Tom Pyatt qui restera en costume de ville.