Avant la venue, ce soir, de Davos, le président de Ge/Servette répond aux questions qu’on se pose à propos du club des Vernets
Alors qu’on entend des bruits insistants pas forcément rassurants dans les coulisses de Ge/Servette, Hugh Quennec est-il en train de répéter avec les Aigles les erreurs commises à l’époque avec le Servette FC? Avant la venue de Davos ce soir aux Vernets, c’est un président serein qui nous a reçus dans son bureau. Avec le sourire…
Faut-il craindre le pire?
L’ex-président du SFC, qui n’avait pas pu empêcher une relégation administrative à la Praille, assure que tout va bien au GSHC. «Servette FC, c’était vraiment une situation très compliquée et unique. Je ne veux pas entrer dans les détails, la page est tournée. Mais cela n’a rien à voir avec Ge/Servette. Notre but est de faire grandir ce club sur des fondations extrêmement solides afin de ne pas être uniquement dépendant des résultats sportifs. On veut gagner des titres, remplir les Vernets et construire une nouvelle patinoire. Je ne vous garantis pas qu’on jouera une finale dès cette année mais nous sommes en train de poser les fondamentaux pour y parvenir et rester au sommet durablement.»
McSorley est-il en danger?
Le président des Vernets sourit. «Non, pas du tout. Je me souviens qu’à mon arrivée, en 2005, la presse avait été dure avec McSorley. Après avoir échoué d’un point pour les play-off, les fans et les partenaires estimaient qu’il était trop exigeant avec les joueurs, que tout le monde connaissait son système et qu’il avait fait son temps. Même dans ces moments difficiles, j’ai toujours soutenu Chris. C’est toujours le cas aujourd’hui. Malgré un début de saison difficile, je n’ai jamais été inquiet de la situation au classement. La chance n’était pas avec nous et nous avons beaucoup de blessés.» Et le pub qui porte le nom du coach va-t-il être rebaptisé? «J’en ai entendu parler. Mais ce n’est pas d’actualité aujourd’hui…»
Pourquoi l’intronisation des dirigeants canadiens?
«Nous voulons franchir un nouveau palier pour Ge/Servette. Dans de nombreux domaines. On veut d’abord gagner des titres. On a été plusieurs fois très proches ces dernières années, mais il nous a manqué ce petit plus qui fait la différence. Avec Lorne Henning nous avons un expert qui a remporté quatre Coupe Stanley, une fois comme joueur et à trois reprises en tant qu’entraîneur. Il sait gérer ces petits détails qui font la différence dans les moments clés. Mike Gillis aussi possède beaucoup d’expérience pour appuyer Chris dans son job. Quant à Peter Gall et son fils Michael, ils sont les représentants des investisseurs qui veulent construire cette nouvelle patinoire à Genève. Ils n’apportent pas seulement des moyens, ils ont aussi une compétence dans la construction de patinoires. Lorne Henning a aussi connu la défaite avant de remporter des trophées. Chris est un excellent entraîneur qui pourra compter sur un petit coup de main supplémentaire de la part de Lorne qui fera peut-être la différence pour aller chercher un titre.»
Le prix de deux bons défenseurs suisses
L’arrivée de ces Canadiens a un prix. Ils ne viennent pas gratuitement. On parle d’un salaire de 30 000 francs par mois pour Henning et d’un total d’un million, soit la valeur de deux bons défenseurs suisses. «Je ne vais pas parler de chiffres, vous me connaissez. Mais Mike Gillis et Peter Gall sont membres du conseil d’administration. A ce titre, ils ne perçoivent aucun salaire et ne sont pas des employés du club. Michael Gall travaille pour le projet de la nouvelle patinoire, il n’est donc pas à la charge du club. Seul Henning est employé du GSHC, mais pas à 100%. Maintenant si on dépense de l’argent, c’est dans le but de renforcer nos structures pour être champion. Chris est le premier à dire que l’effectif est aussi bon que l’an dernier même si le budget est en légère baisse. Nos objectifs sont donc ambitieux dès cette année. Même si on n’a pas la profondeur des grands clubs et qu’on peut souffrir d’un enchaînement de blessures, on a les moyens de rivaliser avec les meilleurs. Lorne fait partie de ces moyens, au même titre qu’un bon joueur.»
Des sponsors fâchés
Les murs ayant des oreilles, certains sponsors auraient menacé de retirer leur argent. «Il est légitime que des gens se posent des questions dans une période de changements, confirme le Canado-Suisse. J’ai donc pris le temps d’expliquer à ceux qui s’interrogeaient le bien-fondé de ma stratégie économique et sportive. Chacun a compris le rôle des experts qui nous ont rejoints. On veut gagner des titres avec Chris. On ne veut pas faire la révolution.»
Des employés en Amérique!
Quelques employés du club sont allés la semaine dernière aux Etats-Unis. Pour voir comment cela se passe au plus haut niveau. «Ces coûts, je les assume. On veut s’inspirer de ce qui se fait de mieux dans le monde. Les équipes du marketing, de la communication et de la nouvelle patinoire sont donc allées découvrir de nouvelles infrastructures sportives. On a bénéficié des relations de Mike Gillis et de Lorne Henning en Amérique du Nord. Même si les moyens sont plus importants, la philosophie est identique par rapport à la culture du club. A l’image des Golden States Warriors en NBA ou des Sharks de San José en NHL, ils veulent aussi gagner des titres. A notre échelle, il est important de s’imprégner des bonnes pratiques dans un pays où la culture de la gagne est importante. A Genève, c’est notre objectif: on veut gagner, rester durablement au sommet et offrir à nos fans des moments de bonheur et de fierté aux Vernets et bientôt dans notre nouvelle patinoire.»
La nouvelle patinoire
A quand la pose de la première pierre? «Après avoir présenté les nouveaux investisseurs et donné les garanties financières au Conseil d’Etat en septembre, la procédure se poursuit normalement avant de rentrer bientôt dans une phase plus concrète sur la base d’un business plan que nous sommes en train d’achever. Lors de cette réunion, les élus ont pu apprécier le sérieux et la crédibilité de ces investisseurs qui bénéficient d’une expérience avérée pour mener un projet de cette envergure. Après la validation des autorités, ces investisseurs verseront un premier montant de 3 millions nécessaire au lancement des études. On devrait pouvoir communiquer un planning détaillé dans les prochains mois, y compris le jour où nous espérons qu’aura lieu le premier entraînement au Trèfle Blanc.» Le rêve de Hugh Quennec? Que cette patinoire, dont le coût va s’élever à plus de 200 millions, soit prête en 2020.
C’est si loin l’Amérique!
On a envie, comme Hugh Quennec et ses copains canadiens, de s’identifier à ce beau projet. A des titres de champion. Que chaque match se joue à guichets fermés. Que Ge/Servette devienne le plus grand club de Suisse. Et, tralala youp’la boum, que le club inaugure sa nouvelle patinoire en grande pompe, en 2020 au Trèfle Blanc.
Cela tombe bien, c’est aussi le vœu de Chris McSorley, de ses joueurs et celui de tous les fans des Aigles. Mais s’il n’est pas interdit de rêver, force est d’admettre que la situation actuelle n’est pas aussi idyllique qu’on veut bien nous le faire croire. Si le coach ontarien est convaincu, lui aussi, que son équipe est capable de toucher un jour le Graal, un titre ne s’achète pas à n’importe quel prix ou avec des belles paroles.
Comme il le déclarait en 2013 quand il était encore président du Servette FC et qu’il cherchait, pour ses footballeurs, un manager du style… McSorley, Hugh Quennec veut s’inspirer de ce qui se fait de mieux en Amérique du Nord pour atteindre le haut niveau. Pour cela, le Canado-Suisse s’est attaché les services d’un ancien entraîneur de NHL, victorieux de quatre Coupe Stanley pour conseiller McSorley et de trois autres «pointures» du Nouveau monde, où là-bas tout est plus grand, plus beau.
Ces renforts, qui ont pratiquement doublé l’effectif du bureau, ne sont pas venus à Genève pour la beauté du Jet d’eau, et Hugh Quennec a adopté cette devise qui veut qu’on ne fasse pas d’omelettes sans casser des œufs. Or comme le disait le philosophe, qui préférait garder les pieds sur terre plutôt que lever la tête dans les étoiles, «il vaut mieux parfois suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas décidé». Et qu’on se le dise, Genève n’est pas en NHL. C’est encore loin, l’Amérique!
Power-play
L’affiche Deuxième rencontre de la saison entre Ge/Servette et Davos. Les Aigles étaient allés s’imposer à la Vaillant Arena, le 30 septembre (2-3). Les Grisons ont une revanche à prendre ce soir aux Vernets (19 h 45).
A l’infirmerie Vukovic (commotion) n’effectuera pas son retour avant au minimum une semaine, prévient Chris McSorley: «Ce sera une décision qui se prendra entre le médecin du club et le joueur.» Antonietti (genou), Massimino (bas du corps) et Douay (dos) ainsi qu’Heinimann (opéré d’une appendicite) manquent toujours à l’appel.
La bonne nouvelle Eliot Antonietti va retrouver le chemin de la glace dès ce matin et pourra s’entraîner à l’écart de ses coéquipiers. Le défenseur des Aigles a enfin pu retirer son attelle hier. «Eliot se remet plus vite que prévu de sa blessure, s’est réjoui le boss des Vernets. C’est une très bonne nouvelle même s’il va devoir faire preuve de patience.»
Le mot de Chris McSorley «Arno (ndlr: Del Curto) n’a pas oublié la défaite du 30 septembre. La rencontre de ce vendredi soir sera celle de deux équipes contraintes de l’emporter.»