16 mars 2017

Après l’audit  des joueurs grenat, le sort du coach de Ge/Servette semblerait déjà scellé. Sur le forum, on est fâché…

 

Alors que le défilé se poursuit quai Turrettini à l’Hôtel Mandarin Oriental et que les joueurs de Ge/Servette continuent leurs auditions devant Mike Gillis et Lorne Henning, la position de Chris McSorley semble de plus en plus fragilisée. Les murs ayant des oreilles, selon certaines indiscrétions, le sort de l’entraîneur des Vernets serait même déjà scellé.

 

Outre l’élimination des Aigles en quarts de finale des play-off, on lui reproche, notamment, son comportement irrespectueux dans le vestiaire avec certains joueurs. Mais aussi son gros caractère et son système de jeu qui n’évolue pas. A-t-il fait son temps? Du côté de ses contradicteurs canadiens, des joueurs qui en ont ras-le-bol et qui seraient prêts à partir s’expriment. Et les preuves à charge s’accumulent. Soit McSorley, qui a toujours fonctionné de cette manière, change radicalement d’attitude pour tenter de gagner une fois un titre, soit il s’en va.

 

Une pétition circule

 

Pendant ce temps, une pétition en faveur de McSorley, lancée sur les réseaux sociaux, bat son plein. Il faut rappeler que l’homme, qui a du sang grenat qui coule dans ses veines depuis seize ans, est très apprécié dans la ville. Si cela ne représente pas forcément l’ensemble du public des Vernets, sur les forums, ils sont une majorité à le défendre. Il a également l’appui des politiques et de nombreux sponsors.

 

«Sans lui, Genève ne serait pas redevenu une ville de hockey, affirme Frédéric Helbling, père de famille et supporter depuis des lustres. Mais ce n’est pas du coach que je veux parler mais de l’homme, devenu un ami. Sa générosité n’a d’égale que l’intensité du grenat dans son cœur.» On se souvient notamment qu’il avait remplacé le fauteuil roulant endommagé d’Eric Grassien, un fan handicapé qui attend toujours les hockeyeurs dans le parking le jour des matches et qui n’avait pas les moyens d’en acheter un autre…

 

Pudique, Frédéric a longuement hésité avant de raconter une autre anecdote qui confirme que, loin de son équipe, McSorley donne une autre image de lui: «En 2006, lorsque mon père a été atteint d’une maladie incurable, j’ai demandé à M. McSorley s’il pouvait lui envoyer une carte de vœux signée par lui et les joueurs pour lui donner du courage, explique-t-il, des trémolos dans la voix. Après quelques jours, Chris m’a appelé pour me dire qu’il invitait mon père à donner le coup d’envoi du match contre Berne, le samedi 23 décembre. Malheureusement, l’état de santé de mon papa ne nous a pas permis d’accepter cette invitation, même si Chris avait tout organisé, y compris l’assistance des médecins du club. Alors M. McSorley est venu à moto, chez mes parents, avec sous le bras la canne de Goran Bezina dédicacée pour mon père. Je me souviens surtout de la force qu’il lui avait insufflée pour se battre et lutter contre sa maladie. Chris est resté plus de deux heures à discuter du match du soir à venir, de son club, de ses joueurs et du hockey en général avec lui. Chaque jour, cette rencontre a aidé mon père à supporter sa maladie. Pour moi, Chris McSorley est un grand Monsieur.» C’est l’image qu’il dégage en dehors de la patinoire.

 

Plus son mot à dire

 

Pas certain que ce soit le sentiment de Hugh Quennec, bien décidé à le lâcher. Selon nos informations, le licenciement de l’entraîneur emblématique des Aigles aurait un coût qui s’élèverait à trois millions (au moins) d’indemnités. «Quelle que soit la décision, basée sur des faits et pas sur l’émotion après une grosse déception, on assumera les conséquences», a déclaré Hugh Quennec, devant les caméras de la RTS. Avec quel argent? Au détriment de futurs renforts? Qui paie commande, décide, et, depuis que Chris McSorley a vendu ses actions au président, l’ex-grand manitou des Servettiens n’a plus son mot à dire. Il attend une convocation pour conclure le défilé, quai Turrettini à l’Hôtel Mandarin Oriental.

 

Sami Kanaan est inquiet

 

«Si Chris McSorley s’en va, c’est la mort du club!» s’est exclamé le journaliste alémanique Klaus Zaugg, dimanche, lors de l’émission Au cœur du sport, sur la RTS. Vraiment? Il n’est pas le seul à le penser. Il suffit de se balader sur les forums des fans pour découvrir le sentiment des gens proches des hockeyeurs des Vernets. Mais il n’y a pas que les fans et les sponsors du GSHC qui se font du souci pour l’avenir de leurs protégés. Conseiller administratif de la Ville de Genève en charge du Département de la culture et du sport, Sami Kanaan est tout aussi préoccupé. «On est tous déçus de cette élimination en quart de finale des play-off car on était tous convaincus que cette équipe avait les moyens de faire beaucoup mieux, commente le magistrat genevois qui a beaucoup d’admiration pour le travail du coach de Ge/Servette, après toutes ces belles années d’engouement à la patinoire. On a toujours dit que McSorley n’était pas un entraîneur comme les autres, un fusible comme avec Constantin à Sion. McSorley, c’est plus que ça, il a incarné le renouveau du club. Depuis les histoires avec le Servette FC, je dois avouer que cette situation avec M. Quennec nous inquiète. Je comprends qu’il puisse y avoir un changement de cap mais il s’agit de bien clarifier les choses. Question de popularité et de crédibilité, les dirigeants doivent faire très attention à ce qu’ils font. J’espère que cela se passera le mieux possible, ne serait-ce que pour la relève du club (ndlr: Quennec est sous surveillance) et la patinoire, où le Canton étudie toujours l’aspect financier du projet.»

 

Conseillère d’Etat chargée du Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP) du Canton, Anne Emery-Torracinta n’a pas souhaité s’exprimer sur la situation.