Ge/Servette s’incline à Fribourg face à un Gottéron meilleur physiquement. A corriger contre Lausanne
Une histoire qui commence bien finit parfois mal. Ou l’inverse. Que ce soit d’un côté comme de l’autre, à Saint-Léonard, on n’a pas bien compris. Beaucoup dans les gradins avaient hier soir «le cœur à l’envers» et le couteau entre les dents. Dans les tribunes ou à l’extérieur de la patinoire, Fribourgeois et Genevois parlaient tous le même langage, d’incompréhension, d’un «immense gâchis»: comment avaient-ils pu faire ça? Pas lui, pas ici. Certains, dans le camp des Dragons, ont même clamé: «Il ne sera jamais des nôtres» alors qu’en face on regrettait aussi ce transfert: «L’envoyer chez un adversaire qui le déteste, c’est une honte.» Mais comme l’a dit Chris McSorley un jour, «les chiens aboient, les vaches font du lait, les cochons grouinent et les joueurs jouent au hockey».
Tous en colère
Après l’échange, il y a deux ans, entre Romain Loeffel avec John Fritsche et Jérémie Kamerzin, l’arrivée de Chris Rivera à Fribourg a déclenché l’ire des supporters des deux formations, tous unis dans la colère. Il n’était pas le bienvenu. Or deux à trois apparitions sur la glace de l’ex-Genevois plus tard, un assist sur le 1-0 de Schmutz et il était déjà adopté par Saint-Léonard. A quoi ça tient? Il s’est même offert une bagarre avec Noah Rod en fin de rencontre, de quoi être ovationné. «De toute manière, des sifflets ici, j’en ai l’habitude», souriait le nouvel arrivé, fêté comme un héros après le succès amplement mérité de ses nouvelles couleurs, le 26e en 67 affrontements depuis 2002 face aux Aigles.
Un autre niveau
Si tout a commencé dans une drôle d’atmosphère, ce derby aura ensuite considérablement manqué d’émotion. On s’attendait à un duel âpre et disputé, mais des paroles aux actes, les Genevois n’ont pas été à la hauteur. Après leurs deux victoires face à Ambri et Langnau, l’adversaire, avec un Benni Plüss déchaîné, était cette fois-ci d’un autre niveau. Les visiteurs étaient pourtant bien revenus dans la partie au début du deuxième après avoir raté la marche en fin de premier tiers, mais il est plus facile de mettre le feu que de l’éteindre. «On n’avait plus d’énergie comme si nous avions joué la veille, c’est impardonnable», pestait un Arnaud Jacquemet lucide au terme de ce premier vrai test de la saison. «Pour jouer un derby, on a besoin de nos qualités physiques et on n’a pas su les utiliser, regrettait le Valaisan des Vernets. Il ne faut pas aller chercher plus loin les raisons de cet échec. Cela s’est payé cash. Les Fribourgeois ont su sortir des pucks des coins et sont allés dans notre zone comme ils le voulaient sans avoir mal, ce n’est pas normal…»
Pour les Genevois, il s’agit d’une bonne leçon avant la venue des Lausannois vendredi aux Vernets. «Tous les matches ne seront pas aussi faciles que cela l’avait été contre Ambri, renchérit Jacquemet. Avec ce qu’on a montré ce soir, on ne peut pas avoir la prétention de rivaliser avec les équipes au top de ce championnat…» C’est une histoire qui finit bien pour Rivera et Fribourg-Gottéron. Mais il y aura une suite…
Chris Rivera: «J’ai envie de me faire pardonner»
C’était forcément un match particulier pour lui, les fans et ses désormais anciens coéquipiers. Après un transfert éclair lundi soir (ou dans la nuit) à Fribourg, c’était la première fois que Chris Rivera ne portait pas le tricot des Aigles au plus haut niveau. Lui qui l’avait enfilé 515 fois en LNA avec les Grenat et même plus encore, que ce soit avec les juniors, durant la Coupe Spengler ou toutes les parties de préparation, la sensation était étrange. Or, après une grosse scène de ménage avec Chris McSorley, le divorce était inéluctable…
«Je ne peux rien divulguer de ce qui s’est vraiment passé entre nous, c’est juste une histoire qui se termine à Genève, lâche Chris Rivera, des trémolos dans la voix. Je ne vous cache toutefois pas que je suis déçu de partir de cette manière. Maintenant, c’est avec Fribourg-Gottéron que je vais tout donner, comme je l’ai fait durant douze ans avec les Aigles.» Gerd Zenhäusern, coach des Dragons, avait besoin de ce joueur physique, qui n’a pas peur d’aller là où ça pique. «C’est pour cela que les dirigeants fribourgeois sont venus me chercher, sourit celui qui a l’ambition de devenir meilleur au bord de la Sarine. Vous savez, cette histoire m’a fait réfléchir et donné des ailes. Je veux prouver aux gens et à moi-même ce que je vaux vraiment. Et surtout, maintenant que je joue pour Fribourg-Gottéron, j’ai envie de me faire pardonner auprès de tout ce public pour tout ce que j’ai pu dire de mal sur eux dans le passé.» Pour le président des Dragons Michel Volet, interrogé par La Liberté , il est déjà tout excusé. «Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis, a-t-il dit. Je préfère un joueur qui a du caractère et du courage plutôt qu’un mercenaire sans autre motivation que son porte-monnaie.» Reste que cela n’a pas empêché les supporters des Fribourgeois de le siffler au moment de la présentation des équipes. Puis plus rien. Ou presque. Il a même été applaudi…
Envahi par l’émotion, Chris Rivera n’a pas manqué, «sans rancœur et sans rancune», de saluer les fans du… GSHC, mais aussi ses anciens copains du vestiaire des Vernets avec lesquels il a passé des moments formidables. «Maintenant, je suis joueur de Fribourg et il faudra l’accepter. Ge/Servette s’en sortira très bien sans moi. Je lui souhaite tout de bon.» C’est également ce que lui a dit Chris McSorley!