Genève-Servette paie cash un jeu de puissance proche du néant. Et Zoug en profite sur la fin pour l’emporter aux Vernets
La curiosité n’en est plus une, pour tout dire, le jeu de puissance du Ge/Servette cuvée 2016-2017 porte si mal son nom qu’il faudrait le rebaptiser: jeu de frayeurs, jeu d’hésitations ou jeu d’égarements, c’est selon. Mais jeu de puissance, sûrement pas. Le mal est récurrent, endémique, sournois, il suscite au mieux la désespérance des supporters grenat, au pire une colère sourde. C’est simple: c’est lorsque les Zougois étaient un de moins qu’ils se sont créées certaines de leurs meilleures occasions. Triste perspective qui laisse les Aigles sans solutions ou presque quand ils doivent imposer leur jeu en supériorité numérique. Un problème majeur qui leur a coûté une nouvelle défaite qui lance bien mal cette semaine si capitale.
Un cercle vicieux
Le pourquoi de toutes ces imprécisions, là où justement le power play était encore la force du GSHC la saison passée? Chris McSorley se creuse la tête depuis le début de la saison, sans trouver de solution. Manque de confiance, manque d’automatismes, les équipes spéciales ayant été constamment brassées en raison des blessures? Le résultat se griffe sur la glace, avec un Loeffel approximatif, un Fransson à la peine hier qui galvaude un puck servi par Wick ou encore ces petits détails qui font que les Aigles manquent d’envergure dans ces moments-clés, justement quand il faut profiter des opportunités.
Les Grenat auraient pourtant pu s’appuyer sur la confiance de ce premier but, inscrit assez tôt, dès la 9e minute. Un sacré déboulé d’Auguste Impose, qui trompait superbement le grand Tobias Stephan. L’assist? Robert Mayer, sur un dégagement heureux. Ge/Servette terminait un solide box-play (un point positif…) quand l’ouverture du portier grenat manquait de filer directement dehors avant de rebondir sur la bande pour lancer Impose. Bref, au moins solide à cinq contre cinq, les Aigles avaient de quoi envisager une bonne opération comptable. Mais pour cela, il aurait fallu que les situations de power play portent leurs fruits. Retour à la case départ, vilain cercle vicieux dans lequel les Aigles tournent en rond, s’ouvrant des opportunités de jouer en supériorité numérique sans les saisir.
Coup de poker dans l’eau
Devant ce constat d’échec, Chris McSorley aura tout tenté. A la mi-match, Zoug se retrouvait ainsi à trois contre cinq pendant une minute: l’entraîneur des Grenat sortait Robert Mayer pour évoluer à six contre trois. Un gros raté d’Impose plus tard, malheureux sur une reprise, et cela n’avait servi à rien. Fatale impéritie.
Et puis tout a basculé. A force de ne pas savoir prendre sa chance, on la donne à l’adversaire. Ce Zoug si «prenable» s’est simplement montré patient. Sans accorder un deuxième but d’abord (merci Stephan), puis tentant un peu seulement le diable dans le dernier tiers. Le hockey est parfois cruel, hier soir il l’a été avec Robert Mayer. Le portier aurait pu, aurait dû être le héros de la soirée: devant les assauts zougois, il avait tout bloqué. Ou alors c’est son poteau ou la latte qui s’en chargeaient (à trois reprises…). Mais sa relance désastreuse de la 51e minute allait offrir le 1-1 à McIntyre. Et cinq minutes plus tard, c’était Holden qui déviait une frappe pour sceller le score. Affreuse fatalité qui pendait au nez des Genevois, eux qui auront encore un dernier power play, à 120 secondes de la fin pour se persuader qu’ils n’y arrivent décidément pas cette saison. Pas même à six contre quatre, ultime coup de poker dans l’eau pour McSorley et les siens.