12 janvier 2014

A Bienne, Ge/Servette menait 3 à 0 avant de laisser filer bêtement la victoire. Accusés, relevez-vous!

 

Le nez flirtant avec son assiette de pâtes, il relève avec peine la tête, la mine aussi déconfite que son plat, aussi fade que sa soirée. Très déçu par le début de l’année de ses protégés, Chris McSorley a le regard hagard et vague du capitaine abandonné alors que son bateau est en train de couler. La scène s’est déroulée samedi soir à Bienne.

 

«Il y a beaucoup trop d’erreurs individuelles de notre part, peste le coach ontarien, alors que derrière lui ses hommes auraient besoin d’une douche froide pour se réveiller. Ces prochains jours, cela va être difficile pour eux qui ne pourront plus se cacher. On va devoir identifier rapidement les problèmes. Je suis surtout dégoûté que les meilleurs joueurs biennois ont été supérieurs à nos leaders. Cela ne devrait pas être le cas.»

 

La pudeur de Berthon

 

Dans les catacombes du vétuste Stade de Glace de Bienne, qui va bientôt tomber en ruine, l’image, remplie de pudeur et d’humilité, est plus explicite qu’une longue diatribe. A la sortie des vestiaires, Eliot Berthon, l’ancien servettien, s’avance vers Frédéric Iglesias, lequel baisse la tête, plongée sur ses pieds plombés, celle que l’on fait lorsque la frustration est plus forte que la défaite. Un peu sonné, honteux peut-être, le défenseur de Chris McSorley est surtout fâché contre lui-même, contre la terre entière. Il aurait bien voulu, le Français du EHC Bienne, le serrer dans ses bras, pour le consoler et lui dire que ce n’était pas si grave, que cela arrive même aux meilleurs. Mais il a compris que ce n’était pas le moment, qu’une petite tape sur l’épaule suffirait…

 

Quelques minutes plus tôt, sur la glace, c’est lui, le malheureux Frédo, qui avait perdu la boule, le puck et le match. Mais si c’est lui, le Genevois, qui a permis à Gaëtan Haas, ce héros, d’inscrire le but victorieux en prolongation, il n’était pas le seul coupable. Reste que cette réussite tombée du ciel vaut tout son pesant d’or pour les Seelandais, revenus de si loin, du néant. N’étaient-ils pas encore menés 0-3 à quinze minutes de la fin?

 

Les Aigles ont en effet failli réussir le hold-up parfait du côté de Bienne. Absents lors du premier tiers, les Grenat avaient pourtant su se montrer altruistes et opportunistes à la mi-match pour prendre, sans forcer, trois longueurs d’avance. Mais dans sa situation actuelle, où le manque de jus flagrant l’empêche de tourner à plein régime, cela n’a pas suffi. Le bon match de Daniel Rubin (qui avait ouvert le bal), le premier but inscrit par Dario Trutmann en grenat dans la foulée (quel caviar de Kast) et l’éclair des frères Pyatt n’ont finalement servi à rien. Malgré un Lukas Meili fébrile dans sa cage, Bienne a su profiter de la mansuétude et du comportement pusillanime du visiteur, qui s’est arrêté de jouer pour refaire miraculeusement surface. Sentant les Genevois vulnérables, la bande à Schläpfer est devenue inarrêtable. Après leur élimination mardi en Coupe de Suisse face à Kloten, les Genevois ont subi leur cinquième revers en championnat de suite.

 

«Une balle dans le pied»

 

«Quand tu mènes 3 à 0 à l’extérieur, une équipe qui vise le milieu de tableau ne peut pas se permettre de finir ainsi, reconnaissait Romain Loeffel, tout aussi penaud à l’heure du réquisitoire. Même si Bienne a bien joué, on avait le match en mains et on s’est tiré une balle dans le pied.» Pour le défenseur neuchâtelois des Vernets, il est temps pour lui et ses camarades de redescendre sur terre et d’oublier la Spengler. «Ce n’est pas du jus qu’il nous manque dans notre moteur, assure-t-il. Mais la volonté de défendre et d’attaquer tous ensemble durant 60 minutes en montrant du caractère au lieu de reculer et de se laisser faire.»

 

De retour au jeu, Arnaud Jacquemet était tout aussi désabusé que l’ex-Fribourgeois. «A 3-0, on était déjà bien payé par rapport à la physionomie de la partie, car on n’était pas prêt et cela, c’est inacceptable. On a cru qu’on allait enchaîner les victoires comme l’an passé après la Spengler, mais on a oublié de travailler après notre retour de Davos! Maintenant, il nous faut réagir avant qu’il ne soit trop tard. On ne peut pas continuer à jouer sur un patin, sans émotion, car la barre va se rapprocher.» Alors que Lausanne HC est passé devant au classement, cela revient fort derrière!

 

Lombardi n’est pas satisfait

 

Transparent depuis son retour aux Vernets, Matt Lombardi est conscient qu’on attend plus de lui, de Cody Almond et de ses camarades. «On n’est pas satisfaits car on sait que notre équipe vaut mieux que ça, moi le premier. Mais on croit toujours en nous et c’est ce qui est important, se convainc le Canadien. On doit retrouver des émotions et de l’énergie, mais ça va venir, on va s’en sortir.»

 

Des paroles aux actes, la suite c’est vendredi à Kloten où l’Aigle se doit de reprendre de la hauteur. Encore plus haut qu’à la Spengler. Accusés, relevez-vous!