En fin de contrat à Davos, le portier prêté à Ge/Servette a pris de la valeur avec les Aigles. Et si demain il gagnait la Coupe Spengler?
Il n’avait encore jamais vécu un truc pareil! Quand, dimanche, l’entraîneur de Ge/Servette lui a demandé de quitter sa cage pour bénéficier d’un triple avantage numérique en power play, Janick Schwendener a cru rêver. «Le coach m’a appelé une bonne vingtaine de fois avant que je ne réagisse, que je me rende compte qu’il avait besoin de moi sur le banc, explique-t-il, incrédule. J’ai regardé l’horloge, nous étions encore en deuxième période et il y avait 1 à 1…» Le portier connaissait le chef d’orchestre Arno Del Curto devant le banc du HC Davos, il a découvert les coups de poker de Chris McSorley!
«Un joli conte de Noël»
A vrai dire, ce jeune homme de 22 ans, prêté par le club grison, n’a pas vraiment envie de se réveiller. «Je vis un joli conte de Noël et j’essaie profiter de chaque instant en donnant tout simplement le meilleur de moi-même», dit-il. La doublure de Leonardo Genoni, qui avait été placé cet hiver 14 fois à Thurgovie (LNB), a l’impression de vivre à l’intérieur d’un songe depuis le 27 novembre, date de son arrivée aux Vernets. Robert Mayer blessé et Christophe Bays convalescent ou malchanceux, ce Grison de Klosters, qui a vécu tous ses juniors à la Vaillant Arena, a su saisir sa chance.
«De me retrouver ici, devant mes amis, ma famille, en demi-finale de la Coupe Spengler, c’est juste incroyable, sourit celui qui a suivi des études de réalisateur publicitaire avant de choisir le hockey comme profession. Après notre match contre Helsinki, des copains d’enfance m’ont envoyé des textos pour me féliciter, ils étaient contents pour moi.» Ravi pour le p’tit gars de Klosters qui s’est retrouvé un jour devant une cage un peu par hasard. «Comme je ne me trouvais pas assez bon comme joueur de hockey, j’ai essayé la tenue de gardien et comme j’étais fasciné par les jambières, j’ai demandé à Davos s’ils avaient une place de goalie pour moi, mais on m’a répondu que non. A 8 ans, j’ai voulu tout laisser tomber avant que le club ne me rappelle un mois plus tard pour me proposer un poste.» A quoi ça tient, une carrière…
Repéré à Lausanne
Avec un pourcentage de 93,39% d’arrêt, dont deux blanchissages d’affilée (à Zoug puis face à Lausanne), depuis qu’il est à Genève, le No 92 a rendu banal l’exceptionnel, laissant tout le monde béat d’admiration. «J’ai toujours été fan de ce garçon qui m’avait souvent impressionné. Il a une forte personnalité. J’aime bien sa mentalité», s’est ébaubi Sébastien Beaulieu, l’entraîneur des gardiens de Ge/Servette, qui l’avait repéré l’an passé à Lausanne alors qu’il se trouvait devant les filets davosiens. Janick a porté onze fois le tricot du HCD, à huit reprises celui de l’Aigle, la LNA lui tend les bras. Si Arno Del Curto, comblé avec son No 1, ne compte plus sur lui la saison prochaine, il a besoin de toucher les étoiles pour décrocher la lune.
Un cœur à prendre
«Il est important que je réalise de bons matches avec Ge/Servette pour convaincre un futur employeur», admet Janick, qui devrait logiquement rester aux Vernets jusqu’à la mi-janvier, le temps que Mayer se rétablisse. Le Grison, qui partage l’appartement de Christian Marti, se plaît à Genève. «Je suis toujours un cœur à prendre», se marre celui qui aime tous les sports, peindre et écouter de la musique. «Mon but est de m’acheter bientôt une guitare», nous confie ce touche-à-tout.
En attendant, la Coupe Spengler lui permet de se mettre en vitrine. Et de rêver désormais d’une finale face au HC Davos de ses potes Enzo Corvi et Sven Jung. «Il reste la demie à jouer, mais si mes deux clubs se qualifient pour la finale, je ne pense pas que j’irais dormir dans l’appartement avec eux, lâche Janick. Je pense que je resterais à l’hôtel avec mes autres copains servettiens.» Et s’il remportait la Coupe Spengler avec Ge/Servette, dans sa patinoire, contre Davos? Un truc pareil, il a le droit de rêver…
Le «gros délire» de Baker et de Bays
«C’est parti d’un gros délire, il m’a dit de venir lui shooter dessus ce matin à l’entraînement…» Ancien junior du Lausanne HC, le chanteur Bastian Baker n’a pas pu refuser l’invitation de son ancien gardien au LHC, son grand pote Christophe Bays. Ce, avec la bénédiction de Chris McSorley, l’un des grands fans du rocker lausannois. «Je suis la nouvelle recrue du GSHC, en attendant Pestoni? Je me rappelle l’avoir affronté quand j’étais au LHC», plaisante celui qui a aussi porté le maillot, en première ligue, de Red Ice Martigny. «Je ne mange pas tous les dimanches avec Chris, mais à chaque fois qu’on se croise, on a du plaisir. Je me souviens avoir chanté, il y a quelques années, Lucky au milieu de la patinoire des Vernets.» Après une grosse fin d’année où il a cumulé les concerts, du Japon en Allemagne, en passant par Montreux, Bastian Baker s’octroie avec bonheur cette petite pause à Davos, en compagnie de ses copains, dont le footballeur servettien Alexandre Pasche. «J’aime bien patiner aussi l’hiver», sourit le milieu de terrain grenat, qui reprendra l’entraînement le 4 janvier.
Et «BB», avant tout fan des Lions, d’avouer qu’il n’est pas allergique au grenat, bien au contraire. «J’apprécie toujours un derby lémanique, mais je suis surtout un musicien qui est là pour rassembler tout le monde, un humain reste un humain, peu importent les couleurs. J’ai eu du plaisir à remettre les patins, cela me manquait et à m’entraîner avec Ge/Servette, c’était drôlement cool.»
Christophe Bays l’a ensuite emmené, lui et Alexandre Pasche, dans le vestiaire de Ge/Servette à la fin de la séance pour lui rappeler les bonnes odeurs du hockeyeur qu’il a été…
Le GSHC face au Team Canada
Le Team Canada peut toujours rêver d’un 13e titre dans la Coupe Spengler, à laquelle il est fidèle depuis maintenant trente ans, soit depuis 1984. Vainqueurs 5-2 de Jokerit Helsinki en quart de finale hier soir, les hommes de Guy Boucher se frotteront à Genève-Servette ce soir (20 h 15) dans une revanche de la demi-finale remportée l’an dernier par les hommes de Chris McSorley. Ce quart de finale n’aurait pourtant pas pu plus mal commencer pour les joueurs à la feuille d’érable, menés 2-0 après seulement cinq minutes de jeu. Le club finlandais se heurta ensuite à un excellent Drew McIntyre (25 arrêts). Il fut surtout incapable de convertir une seule des dix périodes de power play dont il bénéficia. Pire: il encaissait ses deux derniers buts alors qu’il évoluait en supériorité numérique, le dernier tombant à 55’’ de la fin alors que Riku Helenius avait déserté le filet finlandais.
Hitsch a le même humour que Calvin
Ce drôle d’animal qui se balade tous les jours dans la patinoire de Davos a le même déhanchement que son cousin servettien Calvin. Mais qui se cache derrière le masque de ce bouquetin? Ne serait-ce pas la même personne qu’à Genève, qui danse dans les tribunes des Vernets depuis 2006? Impossible de lui tirer les vers du nez: Hitsch n’a pas le droit de parler, ni d’être reconnu. Son rôle est de rester discret, secret, respecter les gens et partir au bon moment quand il sent qu’il devient trop envahissant. Qu’on se le dise, ce gentleman, qui grille 2500 calories par partie, n’a pas la main baladeuse… C’est il y a cinq ans, juste avant la première participation du GSHC à la Coupe Spengler, qu’est né Hitsch. Sa compagne, qui préfère garder l’anonymat, traduit les propos inaudibles de cet étrange personnage. «Durant une semaine, il est nourri, logé, invité en VIP et s’occupe de l’animation. Comme à Genève, il prend du plaisir à amuser les gens, à déclencher des olas pour mettre de l’ambiance. Il se fait énormément photographier, c’est de la folie. Mais, m’a-t-il confié, avec un tube sur la tête et ses grandes cornes ce n’est pas toujours évident pour lui de réussir des selfies avec le public.» Cette tenue jaune, toute en mousse, aurait besoin d’un lifting. «Je dois souvent la recoudre ou la recoller», renchérit sa chérie. Contrairement à Calvin et Calvina, qui ont été fabriqués à Calgary pour 15 000 francs (les deux), ce costume élaboré en République tchèque est de moins bonne qualité. Il ne supporterait pas, comme Calvin (a), 50 lavages par saison. Après le match, Hitsch rejoint son vestiaire, avec des agents de sécurité, pour éviter que des fans un peu éméchés ne tentent de lui arracher la tête. «Il y a un casque dessous, il est bien attaché.»