7 octobre 2014

Robert Mayer, qui devrait relayer son pote Christophe Bays ce soir contre Briançon, est prêt à montrer sa valeur dans la cage grenat

 

C’était un dimanche à midi. Il s’en souvient comme si c’était hier. Il n’avait pas encore 9 ans, mais il n’oubliera jamais qu’en ce mois de février 1998, c’est la République tchèque, son pays d’origine, qui avait battu la Russie en finale des Jeux olympiques de Nagano.

 

Dans l’Empire du Soleil levant, en face d’une redoutable Sbornaja, celle des frères Bure et de Fedorov, Dominik Hasek avait été éblouissant, il avait tout arrêté. Déjà un grand fan de hockey, Robert Mayer a encore dans un coin de sa mémoire la passe de Jaromir Jagr, le but de Petr Svoboda et surtout les arrêts à répétition de son idole.

 

«Il avait été énorme, au point que j’avais fait des gros plans sur lui pour décortiquer sa manière de jouer, je voulais lui ressembler, se marre aujourd’hui celui qui était alors un petit moskito du côté de Coire. Mais je sais que je ne serai jamais aussi fort que lui.»

 

C’est ce qu’il dit aujourd’hui, le néo-Servettien débarqué cet été aux Vernets, alors que ses yeux bleus perçants ne sont pas aussi catégoriques. S’il n’a pas réussi à percer en NHL avec le Canadien de Montréal, le garçon, qui fêtera ses 25 ans le 9 octobre, a du talent et de l’ambition. «Mais je ne suis pas Tobias Stephan, inutile de nous comparer», précise-t-il d’emblée.

 

Beaucoup d’assurance

 

«C’est un jeune gardien qui a beaucoup d’assurance et de prestance dans ses buts, estime son entraîneur Sébastien Beaulieu. Il m’avait fortement impressionné lors de la dernière finale de la Coupe Spengler, lorsqu’il avait relayé Tobias Stephan, surtout dans sa manière de gérer les mauvais pucks et de supporter mentalement la pression. S’il doit encore s’ajuster au jeu européen pour se montrer efficace dans les espaces, c’est un gars très solide dans son répertoire, qui a vécu de grosses situations de stress en Amérique du Nord quand il devait réussir des performances avec les Bulldogs d’Hamilton. On sait ce qu’il va nous donner, il va assurer. Mon but est d’arriver à la fin avec deux grands gardiens.»

 

Aucune tension

 

Blessé à une cheville à son arrivée à Genève (il a signé un contrat de trois ans), Robert Mayer, qui a effectué un match en LNA avec Kloten lors de la saison 2006-2007, n’a pas encore eu l’occasion de prouver sa valeur avec les Grenat. Mais l’heure est venue pour lui de se mettre en cage, probablement dès ce soir aux Vernets, à l’occasion de la venue des Diables Rouges de Briançon.

 

Emoussé après un bon début de saison au-delà de toutes les espérances, Christophe Bays est prêt à céder provisoirement son poste à son pote lors de cette dernière journée qualificative de la Ligue des champions. «Il n’y a aucune tension entre nous, confirme le Tchéco-Suisse. J’étais même soulagé que l’équipe gagne avec lui en mon absence. J’ai eu l’habitude en Amérique du Nord de me retrouver toujours avec deux gardiens qui peuvent jouer. C’est important et je suis content d’être secondé par Bobby. Notre concurrence est saine.» Il a joué 149 parties de AHL.

 

Celui qui était le troisième portier des Helvètes lors des derniers Mondiaux a pris son mal en patience depuis qu’il s’est foulé la cheville, le 9 août aux Vernets, face à Saryarka Karanda. Cela fait une semaine qu’il a repris l’entraînement. «C’était frustrant au début, avoue-t-il, mais je me suis battu pour revenir et retrouver ma place sur la glace.»

 

Robert Mayer est, à l’instar de son alter ego vaudois, quelqu’un de très calme dans le vestiaire. «Je suis un gars silencieux, qui n’aime pas trop l’ouvrir», sourit-il. Celui qui portera le No 29 dans le dos préfère s’exprimer avec ses gants, bouillants, comme lors de la dernière finale de la Coupe Spengler et Dominik Hasek en 1998 à Nagano…

 

 

«J’irais faire la manche»

 

 

Chris McSorley, après une semaine difficile, la venue de Briançon arrive-t-elle à point nommé pour rebondir?

 

Lors de l’entraînement de ce lundi, j’ai rappelé à mes joueurs qu’ils devaient faire attention aux détails. Si beaucoup de formations sont pour l’heure en avance par rapport à nous, il suffirait de peu pour renverser la tendance. Maintenant, il ne faut pas s’affoler non plus. L’an passé, il avait fallu attendre Noël pour que l’équipe adhère pleinement au système et commence à jouer ensemble la même partition.

 

Avec la Ligue des champions, n’étiez-vous pas en forme trop tôt par rapport à vos adversaires?

 

Nous n’étions pas prêts trop tôt, mais il ne faut pas oublier qu’avec quatre matches, la semaine dernière a été difficile. Nous étions conscients qu’on affrontait une équipe comme Davos, qui était au-dessus du lot, et Berne derrière, qui restait invaincu à domicile. En plus, la défaite des Ours la veille à Lausanne n’avait rien arrangé. Cela dit, depuis le début de la saison, nous avons eu trois bonnes semaines et une mauvaise. Beaucoup de coaches aimeraient avoir mes problèmes…

 

Etes-vous content de la performance de vos étrangers?

 

Souvenez-vous de Lombardi. Il avait fallu une dizaine de matches pour qu’il marque. Nos étrangers doivent encore assimiler complètement le système de jeu européen, différent de celui pratiqué en Amérique du Nord, et s’acclimater à une ligue meilleure qu’ils ne l’imaginaient au départ. Mais je crois en eux.

 

Cody Almond et Matt Lombardi, qui ont été retranchés par le Wild du Minnesota et les Rangers de New York, pourraient-ils revenir à Genève?

 

Quand j’étais petit, j’écrivais au Père Noël et je ne l’ai jamais vu. Je n’y crois plus trop. Or, s’ils ne devaient pas réussir en NHL, je les accueillerais volontiers. Mais pour payer leur salaire, j’irais volontiers à la rue du Rhône pour faire la manche…