Apprécié pour son attitude exemplaire en NHL, le nouvel attaquant des Aigles a tout pour séduire les fans, les coaches et ses coéquipiers
Il aime la pêche. Aïe! Il a d’emblée été séduit par le lac, le Jet d’eau. Re-aïe! Le dernier joueur nord-américain qui avait découvert les Vernets et la ville de Genève était un certain Paul Ranger. Il l’avait dit d’emblée: il se sentait comme un poisson dans l’eau dans son nouvel environnement, avant de se noyer dans un océan de doutes. Un joli CV en NHL n’offre pas toujours la garantie sur la qualité de la marchandise. Il arrive même parfois que le produit ne corresponde pas à celui qui a été vendu. Quid de Jim Slater, qui semble avoir déjà digéré décalage horaire, déménagement, changement de ligue et de continent? Arrivé avec femme et fille, il est lui aussi prêt pour un nouveau défi qui a tout du début d’une seconde vie.
Quelques clics, quelques avis récoltés en coulisses, il en faut peu pour être rassuré. Et le bonhomme, lui, dégage de suite une impression de sérieux et de professionnalisme. Avec Jim Slater, c’est sans doute une valeur sûre qui vient de débarquer dans le vestiaire des Aigles. Peut-être que le centre américain est la pièce qui manquait à l’équipe pour carburer à plein régime… «J’ai un peu le même profil que Taylor Pyatt, oui, dit-il. Mais je suis plus petit (il rigole) ! C’est un grand joueur qui m’inspire le plus grand respect. Comme lui, j’aime faire de la place devant le but adverse, être là pour prendre un rebond ou faire une déviation. Et l’un de mes points forts, c’est les engagements.»
L’homme d’un seul club
Il aurait pu dire l’engagement, tout simplement. «Je ne viens pas pour briller, dit-il. Je viens pour tout donner, pour protéger et aider mes coéquipiers. Et pour gagner.» Depuis ses débuts en NHL, il n’a connu qu’une seule organisation: les Atlanta Thrashers, devenus les Jets de Winnipeg lors de leur déménagement en 2011. Jim Slater a toujours été aligné dans un rôle défensif. «Je vais devoir changer ça. En signant ici, je sais que le public, l’entraîneur, tout le monde juge les performances offensives des étrangers. C’est un aspect qui ne m’inquiète pas du tout. Quand j’étais junior, je marquais pas mal et je pense que ça va revenir. Pour ce qui est du jeu défensif, je pense faire l’affaire.»
Travailleur de l’ombre, il était très apprécié par les fans en Amérique du Nord. Il se pourrait bien que le solide attaquant soit rapidement adopté par un public qu’il a découvert samedi soir contre Davos. Alors, Slater, futur Aigle royal? «C’est sûr que ça me ferait plaisir. Mais ce n’est pas un objectif. Ce n’est pas quelque chose qui se travaille. C’est toujours le public qui choisit ses idoles.»
Il aura donc fallu que son club décide de le mettre en ballottage, qu’aucune autre franchise ne mette la main dessus, pour que Jim Slater franchisse l’Atlantique. «C’est un choix mûrement réfléchi, dit-il. Il y avait d’autres possibilités, en Russie notamment, mais je dois dire que la qualité de vie et le niveau de la ligue ont pesé dans la balance.»
Arrivé tardivement après un été studieux, qu’attendre de lui? «Je vais bien et je suis déjà prêt à tout donner. Les premiers entraînements se passent très bien.» Il y a trois ans, le centre de 32 ans avait souffert d’une hanche, l’empêchant de donner toute sa mesure. Après deux saisons pourries (27 matches en 2012-2013 et 26 en 2013-2014), il avait été opéré. Avec succès visiblement, puisque lors du dernier exercice il a griffé la glace à 82 reprises.
Opéré en 2014
Ses débuts avec les Aigles sont prévus ce week-end. La commission cantonale qui valide les permis de travail se réunit ce soir. L’affaire devrait donc être réglée. Du côté de Berne, les dirigeants des Ours ont déjà annoncé que leurs deux nouveaux joueurs étrangers engagés pour faire face à une vague de blessés seraient sur la glace vendredi pour la venue de Lugano et samedi aux Vernets. Du coup, personne ne comprendrait que Slater soit contraint de ronger son frein pour d’obscurs ralentissements administratifs.
Même s’il avoue aimer la pêche et le lac, c’est sur la glace qu’il entend se balader…
«Je suis fait pour jouer à Ge/Servette»
Jim Slater, c’est un Américain de 32 ans, originaire du Michigan, 592 matches de NHL, qui a inscrit 138 points en dix saisons avec les Atlanta Thrashers et les Winnipeg Jets. Mais encore?
Je suis un joueur qui laisse peu de place à un adversaire, très à l’aise en box-play et efficace lors des engagements. Je suis quelqu’un qui va faire son maximum pour mener la vie dure à l’équipe qui se trouvera en face de nous.
Là, c’est le côté glace de Jim Slater. Et le côté jardin?
Je suis quelqu’un de curieux, un fin gourmet, épicurien, qui aime découvrir plein de nouveautés, dont la nourriture. Cette expérience en Europe tombe donc bien pour moi, ma femme, Andrea, et ma fille, Win, 18 mois. Il y a une chose que j’apprécie depuis mon arrivée: c’est de m’asseoir à une table dans un café. Et observer les gens. J’adore.
Qu’attendez-vous de cette première expérience en Europe?
La dimension des patinoires est différente, mais sinon le hockey reste du hockey. Ce que je faisais bien en Amérique du Nord, je le ferai aussi ici. Je suis un gros travailleur. Je crois que je suis fait pour jouer à Ge/Servette.
Jim, si vous n’aviez pas été hockeyeur, qu’auriez-vous fait dans la vie?
J’aurais certainement choisi un travail à l’extérieur. J’aurais pu devenir un pêcheur, capitaine d’un bateau ou trouver un job en montagne.
Etes-vous né dans la tenue d’un hockeyeur?
Même si j’ai essayé d’autres sports à l’école, comme le basket, le football, le golf et le baseball, le hockey a toujours été ma plus grande passion. C’est Steve Yzermann, star des Detroit Red Wings, qui m’a donné l’envie d’en faire ma profession.
Si on vous propose de monter sur un ring de boxe, quel adversaire choisissez-vous?
N’importe quel adversaire qui m’aura cherché sur la glace!
Jim, qu’est-ce qui vous fait rire dans la vie?
Toutes ces choses idiotes et ces gros gags qu’on se raconte dans un vestiaire. La vie d’un hockeyeur, quoi!
Vous étiez aux Vernets, samedi, pour assister à la rencontre entre Ge/Servette et Davos. Qu’en avez-vous pensé?
Il y avait du rythme et peu d’arrêts de jeu, des joueurs talentueux, très rapides et une bonne ambiance. Tout ce que j’aime en fait.
Et les fans?
Il y a plus de monde dans les patinoires en NHL, mais ce n’est pas la même ambiance. On m’en avait parlé et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’ai été agréablement surpris.
Et quelle a été votre réaction lorsque vous avez vu «Sherkan», l’aigle emblématique du club, amener le puck sur la glace avant le coup d’envoi?
Comme l’aigle est le symbole des Etats-Unis, de le voir voler ainsi dans la patinoire, c’est très spécial pour moi. C’était un réel plaisir.
Donnez-nous trois bonnes raisons de croire en vous…
Je suis un passionné de hockey, qui prend soin de ses coéquipiers et qui veut toujours gagner!