31 octobre 2015

Comme mardi en Coupe, les Aigles ont quitté Bienne avec le sentiment qu’ils pouvaient faire mieux. Au tour de Lugano…

 

Comme les images en noir et blanc d’un film muet, il a longtemps manqué le son et surtout de la couleur. Comme mardi, en Coupe, on a énormément tiré, beaucoup pioché et passablement raté. Ce n’était pourtant pas sorcier…

 

Comme mardi, Genève-Servette mais aussi les Biennois auraient pu s’imposer dans le temps réglementaire, s’ils avaient réglé la mire.

 

Comme mardi, les deux formations ont eu, une fois n’est pas coutume, de la peine à se départager.

 

Or, cette fois-ci, il a fallu une interminable séance de tirs aux buts pour désigner un vainqueur.

 

C’est finalement à la vingtième tentative, alors que le score était également de 2 à 2 dans cet exercice, que le verdict est tombé. Et surprise, au moment du penalty décisif, c’est Jonathan Mercier qui s’est présenté au milieu de la patinoire devant Simon Rytz. Alors que Pyatt (sorti blessé) était déjà habillé et que D’Agostini, la cheville douloureuse, a regardé ses coéquipiers en pleurs, Chris McSorley, joueur de poker, a sorti de sa manche un coup gagnant.

 

«Avec les mains que j’ai, je ne m’y attendais vraiment pas, sourit le défenseur. Surtout à ce moment-là de la partie.» Le No 22, 29 ans, 592 matches de Ligue nationale, n’avait encore jamais tenté l’exercice dans sa longue carrière, même en junior. «Je me suis dit, surtout n’oublie pas le puck au milieu de la patinoire, sinon tu vas vraiment passer pour un con. Du coup, j’ai tenté le shoot et cela a fonctionné…»

 

Comme les Aigles, le dernier des Mohicans des Grenat a poussé un gros soupir. Mais comme mardi et lors de leurs dix dernières parties, les Aigles ont quitté l’arène avec le net sentiment qu’ils auraient pu faire mieux. «Ce match, on aurait dû le gagner bien avant la prolongation, poursuit le héros de la soirée. On a eu 50 000 occasions qu’on n’a une fois de plus pas réussi à concrétiser. Cela commence à faire beaucoup. On joue bien mais on bute encore sur ce dernier geste.»

 

C’est aussi l’avis d’Eliot Antonietti: «On a fait ce qu’il fallait en ramenant au moins ces deux points, mais il a encore manqué la petite étincelle pour tuer le match avant…» Alors que Jim Slater avait placé, d’une subtile déviation, ses camarades sur une voie qui aurait dû être royale (10e), le visiteur a longtemps tenu le couteau par le bon bout. Mais à force de collectionner les occasions – Pyatt et Jacquemet (24e et 25e à 4 contre 5), D’Agostini et Kast (31e à 5 contre 4) – on finit par ouvrir un musée de regrets.

 

En deux minutes, Stapleton (37e) et Rossi (39e), servis à chaque fois par le brillant Québécois Macenauer, renversaient la situation au deuxième tiers. A deux jours de Halloween, les Grenat ont vraiment joué à se faire peur avant de retrouver leurs esprits et leur vrai visage. Avec cette drôle de sensation d’avoir un pied dans le vide, Ge/Servette, au bord de la rupture, a fini par égaliser via Arnaud Jacquemet. Damien Riat (53e) aurait même pu offrir la victoire avant le coup de gong sur penalty après avoir été déséquilibré par Dufner, mais en face de lui Simon Rytz a sorti le grand jeu. Le portier a fini par se coucher, au bout de la nuit, devant Jonathan Mercier. Aux Servettiens de faire mieux ce soir à Genève contre Lugano. Comme l’a écrit un jour Agatha Christie, «ce n’est pas parce qu’un problème n’a pas été résolu qu’il est impossible à résoudre».

 

"Tous en rose !" ce soir aux Vernets (par Benjamin Berger)

 

Ce soir aux Vernets, les joueurs de Ge/Servette auront à cœur de gravir des sommets, pour la bonne cause. Opposés à Lugano (19 h 45), ils n’auront qu’une seule idée en tête, celle de faire sauter le toit de la patinoire pour toucher des doigts celui du monde. Ce soir sur les bords de l’Arve, et pour la dixième année consécutive, c’est toute une équipe et le public qui vont se mobiliser pour lutter contre le cancer du sein. Parrainée par l’explorateur Mike Horn – qui donnera le coup d’envoi – la 10e Pink Night promet son lot d’émotion.

 

«Un des plus grands défis que j’ai vécus, ce n’était pas d’aller au pôle Nord en hiver, ni de nager 7000 km dans l’Amazone, ni d’escalader quelques-unes des plus hautes montagnes du monde sans oxygène, c’était de perdre ma femme, l’amour de ma vie, la mère de mes filles, déclare l’aventurier. C’est pour cette raison que je suis fier de soutenir le Réseau Cancer du Sein et d’être son parrain. Ce ne sont pas que des mots, ma famille a vécu cette bataille du cancer du sein. Le poids et la réalité de la vie deviennent plus légers quand ils sont portés par plusieurs.»

 

Coordinatrice du Réseau, Angela Grezet espère que le public répondra présent. «Tous en rose!» s’exclame-t-elle. Pour l’occasion, des t-shirts seront mis en vente et les spectateurs pourront participer à une tombola avec de nombreux prix à gagner.

 

Cette Pink Night permet de récolter des fonds. «Ce ne sont pas des sommes astronomiques, mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes pas subventionnés par l’Etat», tient à préciser Angela Grezet.

 

C’est Hugh Quennec, avec le soutien de Chris McSorley, qui a «importé» le concept de la Pink Night en Suisse, très populaire au Canada. «Je ne peux que rendre hommage au président pour nous avoir contactés il y a dix ans en nous proposant cette aventure. Au fil des éditions, des liens très forts se sont tissés entre Ge/Servette et le Réseau Cancer du Sein, souligne la coordinatrice. Pour le club et son staff, c’est chaque année du travail en plus, mais ils rempilent sans sourciller, c’est beau!»

 

Le capitaine des Aigles, Goran Bezina, et sa femme, Carole, sont aussi très impliqués dans ce combat: «Ils sont avec nous depuis le premier jour. On sait que l’on peut toujours compter sur eux, ils sont formidables», conclut Angela Grezet.