Comme chaque année à la même époque, c’est toujours la même histoire. Les hockeyeurs, chauds comme la braise, entrent plein d’espoirs dans la saison avec la ferme intention de réussir leur début d’exercice. Alors que dehors c’est encore la canicule ou presque, on se dit prêt à livrer des grosses batailles, à gravir des sommets qui mènent au titre national, que ce sera la bonne…
Des paroles aux actes, Gottéron et Ge/Servette ont commencé hier leur ascension. «On sera tout de suite dans le bain», avait lâché la veille Gerd Zenhäuserm, le coach des Fribourgeois. Comme aime à le répéter Johan Fransson, il a été «chaud patate» comme à chaque fois que ces deux formations se donnent rendez-vous. «A la BCF Arena, l’adversaire se retrouve souvent dans la peau d’un chrétien dans le Colisée», avait prévenu Chris McSorley qui s’attendait à terriblement souffrir. Et son équipe a souffert!
Round d’observation
Mais il a fallu un long round d’observation (c’était prévisible) avant que les acteurs, qui avaient des fourmis sous les patins, ne lâchent vraiment les chevaux. Au final, ce fut un bon galop de reprise des deux côtés. Privé de Kevin Romy (qui s’est blessé le matin), l’hôte, qui évoluait avec trois étrangers (Nick Spaling n’est pas encore opérationnel et Travis Ehrhard est encore à l’essai), a mis du temps avant de trouver ses marques; alors que les hommes de Zenhäusern, qui ont dépensé beaucoup d’énergie ces dernières semaines avec la Ligue des champions, semblaient à court d’idée. Ou toujours aussi complexés face à ces Grenat qui restaient sur huit succès sur dix…
La dernière fois que Fribourg Gottéron et Ge/Servette s’étaient d’ailleurs rencontrés, c’était en effet aux Vernets et les Aigles s’étaient alors largement imposés (4-1). Ce soir-là, lors du cinquième acte des quarts de finale des play-off, le visiteur avait été inexistant, broyé et remis à sa place par un adversaire beaucoup plus fort que lui… C’était il y a à peine six mois et ce match-là, Julien Sprunger, jamais à l’aise contre les Aigles, l’avait complètement raté, comme tous les autres qu’il avait disputés durant cette série après sa vilaine charge assénée à Daniel Rubin.
Mais voilà, depuis, une page s’est tournée, il a oublié les sifflets et ce cauchemar. Hier soir, ironie du sport, c’est lui, le capitaine, qui a été, au final, le héros de la soirée.
«Quand tu laisses partir ainsi Sprunger, ça va vite…» Dans le vestiaire servettien, Arnaud Jacquemet regrettait cette fin de partie en prolongation qui a fini par sourire aux plus audacieux, à des Dragons tout feu tout flamme qui ont retrouvé leur jeu et leurs fans. Robert Mayer, longtemps intraitable sur sa ligne, n’a pu que courber l’échine. Il ne méritait pas ça.
Punitions évitables
Durant ces cinq minutes supplémentaires à trois contre trois – c’est une nouvelle règle – le spectacle a été intense, de toute beauté. «On n’a malheureusement pas assez gardé le puck dans nos rangs», devait ajouter le Valaisan, frustré, comme ses coéquipiers, par ces deux points de perdus. «On a montré du caractère, car ce n’est jamais facile de revenir de deux buts contre Fribourg sur sa patinoire, pestait Jacquemet. A cinq contre cinq on était supérieur mais on a pris trop de pénalités et commis trop d’erreurs stupides.»
Ge/Servette est retombé dans ses travers: que de punitions évitables, c’est certain. C’est au deuxième tiers que les Genevois, qui n’ont pas encore trouvé la solution dans les situations spéciales, ont perdu ce derby en subissant trop facilement la foudre de M. Eichmann; que Mottet et Cervenka (quelle classe celui-là!) ont pu donner deux longueurs d’avance à des Fribourgeois qui auraient très bien pu aussi être menés 2-0 si Daniel Rubin n’avait pas manqué son affaire au premier tiers. Avant que Fransson et Santorelli ne redonnent espoir aux Grenat.
Mais ce n’était que le premier des cinquante matches au programme, le deuxième, contre Bienne, c’est ce soir aux Vernets…