Ge/Servette a éteint Fribourg aux Vernets. Le Dragon peut-il retrouver la flamme devant son public? Les Grenat ne s’en soucient guère
Play-off, leçon No 1: le match sur la glace et pas avant tu joueras… Play-off, leçon No 2: le match sur la glace et non dans ta tête tu joueras. Play-off, leçon No 3: à ton adversaire une surprise sur la glace tu réserveras… Ge/Servette a appliqué ces consignes à la lettre. Les Aigles ont suivi le plan de vol établi par leur commandant de bord. Le mot d’ordre? Ne pas nourrir un Dragon friand d’émotion. «C’était l’une des consignes que l’on s’était fixée admet Kevin Romy. Il fallait rester discipliné pendant soixante minutes et ne surtout pas répondre aux provocations. Nous avons été très constants dans l’effort et ça a payé.»
Durant la semaine précédant cet acte I, il a souvent été question de défi physique, d’émotions. Fribourg, qui restait sur quatre revers de rang contre Ge/Servette, s’était préparé à affronter un adversaire qui allait venir comme un fou, forcément, puisqu’il apparaît aux yeux de nombreux observateurs que Genève est une équipe qui ne sait pas faire grand-chose d’autre que de frapper fort. Une vision réductrice et caricaturale. Gerd Zenhäusern est tombé dans le panneau, persuadé que tout serait une histoire de muscle. Il a donc envoyé ses fiers à bras au casse-pipe dans les médias. A force de répéter que le défi physique ne les effrayait pas le moins du monde, les Dragons se sont trompés de match.
Ge/Servette en contrôle
Tout en contrôle, Ge/Servette a donné une véritable leçon, ne laissant rien aux Lézards ni au hasard. «Il ne faudra pas faire autre chose demain, dit Kevin Romy. Il faudra peut-être même être encore davantage dans le contrôle de nos émotions. Et surtout, oui surtout, ne pas répondre aux provocations. On s’attend forcément à une réaction de Fribourg. De notre côté, nous sommes aussi prêts à rehausser le niveau d’intensité de notre jeu s’il le faut.»
Mais que peut faire le Dragon, lui qui a tellement semblé impuissant face à un adversaire qui en a gardé sous le pied? Quelle est donc la marge de manœuvre de Gerd Zehnhäusern? «Pour Fribourg, c’est le match le plus important de l’année, souligne Chris McSorley. J’ai trouvé notre adversaire très solide lors de l’acte I. Et je m’attends à une rencontre difficile et une longue série…» Vraiment? «Oui, vraiment…»
«Encore plus d’émotions»
Habile communiquant, le boss des Vernets n’avouera jamais sa satisfaction d’avoir joué un premier vilain tour à son homologue fribourgeois, lui qui dispute ses premiers play-off de LNA à la bande. Le coach des Dragons ré- clamait de l’émotion avant le dé- but de la série. Que réclame-t-il de plus à ses joueurs après cette première défaite? «Encore plus d’émotion…»
Il pourrait également suggérer à ses leaders de véritablement sortir du bois comme l’ont fait ceux de Genève. Sans fanfare ni trompette, Johan Fransson, Goran Bezina, Romain Loeffel, Jim Slater, Matt D’Agostini, Noah Rod, Daniel Rubin et Kevin Romy, pour ne citer qu’eux, ont tous monté le curseur d’un (premier) cran. «C’est juste, dit Kevin Romy. Il y a eu une véritable préparation physique tout au long de l’hiver pour arriver dans un pic de forme au moment des play-off. C’était mon but d’être à mon meilleur niveau à ce moment-là afin d’aider au mieux l’équipe. C’est vrai que je n’ai pas toujours été constant pendant les cinquante matches. Mais c’est maintenant que la saison commence vraiment!»
«Les play-off, c’est en mars que ça se joue. Pas avant.» Leçon No 4…
Power-play
L’affiche A l’occasion de cette deuxième partie des quarts de finale des play-off, Ge/Servette, qui mène 1-0 dans la série, se rend ce soir à la BCF Arena de Fribourg pour y défier Gottéron. Coup d’envoi à 19 h 45.
L’effectif grenat Pas de changement prévu. Mercier est incertain. Riat, Douay, Bays et Almond sont blessés. Tom Pyatt sera confiné au rôle ingrat d’étranger surnuméraire.
Mathématiques Le calcul est simple pour les Dragons: il reste au plus six matches dans cette série des quarts de finale. Ils doivent en remporter quatre. Contre un adversaire qui a remporté les cinq derniers duels. Dur, dur…
Du côté de Fribourg Kamerzin et Loichat sont toujours blessés alors que Vauclair (suspendu jeudi) effectuera son retour. Réway devrait relayer Génoway, transparent lors de l’Acte I. «On doit mettre plus d’émotions dans notre jeu!» tonne Gerd Zenhäusern, conscient que son équipe montre un autre visage à domicile
«Cela s’est joué le long de la bande» (par Virgulator)
Comme Jim Slater, il patinait la tête haute. A l’époque, cet arrière aussi courageux que Jacquemet aurait même pu arrêter un puck avec les dents. S’il a rangé ses patins il y a trois ans pour des raisons de santé (il a souffert d’une embolie pulmonaire), Paul-André Cadieux est toujours, à 69 printemps, aussi passionné, le hockey c’est sa religion.
Ancien mentor de Gottéron (sous l’ère Bykov-Khomutov) et de Ge/Servette (juste avant que ne débarque McSorley), ce grand connaisseur, aujourd’hui consultant pour Teleclub, n’a pas compris l’attitude pusillanime des Dragons aux Vernets.
«C’est comme un boxeur dans les cordes qui baisse sa garde, il se fait mettre K.-O.!, remarque le père de Jan, ex-joueur des Aigles, aujourd’hui entraîneur des juniors élites des Dragons et adjoint de Zenhäusern. Pour moi, cela s’est joué le long de la bande. Les Genevois, à l’image de D’Agostini devant Schilt, pouvaient passer sans qu’un Fribourgeois ne tente quelque chose. Quand tu es en play-off, tu dois jouer plus physique, tu fais un pas de plus et tu mets l’épaule. On doit être plus solide dans les contacts, mettre plus d’intensité.» Et ce grand-papa toujours aussi dynamique de nous prendre le bras et de joindre l’acte à la parole. «Rivera et tous les joueurs fribourgeois répétaient avant la partie qu’ils seraient capables de se mesurer physiquement à Genève, mais cela n’a pas été le cas, constate-t-il. Pour avoir vu les cinq premières minutes de Zurich - Berne, c’était autre chose, il y avait une motivation différente, avec des belles mises en échec. Là, Fribourg avait à chaque fois un pas de retard.»
Pour Paul-André Cadieux le jeu physique n’est tout simplement pas dans les gènes des Lézards. «Quand t’es en play-off, ton adversaire doit être obligé de trouver un moyen illicite pour t’arrêter, image le vieux sage. C’est comme si on avait joué un match de championnat du mois de septembre. Les gars semblaient contents d’être là, sans détermination, en se disant peut-être qu’avec un peu de chance, un malentendu, ils pouvaient gagner…»
La bande de Saint-Léonard peut-elle se métamorphoser? Cadieux en est convaincu. «Si les Fribourgeois mettent d’entrée de la vitesse en fore checkant, comme ils l’avaient fait à Berne avant les play-off, qu’ils marquent, alors oui ils sont capables de réussir de belles choses. Même si… cela peut réveiller les Genevois qui ont été très gentils jeudi! Traber n’a même pas frappé. Peut-être faudra-t-il que le public verse un verre de bière sur McSorley pour mettre de l’émotion», se marre un Cadieux qui en a vu d’autres dans sa carrière!