L’attaquant de Ge/Servette, remis de sa blessure, est prêt à revenir, demain à Zurich, en demi-finale des play-off
En ce dimanche matin, sur la patinoire extérieure des Vernets, les Servettiens sifflent en travaillant. Il y a de la bonne humeur et des sourires dans cette équipe euphorique depuis qu’elle s’est brillamment qualifiée, jeudi soir, face aux Tessinois. Il y a surtout, au milieu des «jaunes» et des «grenats» qui patinent en peaufinant leur système, un homme rayonnant qui a des fourmis plein les patins et beaucoup d’envie. Un No 88 sur le casque, c’est bien lui qui virevolte sur la glace, si heureux de transpirer à grosses gouttes devant les cages de Robert Mayer et de Gauthier Descloux.
De retour au jeu après avoir manqué le quart de Lugano, Kevin Romy, remis, revit. Blessé à une épaule contre Fribourg-Gottéron juste avant les play-off (il a reçu une vilaine charge de Kwiatkowski), l’artiste de Chris McSorley a une grosse faim de loup, ou plutôt de Lion depuis qu’il sait qu’il va devoir en découdre avec le champion zurichois en demi-finales.
Du bon boulot pour revenir
«J’ai hâte de revenir avec les copains sur la glace», piaffe d’impatience l’attaquant des Vernets, qui a autant souffert dans les gradins que ses coéquipiers durant la série contre ces Bianconeri, ses anciens collègues, qu’il aurait tellement voulu défier. «C’était en effet difficile de suivre les gars en tribune, qui plus est face à mon ancien club. Mais j’ai travaillé dur pour revenir en forme. Les médecins et les physios ont fait du bon boulot et tout se passe bien pour moi aujourd’hui même si je vais devoir faire vite pour retrouver le rythme en compétition.»
Le Lausanne HC ayant échoué de peu, en prolongation, la veille à Berne, les Aigles vont donc éviter, dans un premier temps, un long déplacement à Davos. «De toute manière, lorsque tu arrives en demie, il n’y a plus de petites équipes», s’exclame celui qui a zappé toute la soirée pour jauger la forme du prochain rival des Aigles. «Peu importe finalement, si on désire aller au bout il faut être capable de battre tout le monde, renchérit-il avec aplomb, comme une évidence, bien décidé à tordre le cou à l’histoire. Les Zurich Lions sont aussi redoutables que Davos, mais c’est en effet plus proche pour nous que d’entreprendre le déplacement pour les Grisons.»
C’est donc, on l’a dit, Zurich, le locataire du Hallenstadion, qui a eu besoin de sept matches pour écarter Bienne, qui sera le challenger du vainqueur de la Coupe Spengler. Ou si vous préférez le même que la saison dernière à ce stade de la compétition. «On n’a pas oublié que nous avions été éliminés au 7e match, rappelle l’as neuchâtelois. On connaît leur force. C’est une très bonne équipe. Mais nous aussi on est capable de se hisser à leur niveau. Ce sera une série serrée où les détails vont faire la différence.»
Cette confrontation se jouera également, comme en quart, sur le plan physique, là où se régalent les soldats de McSorley. «C’est une formation équilibrée, très solide en défense, composée de très bons techniciens et d’autres joueurs capables de mettre de bonnes charges, lâche le fin technicien. Comme cette équipe te donne très peu d’espace, il sera important, pour nous, de jouer compact, de rester solide défensivement. Sinon, notre attaque parlera d’elle-même…»
Le souvenir de l’an passé
Kevin Romy n’a, bien évidemment, pas oublié que lui et les Servettiens s’étaient d’emblée imposés 5 à 0 lors du premier acte l’an passé dans l’antre du futur champion. Et si l’histoire attrapait à nouveau le hoquet? «Comme il y a douze mois, on y va avec la conviction que l’on est capable de les battre, poursuit le No 88 des Genevois. Ce sont eux qui auront la pression devant leur public. Pas nous. A nous de rester concentrés et bien organisés sur notre jeu durant soixante minutes. Et surtout d’éviter les pénalités, car on connaît leur force en power-play.»
Si les Grenat restent sur un éclatant succès de 6 à 1 contre la bande à Marc Crawford, le Genevois préfère l’effacer de sa mémoire et remettre la gomme. «Cette fois, nous sommes en demi-finales des play-off, ce n’est pas comparable», sourit-il, prêt à s’offrir ce festin de rois. Il a si faim…
McSorley: «Un miracle»
Chris McSorley, que vous inspire le retour de Romy?
Cela fait du bien de le retrouver dans l’alignement. Mais c’est un miracle que l’on soit toujours en vie, en demi-finale. Avec tous ces joueurs importants qui nous ont manqué contre Lugano, c’était une grosse performance de notre part d’éliminer ces Tessinois sans Kevin, Lombardi, Marti, Bays et Rivera. Les jeunes ont effectué un magnifique travail.
Et maintenant, comme l’an passé, au tour des Zurichois?
Zurich, Davos ou Lausanne: quel que soit le nom de l’adversaire, ce sera encore plus compliqué que face à Lugano. Zurich, c’est l’équipe la plus régulière de ces quatre dernières années. C’est une formation expérimentée et tactiquement très précise. Elle est très bien coachée par Marc Crawford qui a gagné dans toutes les catégories depuis qu’il est entraîneur. Je m’attends à une série très différente où il s’agira d’être très appliqué au niveau de la préparation.
Il y a douze mois, les Lions vous avaient éliminé au 7e match. Il y a de la revanche dans l’air…
On n’a jamais battu ou éliminé Zurich en play-off. Mais toutes les séries ont une fin. Comme d’éliminer une équipe mieux classée que nous en play-off. L’an dernier, nous avions eu l’opportunité de conclure. J’espère que l’on se retrouvera dans cette situation et que cette fois-ci on aura su retirer les leçons du passé…
Demi-express
Ge/Servette affrontera les Zurich Lions en demi-finales pour la deuxième année de suite. Lors de cette saison, les deux formations ont chacune remporté deux rencontres, les deux à domicile. Les Alémaniques se sont imposés 5-3 et 3-2 au Hallenstadion et les Aigles 3-2 et 6-1 aux Vernets.
Il s’agit de la troisième fois que les Genevois affrontent les Zurich Lions en play-off. La première, c’était lors de la saison 2007-2008, en finale. Les joueurs de la ville des banques au budget de 19 millions avaient décroché le titre (4 à 2) après avoir été menés 2-0 dans la série.
Il y a douze mois, les Aigles, qui menaient 1-0 après l’acte I sur la glace des Lions, ont cru jusqu’au 7e match pouvoir empêcher Zurich d’être sacré pour la 8e fois de son histoire.