23 février 2016

Le CP Berne (10e), club le plus riche du pays, le plus arrogant aussi, est au bord du gouffre. Les Aigles veulent enfoncer le clou

 

L’argent ne fait pas le bonheur, même s’il y contribue parfois. C’est une maxime qui s’applique au SC Berne, le club de hockey le plus puissant du pays. Plus de 20 millions pour la première équipe, un chiffre d’affaires proche de 30 millions pour la SA, des restaurants à foison, disséminés dans la plus grande patinoire de Suisse mais aussi dans la ville, près de 17 000 spectateurs de moyenne, des anciens dirigeants, joueurs devenus membres influent à la Ligue nationale, un mouvement junior performant… N’en jetez plus, les Ours ont tout pour être heureux. Alors, imaginez le cataclysme quand l’équipe phare se prend les patins dans la glace et manque le train des play-off...

 

Ce qui est considéré comme un accident sportif dans la plupart des autres clubs doit être élevé au rang de faute professionnelle grave à Berne. Parce que dans l’esprit du manager général, Marc Lüthi, une saison qualifiée de correcte est une saison où les Ours s’inclinent en finale. Et une saison réussie est couronnée d’un titre de champion. C’est cet état d’esprit, conquérant pour les uns, arrogant pour les autres, que l’homme fort a réussi à inculquer à tous les niveaux de l’entreprise. «Touchour trafaille, chamais rigole», pourrait-on lire sur un t-shirt estampillé SCB.

 

Rubin l’a vécu en 2014

 

«C’est toujours l’exemple à suivre sur le plan de l’entreprise, estime le Servettien Daniel Rubin, un ancien de la maison bernoise. Ils connaissent actuellement des difficultés sportives mais c’est explicable. Je pense qu’il y a un trou générationnel entre d’un côté des jeunes très talentueux et de l’autre côté des joueurs plus âgés mais qui ont perdu un peu de leur domination. L’équipe est clairement dans le doute. Et quand rien ne va. Rien ne va. J’avais déjà connu ça là-bas, il y a deux ans.»

 

Au printemps 2014, Berne avait déjà raté la qualification pour les play-off. Ce qui devait être une exception est en passe de se réaliser une seconde fois en trois saisons! «C’est assez incroyable, souligne Roland Gerber, qui fut lui aussi un Ours il y a quelques années. On peut trouver anormal que le plus gros budget de la ligue rate sa saison. Mais c’est aussi une façon de rappeler qu’en sport, le succès ne s’achète pas. Depuis le début de la saison, on sent que la chimie n’a pas vraiment encore pris dans cette équipe. On ne reconnaît pas le vrai SCB. Il faut dire qu’ils ont été particulièrement touchés par les blessures de plus d’une douzaine de joueurs. Ce n’est pas une excuse mais une partie de l’explication.»

 

Pour Daniel Rubin, la blessure du gardien titulaire, Marco Bührer, est sans doute la goutte d’eau de trop. «Quand une équipe ne tourne pas rond, c’est encore plus important de pouvoir compter sur un gardien régulier. Le goalie, c’est le seul joueur qui peut te relancer presque à lui tout seul. Et là encore, Berne a joué de malchance.»

 

Alors qu’il lui reste trois matches à jouer, l’Ours pointe donc à une indigne 10e place, à deux points de la barre. Le plantigrade inquiète, lui qui a été déclassé dimanche à Zurich. Qu’en sera-t-il ce soir face aux dauphins du leader? «Nous ne ferons de cadeau à personne en cette fin de saison, dit Daniel Rubin. Nous avons nous aussi des réglages à faire avant les play-off. Nous n’avons pas été parfaits sur le plan défensif lors des deux derniers matches.»

 

Un aveu de faiblesse

 

Pas question de spéculer, donc. Si Ge/Servette peut tuer un Ours mal dans sa peau, il le fera sans sourciller. Un deuxième voyage au purgatoire des Bernois ne susciterait pas une vague d’émotion d’ampleur nationale. C’est là le prix d’une arrogance ressentie par la majorité des autres clubs du pays. Un sentiment nourri par une certaine paranoïa – la fameuse théorie du complot qui voudrait que la ligue cède à tous les caprices de Marc Lüthi et consorts – mais pas seulement…

 

Avant que Hugh Quennec ne cède sa casquette d’actionnaire majoritaire du LHC, une folle rumeur agitait les arcanes du pouvoir du hockey suisse. Elle disait que Berne exerçait toutes les pressions possibles et imaginables pour faire sanctionner les deux frères ennemis lémaniques coupables d’amours incestueuses. Ce n’était pas qu’une rumeur. C’était surtout un formidable aveu de faiblesse de la part de dirigeants incapables d’éteindre l’incendie qu’ils ont eux-mêmes allumé. Non, l’argent ne fait pas toujours le bonheur. 

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette se déplace à Berne ce soir à 19 h 45.

 

Equipe Pas de changement par rapport à l’alignement de samedi à Kloten. Mattéo Détraz, commotionné rejoint à l’infirmerie Jim Slater, Cody Almond, Jeremy Wick, Arnaud Jacquemet, Jonathan Mercier, Christophe Bays et Frédéric Iglesias.

 

Coup de chapeau Genève Futur Hockey a vécu une fin de semaine faste. Les novices Elite et les juniors Elite A se sont qualifiés pour les play-off. Les deux pépinières du GSHC seront confrontées à Berne.