Ambiance de feu et match un peu fou dans une patinoire qui a fêté ses joueurs et réclamé la démission du président Quennec
Bonne nouvelle! Il y a toujours de l’électricité aux Vernets. De la glace aussi. Ça tombe bien car si le club bat de l’aile, l’Aigle lui, patine fièrement. Presque sans états d’âme. Kevin Romy et Cie ont réussi le tour de force, pendant près de 61 minutes, de faire passer au second plan les soucis de trésorerie qui font planer un très gros doute sur l’avenir. Qui d’autre que Damien Riat pouvait délivrer les Vernets au terme d’un match fou contre un Davos joueur et toujours aussi réaliste?
Annoncé sur le départ, le «gamin» du club, qui a du sang grenat qui coule dans les veines, cristallise presque à lui tout seul cette période curieuse. À la fois inquiétante et envoûtante. D’un côté, il y a ces joueurs qui se battent avec une sorte d’énergie du désespoir. Et de l’autre, une direction qui se débat avec davantage de désespoir que d’énergie. Auteur d’un grand match, Damien Riat a confirmé qu’il est l’un des hommes providentiels du moment. Un «employé du mois» qui pourrait pourtant aller voir ailleurs la saison prochaine. Les incertitudes pesant de tout leur poids au moment de faire son choix.
Un des joyaux de la saison
«Plusieurs clubs sont intéressés par Damien», explique son agent, Fred Holdener. Croisé vendredi soir aux Vernets, celui qui est aussi le papa de Makai, ami et coéquipier de Damien Riat, affirme que «rien n’est fait». Une affaire à suivre comme on dit.
Damien Riat pourrait être accablé, perturbé. Il pourrait baisser le nez. Mais ce n’est pas le genre de la maison. Alors il lève la tête, enrhume la défense de Davos pour inscrire l’un des joyaux de la saison (4-3). Et c’est encore lui qui lèvera les bras après 18 secondes dans la prolongation. Associé à Noah Rod (encore un pur talent passé par le centre de formation genevois) et à Tanner Richard, l’homme qui sert le caviar à la louche et caresse parfois le puck comme s’il s’agissait d’un sein, le No 9 n’avait pas le cœur pour s’exprimer à l’issue du match. Comme certains de ses coéquipiers il a plutôt choisi de répondre à l’appel du kop qui est resté de longues minutes après la fin du match pour partager avec les joueurs son attachement à la couleur grenat.
La sourde oreille
Il y avait vraiment une ambiance particulière dans cette enceinte qui n’est plus honorée par ses locataires. Comme une belle énergie transmise par un public qui ne veut pas voir son club mourir. Comme impassible dans sa loge, Hugh Quennec a-t-il fait la sourde oreille quand ce kop a entamé le refrain demandant au président de rendre les armes avant qu’il ne soit trop tard?
Ce groupe de joueurs mériterait pourtant que des solutions soient rapidement trouvées. Malgré une défense bout de bois, les Aigles ont prouvé une fois de plus qu’ils n’étaient jamais aussi forts que lorsque la poisse leur colle aux patins (épidémie de blessures chez les défenseurs, trois tirs sur le poteau vendredi soir) et que les circonstances lui sont défavorables (suspensions de Almond et Da Costa).
Les jeunes ont amené une belle vitalité et de l’énergie. Et les routiniers ont assumé leurs responsabilités. Avec une mention particulière à Jeremy Wick. Reconverti en défenseur, l’attaquant canado-suisse a inscrit deux buts en situation de supériorité numérique. «Ce n’est pas un problème pour moi de jouer en défense, dit-il. Je suis bien aidé par mes coéquipiers. Et lors des power-play, j’ai pu montrer que mes réflexes d’attaquant n’ont pas disparu.»
Il reprend son souffle. «C’était un match très émotionnel. Une soirée particulière.»
On sent qu’il y a de la vie dans cette équipe. Il y a de l’électricité, aussi. Et ça, ça ne s’achète pas. Par les temps qui courent c’est déjà ça…