Les hommes de McSorley sombrent dans le deuxième tiers avant de réagir. Mais le mal était fait, Bienne en avait profité
Un homme en colère, une brochette de joueurs alignés en rang d’oignons, les échines courbées. Et puis ces va-et-vient véhéments qui disent plus encore la frustration que la rage. Au cœur d’un deuxième tiers-temps de toutes les errances pour un Genève-Servette solidement à côté de ses patins, Chris McSorley a passé en revue ses troupes, à sa façon. Criant, vociférant. Une fois, deux fois, trois fois il est passé et repassé devant le banc, le verbe lourd, le message froid et le visage vide. Plus besoin de regarder la glace, il n’y avait plus grand-chose à y voir, en tout cas pas ce qu’il aurait souhaité y trouver pour le dernier match de l’année aux Vernets. Le résultat est triste comme un Noël sans cadeaux: Ge/Servette s’est incliné 5-6, encaissant pour la première fois de la saison six buts à domicile, le tout malgré un baroud d’honneur dans l’ultime tiers. Pas suffisant!
Brebis égarées
Avec son costume de Père Fouettard, l’entraîneur a réveillé ses troupes, brebis égarées durant de longues minutes. Il a tout tenté pour provoquer un déclic, changeant de gardien, Bays remplaçant un Schwendener pas forcément dépassé, mais tout simplement plus en état de grâce. Ce deuxième tiers-temps avait pourtant permis aux Aigles de se remplumer, revenant à 2-2. Mais hier, avec des trous béants en zone défensive genevoise, les Biennois n’avaient attendu que… 16 minuscules secondes pour reprendre l’avantage et pour ensuite prendre le large. Spylo avait justement profité de ces largesses, notamment sur le… 3-6 à quelques secondes de la deuxième sirène.
Autant dire que la colère froide de McSorley s’est poursuivie dans le vestiaire. Et que pour le coup, les joueurs en ont saisi la portée. Bienne s’était régalé en décalant un ailier en sortie de zone, jouant vite vers Spylo par exemple. Ces passes faciles seront «coupées» au troisième tiers-temps. Et à l’énergie, à l’orgueil surtout, Genève-Servette s’est alors enfin montré à la hauteur. Le 4-6, tombé curieusement mais rapidement (déviation presque involontaire de Gerber), invitait à plus; le 5-6, rageur, de Picard suivait vite derrière. La promesse d’une fin de rencontre riche en émotions. Ce fut le cas, avec des derniers instants à six contre quatre et des dernières secondes si proches d’une égalisation inespérée. Parce que Bienne n’a rien volé. Meilleurs que les Grenat dans les deux premiers tiers, ils ont su profiter des circonstances, parfois, et des errements, souvent, des Genevois.
On pourrait imaginer un Chris McSorley dépité. Il l’était, cachant sa déception derrière un discours lucide, mais qu’il voulait aussi visionnaire. «Je crois qu’il y avait sur la glace vingt-deux joueurs avec la tête déjà à Davos, soufflait-il en secouant la tête. Ou alors on était tous un peu fatigué, moi y compris, je prends mes responsabilités. Mais bon, il y a tout de même une bonne nouvelle!»
Une bonne nouvelle?
Une bonne nouvelle dans cette défaite qui a fait le bonheur de Bienne? «Oui, souriait timidement McSorley. L’année dernière, au même moment en championnat, juste avant la Coupe Spengler, nous avions fait le même match contre Rapperswil. La suite, ce fut la victoire à Davos et ensuite nous étions la meilleure équipe de la ligue. Alors voilà: j’espère que la même chose se reproduira cette année…» Une nouvelle magie de Noël?