6 octobre 2014

Les Genevois, qui encaissent beaucoup de buts, ont concédé à Berne leur 3e revers de suite. De quoi se poser des questions…

 

L’Aigle, qui avait réussi son envol, qui planait en dessus de la barre, ne s’est-il pas vu plus beau qu’il ne l’est vraiment? Cinq matches en neuf jours, deux points (face à Zurich), six buts marqués, dix-neuf encaissés. Voilà pour la réalité des chiffres, plus explicites qu’une longue diatribe. En un mot: plus dure est la chute. Les revers contre Lausanne HC lui ont-ils brisé les ailes? Après une quatrième défaite (la troisième consécutive), samedi à Berne, ce Ge/Servette sans émotion, dominé physiquement, traverse actuellement une mauvaise passe. Et ça rentre comme dans du beurre…

 

«On a été pourris», avait déclaré Guy Boucher, le dompteur des Ours, muselés un jour plus tôt à Lausanne. Malgré cela, les Grenat, pris à froid dès la 48e seconde seulement (un mauvais changement de ligne!), n’auront fait illusion qu’un petit quart d’heure, juste après que Daniel Rubin (voir ci-dessous ) eut manqué son duel avec Marco Bührer. Au lieu de 2 à 2, c’était 3 à 1 et le début de la fin pour des Genevois maladroits, brouillons, qui n’avaient pourtant plus perdu face aux joueurs de la capitale depuis un an (quatre victoires d’affilée).

 

Un gardien qui a perdu son auréole et trahi par sa confiance, une défense à la rue qui multiplie des erreurs de débutants, des attaquants qui marquent le pas, des étrangers décevants sans parler de ce power play sans âme: il y a vraiment de quoi se poser des questions.

 

Le gardien est-il coupable?

 

Si Tobias Stephan était capable, par sa présence, son talent et son expérience, de remporter à lui seul un match comme celui de samedi, ce n’est pas (encore) le cas pour Christophe Bays. La doublure de Cristobal Huet à Malley, qui n’avait pas joué autant de rencontres la saison dernière, n’est pas habituée à les enchaîner avec autant d’intensité. «On a exigé beaucoup de lui depuis le début de la saison», remarque l’entraîneur des Vernets. «S’il a commis une ou deux bourdes, Bobby a fait un très bon job, en sauvant d’autres situations chaudes devant sa cage, renchérit son coéquipier Daniel Rubin. C’est à nous devant de le protéger et de corriger le tir. Il est jeune, tout n’est pas de sa faute. Si ça se trouve, c’est le seul joueur qui fait son boulot sur la glace.» Robert Mayer, qui a soigné les ligaments d’une cheville, devrait pouvoir le soulager d’ici une semaine à dix jours.

 

Bezina doit-il rester derrière?

 

Mieux vaut parfois faire marche arrière que perdre son chemin, dit le dicton. A Berne, Goran Bezina, qui avait erré comme une âme en peine la veille dans le quatrième bloc d’attaque contre Davos, est donc logiquement repassé derrière. Romain Loeffel suspendu jusqu’au 18 octobre, Chris McSorley, qui n’est pas un imbécile, a compris qu’il n’avait pas trop le choix. «C’est un luxe de posséder un tel joueur dans mon équipe, surtout lorsque j’aligne quatre étrangers en attaque», sourit l’Ontarien. «Il est clair qu’il est encore un peu court derrière, qu’il aura besoin d’un peu de temps pour retrouver ses repères après son long voyage en attaque, souligne Daniel Rubin. Mais avec son expérience, l’un des meilleurs défenseurs de la ligue va beaucoup nous aider.» Que Cody Almond (il a été retranché au Minnesota Wild) revienne ou pas, la place du capitaine, bombardier de la ligne bleue, est en défense. Avec ou sans Loeffel.

 

Les étrangers en cause

 

Chris McSorley ne cache pas qu’il est actuellement déçu de ses leaders. «J’attends beaucoup plus de mes étrangers, tonne le boss. Ils doivent comprendre que la ligue n’est pas patiente avec les mercenaires. Ils ont la pression mais je crois en leur potentiel, ce sont des bons gars dans le vestiaire.» Arrivés tardivement à Genève, Paul Ranger et ses copains de NHL payent-ils les efforts de la Ligue des champions? «Gagnons demain contre Briançon et nous rechargerons nos batteries ensuite», enchaîne McSorley, qui ne leur cherche aucune excuse.

 

La situation

 

Ce n’est pas la crise mais cela pourrait vite le devenir si les hommes de McSorley continuent leur descente dans le classement. Avec dix matches et quatorze points, Ge/Servette est toujours du bon côté de la barre. Mais ça revient fort derrière. «On vient de terminer une semaine difficile où on a encaissé beaucoup de buts, mais aucun rebond n’a été favorable pour nous, relate le coach ontarien. Mais je crois toujours en l’équipe, on va se remettre au boulot et on sera prêt vendredi.» Partir des profondeurs pour arriver au sommet, cela s’appelle une profusion. On n’en est pas encore là. D’ici là, place à Briançon, à la Ligue des champions. Une bonne occasion pour l’Aigle de reprendre son envol…

 

Daniel Rubin est maudit

 

Dans les bras de Morphée, quand il est arrivé seul devant le gardien, la petite lumière rouge s’était pas allumée. De ce moment-là, Daniel Rubin en avait rêvé. Mais c’est à croire que cette glace de la PostFinance Arena est vraiment maudite pour lui.

 

De retour sur une patinoire qui ne lui convenait déjà pas quand il portait jusqu’à la saison passée le tricot des Ours (un but en 101 matches!), le Bernois de Genève-Servette a de nouveau vécu une sale soirée dans la capitale. A la 14e minute, il est arrivé seul devant le gardien mais la petite lumière rouge ne s’est pas allumée. Lorsqu’il s’est retrouvé en face de Marco Bührer, le top scorer des Aigles s’est cassé les dents sur le portier des «plantigrades».

 

«C’était un moment clé du match et j’ai manqué ma feinte, regrettait celui qui aurait certainement fait trembler les filets s’il avait été aux Vernets. Une occasion comme celle-ci, cela doit être au fond, c’est clair, mais je n’ai pas tiré assez haut, Marco m’a bien eu…»

 

L’attaquant de Chris McSorley est conscient que sur les trois opportunités qu’il s’est créées (27e en power play et à la 31e), il aurait dû marquer au moins une fois, surtout celle-ci. «Peut-être qu’avec nos matches de Ligue des champions, nous sommes actuellement fatigués, mais les autres équipes le sont également; des jambes un peu lourdes ce n’est pas une excuse, soupire Daniel Rubin. C’est surtout dans la tête. Je pense surtout qu’en début de championnat, tout marchait trop bien pour nous et on a sous-estimé les détails. Maintenant la roue a tourné, c’est tout le contraire qui se produit. On commet trop d’erreurs individuelles en zone défensive et cela se paie cash.»

 

L’ailier droit, réputé pour son gros engagement physique, ne cache pas non plus que son équipe évolue pour heure contre nature. «On ne joue pas bien en ce moment, que ce soit en défense ou en attaque. Notre force, dans l’équipe, est depuis des années de mettre de la vitesse et de l’énergie, et c’est ce qui nous manque cruellement. Du coup on est moins performant. Les défenseurs et les attaquants, on ne travaille pas ensemble, c’est ça notre problème. A nous de corriger tout cela et vite car on ne peut pas continuer ainsi. Il ne faut pas laisser le doute s’installer car tous ces points perdus seront difficiles à récupérer…»

 

Daniel Rubin le crie haut et fort: «Chaque individu dans le vestiaire, moi le premier, doit élever son niveau, et ce dès mardi contre Briançon.» Autrement dit, reculer pour mieux sauter. Ou plutôt ne pas exploser!