14 septembre 2015

Grâce à leur portier, les Genevois ont réussi un départ parfait. A confirmer face à des équipes plus fortes. Dès demain à Fribourg…

 

Les moutons, entassés dans le hangar à côté de la patinoire, ont beaucoup bêlé samedi soir. Comme si on venait de voler leur laine pour tout l’hiver! Frustrés, comme tous les fans du néo-promu, comme ces partisans qui hurlent à chaque fois qu’on chatouille d’un peu trop près l’un des leurs. L’Ilfis, dans l’Emmental où le hockey est une religion, a tout d’un piège ou d’un enfer. Sur la glace, tout est permis. Ou presque. «Il y a toujours un petit coup qui traîne», peste Noah Rod, reparti à Genève avec des bleus. Et trois points miraculeux.

 

Force est d’admettre que, sans un dernier éclair et un coup du tonnerre de Tom Pyatt, déjà décisif la veille, Genève-Servette ne serait jamais sorti avec le butin du guêpier des Langnau Tigers. Il a fallu un coup de reins de son brillant canadien à 25 secondes du gong, pour que le visiteur rafle la mise…

 

95,35% de réussite

 

Mais les Servettiens peuvent surtout taper dans le dos de leur ange gardien. Car si les hommes de Laporte méritaient la totalité du gain, ils en voudront surtout à Robert Mayer. Le dernier rempart a été impeccable, même lorsque le petit poussait, que Gustafsson, De Domenico, Clark et consorts l’ont bombardé dans sa cage (43 tirs), quelque peu abandonné par sa défense. C’est évident: sans une grosse performance du «goalie» des Vernets (95,35% de réussite), l’Aigle aurait été plumé…

 

Sébastien Beaulieu se montrait forcément fier de son poulain. «Mais je ne dirais pas qu’il a été fantastique, tempère l’entraîneur des portiers de Ge/Servette. Je l’ai trouvé propre, bien placé et bien engagé pour exploiter son talent. On a travaillé fort ces derniers temps pour changer quelques détails. En étant beaucoup moins spectaculaire et en accordant moins de rebond, il a effectué un pas dans la bonne direction. Ces trois points sont pour lui…»

 

La sympathie des arbitres

 

Là-bas où, dans leur histoire, les Genevois n’ont jamais été vraiment à la fête, les Grenat ont pu également compter sur la «sympathie des arbitres en début de partie» (et c’est Chris McSorley qui l’a dit!): deux buts inscrits en power play après notamment une sanction de cinq minutes, assortie d’une méconduite de match, à Ville Koistinen. Après l’ouverture de Romy, la réussite de D’Agostini a fait du bien à des Servettiens déjà en verve dans cet exercice vendredi soir (6 buts sur 11!) pour prendre rapidement deux longueurs d’avance. Avant de subir durant deux tiers interminables. Où le public est devenu chèvre. Et les Aigles des agneaux…

 

Chanceux, mais…

 

«On a été chanceux de marquer à 25 secondes de la fin, je vous l’accorde, mais les deux buts inscrits avant en situation spéciale, on ne les a pas volés», estime Robert Mayer. «On a été passifs dans notre zone, mais Langnau n’est jamais arrivé à un ou à deux contre un devant moi, ce qui a facilité la tâche», reprit un cerbère qui apprécie lorsque le public crie ainsi dans son dos. «C’est encore plus drôle quand tu arrives à les faire taire. Lors d’un derby, comme ce sera le cas mardi à Fribourg, tu retires en plus l’énergie de la foule pour gagner…»

 

Auteur de 72 arrêts sur 76 tirs lors des deux premières parties de championnat (soit 94,74% de réussite), le Tchéco-Suisse est prêt à faire encore la différence face aux Dragons. «Mais attention, prévient Beaulieu, ces pourcentages sur un court terme sont à prendre avec prudence. On n’a quand même pas affronté deux équipes dominantes. Robert a effectué deux belles performances mais attendons encore cinq à six rencontres avant qu’il ne rejoigne dans la constance des gardiens comme Genoni, Huet, Stephan et Flüeler. Il y a encore beaucoup de travail…» Mayer s’en rapproche!

 

Reste que tout ce qui est déjà pris n’est plus à prendre. «Ces six points dans la poche, on n’aura pas à les chercher plus tard», s’exclame un McSorley prêt à faire sa pelote…

 

Romy sur la bonne voie

 

Il n’avait plus connu cette jolie sensation, celle de faire trembler des filets, depuis le… 10 février. Autant dire que ce but, celui qui a placé ses coéquipiers sur la voie du succès, Kevin Romy l’a apprécié. «Il m’a fait plaisir, c’est vrai, sourit l’attaquant neuchâtelois. Mais c’était surtout une victoire d’équipe.» S’il était conscient qu’à l’Illfis, il était important de marquer en premier, le No 88 – qui a terminé la partie avec le chandail No 74 (son tricot initial était imbibé de sang après un coup de canne puni de Koistonen au visage) – préférait relever le gros caractère de sa formation en Emmental, surtout dans les dernières secondes. «On était tous conscients qu’il y aurait une grosse réaction de Langnau au deuxième tiers et cela n’a pas manqué. Les Bernois, qui disputaient leur premier match à domicile depuis leur retour en LNA, nous ont mis sous pression et on a eu de la peine à sortir de notre zone en commettant passablement d’erreurs défensives. A la fin, on s’en sort bien avec ces trois points. Un match, c’est soixante minutes.»

 

Pour l’international des Vernets, «il reste encore du travail aux Grenat, mais on est sur la bonne voie». Demain c’est déjà Gottéron, à Fribourg, juste avant de recevoir Lausanne vendredi soir dans un chaud derby lémanique. «Par chance, on peut aussi compter sur un bon gardien dans la cage!» conclut-il.