10 octobre 2016

Privé de nombreux joueurs, le coach de Ge/Servette a lancé trois juniors dans la bataille face au leader zougois. Les Grenat mal payés

 

Ce n’est un secret pour personne, comme Del Curto à Davos, Chris McSorley n’est pas un coach comme les autres. Capable de sortir son gardien alors que sa formation évolue avec déjà deux hommes de plus, cet as du poker, bluffeur à ses heures, est prêt à tout ou presque pour faire marquer et gagner son équipe.

 

S’il donne souvent l’impression de maîtriser la situation, l’Ontarien se pose aussi beaucoup de questions avant de placer ses meilleurs pions dans l’arène. Avec lui, Floran Douay, excellent lors de ses deux dernières sorties, a pris une nouvelle dimension. Mais avant d’exploser, le Français en a bavé, le boss ne lui a fait aucun cadeau.

 

Et quand McSorley est privé de pièces maîtresses, comme c’était le cas samedi soir, que fait-il? D’autres que lui auraient sollicité des clubs partenaires en LNB pour se faire prêter des joueurs. Mais pas lui, la solution est interne. Almond, Schweri et Vukovic qui rejoignent l’infirmerie? Qu’à cela ne tienne, il fait appel à sa relève et puise dans le vivier. Après avoir lancé Yoan Massimino (19 ans) dans le bain bouillant de la Post Finance Arena, la veille à Berne, il a cette fois plongé Neil Kyparissis (18 ans) et Guillaume Maillard (17 ans) dans la réalité de la LNA.

 

Stephan intraitable

 

Face au leader, ce trio qui forme la première ligne d’attaque des juniors Elite de Ge/Servette a évolué sans complexe, comme des roublards, sans démériter, face à Raphael Diaz, Lino Martschini et consorts. «J’ai eu des frissons», avoue Kyparissis, des yeux plein d’étoiles. «Jouer aux Vernets devant autant de monde, on en rêvait depuis tout petits. C’était un peu stressant, mais c’était un beau rêve qui se réalise, renchérit Guillaume Maillard. Chris nous a dit ne pas perdre le puck bêtement et de mettre de l’énergie, que cela allait bien se passer. Je crois qu’on a fait ce qu’il fallait!» Oh oui!

 

A l’instar du big boss, le coach des juniors Patrick Emond était fier de ses p’tits gars. «Ils étaient un peu nerveux mais ils ont bien joué en mettant beaucoup d’intensité, lâche le Québécois. Ils ne s’attendaient certainement pas à jouer autant, mais vu que cela se passait bien, Chris leur a fait confiance. Ils ont mis le puck derrière les défenseurs et complété les mises en échec, tout en se comportant bien défensivement. C’est ce qu’on attendait d’eux.» Ils reviendront! «J’espère qu’il y en aura plein d’autres», sourit Massimino, pas loin de tromper Tobias Stephan, comme la veille dans la capitale face à Leonardo Genoni. «Il a fermé l’angle au dernier moment, sinon c’était goal!» La prochaine fois, peut-être…

 

«Ils ont drôlement bien joué», s’exclame l’ex-portier des Grenat de retour à la maison avec les Zougois, qui n’a, une fois de plus, offert aucun but à ses anciens coéquipiers. «A vrai dire, lâche le futur papa (c’est prévu pour janvier), à part Mercier, Vukovic et Antonietti blessés, je ne connais bientôt plus personne dans cette équipe!» Juste Romy, Simek et Jacquemet, devenu défenseur, qui lui fait à chaque fois trembler ses filets!

 

«La chance va tourner»

 

Auteur de l’égalisation, le Valaisan estime, comme les 6257 spectateurs des Vernets, que les Genevois ont été mal payés. «Robert Mayer nous a donné la chance de nous imposer, mais on n’a pas su la saisir. On méritait mieux, c’est sûr, pestait l’ex-attaquant. Cela dit, on ne peut pas espérer un succès quand on ne marque qu’un but en deux matches!» Elémentaire, mon cher! Reste qu’il s’en est fallu d’un rien pour que Romain Loeffel et ses copains ne réussissent l’exploit. «On n’était pas inférieurs à Zoug», regrette le défenseur, conscient qu’avec un peu plus de baraka, les Grenat auraient mérité (au moins) un bon point. «C’est un week-end où on a beaucoup shooté et travaillé et au final on est mal récompensé, soupire, de son côté, Timothy Kast. Il nous a manqué un peu de réussite et de l’énergie pour faire tourner le match en notre faveur.»

 

A quoi ça tient! A un but gag tombé de nulle part à la 36e minute, dévié par Johann Fransson en dessus… du casque de Robert Mayer. Ce, après, quasi le même en couleur (dévié par Loeffel) en début de rencontre (8e). Le portier des Aigles, qui a multiplié les parades, ne méritait pas ces deux coups du sort. «Mais la chance va tourner», se convainc McSorley. Elle sourit souvent aux audacieux…

 

Cody Almond absent un mois au moins

 

Quand Will Petschenig a rejoint, le visage en sang, les vestiaires, on s’est demandé si tout là-haut, un petit lutin avait une dent actuellement contre les Servettiens, dont les soldats tombent tous, tour à tour, comme des mouches au combat! Plus de peur que de mal finalement pour ce défenseur sympathique mais qui tarde à justifier tous les espoirs qui étaient placés en lui par son entraîneur à son arrivée.

 

Il n’empêche que cette poisse si tenace depuis quelques semaines s’accroche aux patins des Genevois. Alors qu’Eliot Antonietti, qui s’est fait opérer à un genou, ne reviendra (en principe) pas avant le sprint final, Cody Almond a troqué également sa canne contre des béquilles. Le Canado-Suisse, qui, lui, carburait à plein régime en ce début de saison, a reçu un vilain coup dans la capitale lors du premier tiers. Il a passé une IRM samedi matin et le verdict est sans appel: déchirure musculaire aux obliques, quatre semaines de repos. Son moral est en berne.

 

«C’est, heureusement, moins grave qu’on ne le craignait vendredi soir», soupire un Chris McSorley fier du caractère de ses hommes et qui espère bien pouvoir récupérer Noah Rod (touché à une main), Jonathan Mercier (épaule) et Daniel Rubin (bas du corps) le week-end prochain avant la double confrontation face aux Zurich Lions (samedi aux Vernets et dimanche au Hallenstadion). «Nous aurons vraiment une équipe différente», se réjouit le coach.

 

Absent dans la fosse des Ours, Kay Schweri a pu être aligné samedi. Mais uniquement durant les situations spéciales. La révélation de ce début d’exercice va profiter de cette semaine sans match au menu pour se refaire une santé et soigner un petit doigt en mauvais état. Il devrait être également d’attaque samedi prochain.

 

Ce ne sera pas le cas de Daniel Vukovic, qui souffre à une cuisse. «Depuis que je suis à Genève, il y a à chaque fois un moment donné où la malchance s’acharne sur nous, grimace Arnaud Jacquemet. Cela dit, mieux vaut que cela arrive maintenant qu’en play-off!» Mais cela commence à faire beaucoup!