Genève-Servette ne mène plus que 3 à 1 dans la série. Julien Sprunger sera de retour aux Vernets demain…
Est-ce la présence de Slava Bykov dans les gradins, celui qui a tant fait rêver Saint-Léonard, qui a rallumé la flamme du Dragon? Ou cette fameuse énergie du désespoir, la peur du vide et du bide, qui a sauvé Gottéron de l’élimination? Toujours est-il que Fribourg est toujours en vie. On l’a même vu, revenu de nulle part, cracher du jeu et tournoyer autour de l’Aigle grenat. S’ils mènent toujours 3 à 1 dans la série, les Servettiens, comme s’ils voulaient attendre d’être devant leur public pour valider leur ticket, ne sont pas encore en demi-finales…
Avant que ne commence ce quatrième acte de tous les dangers pour un challenger dans ses petits patins dans ce quart romand des play-off, l’optimisme n’était en effet pas vraiment de mise devant la patinoire.
Il brasse les lignes
On craignait le pire du côté de la Sarine. Surtout après les trois premiers épisodes en grenat. Même Julien Sprunger, le capitaine, le top scorer, l’icône, semblait comme résigné dans la presse locale. «On ne trouve pas la clé pour gagner. Genève n’a pas un effectif qui fait rêver mais il est composé de joueurs très complets qui répondent présent à chaque match et qui nous posent passablement de problèmes», constatait l’attaquant, certainement encore bien tourneboulé et traumatisé par sa soirée cauchemardesque de mardi aux Vernets.
Depuis le début de cette série, le No 86 des Fribourgeois, privé d’espace et de puck, était passé complètement à travers. Comme complexé face aux Genevois, il n’avait jamais brillé contre ces joueurs qu’il considère trop rugueux, même s’il estime que «physiquement Ge/Servette n’est plus un rouleau compresseur».
Trois défaites consécutives, cela laisse forcément des traces. C’est d’ailleurs avec la tête basse que les Fribourgeois avaient rejoint, sans âme, le vestiaire des Vernets mardi, tous conscients qu’un gros train leur était passé dessus.
Or, après une grosse scène de méninges et parce qu’il n’avait plus d’autre choix, Gerd Zenhäusern avait brassé ses lignes, notamment celle de parade, de Sprunger, Plüss et Bykov. C’est ce que lui avait d’ailleurs conseillé Gil Montandon, l’ancien capitaine, avant l’acte No 3. Parce que Fribourg-Gottéron avait le dos au mur, le coach des Dragons les a séparés. Bien lui en a pris.
Si on ne construit pas des routes sur des sables mouvants, c’est avec un autre visage, plus entreprenant et conquérant, que les Dragons ont abordé cette partie. Comme si ces play-off commençaient pour eux. Face à des Genevois attentistes, pusillanimes, qui ont semblé attendre que la rage passe, le locataire a pris l’ascendant au deuxième tiers.
Bien emprunté
Sans Noah Rod (suspendu), Jeremy Wick et Daniel Rubin (blessés), il manquait des pièces essentielles sur l’échiquier de Chris McSorley pour envoyer du lourd. Privé de ce gros impact physique, le visiteur a semblé bien emprunté. Les coéquipiers de Bezina se sont longtemps appuyés sur Robert Mayer avant que le dernier rempart ne courbe l’échine. Il aura suffi de trois minutes à Marc Abplanalp et Colby Genoway pour mettre le feu au Dragon. Or, contrairement à samedi passé, les Genevois, qui avaient, rappelons-le, effacé un débours de trois buts, ne sont jamais revenus dans cette partie. Ils n’ont pas trouvé la force. A croire qu’ils avaient conservé leurs munitions pour demain, où Julien Sprunger va revivre une soirée cauchemardesque aux Vernets. Mais attention, le Dragon, qui ne veut pas encore lézarder, crache à nouveau du feu!
Pouliot avait la clé (par Grégoire Surdez)
Comme un symbole, c’est lui qui a scellé le score dans le but vide. Si la révolte fribourgeoise devait avoir un visage, c’est forcément celui de Marc-Antoine Pouliot que l’on désignerait. Il avait été l’un des seuls Dragons à ne pas avoir sombré lors des trois premiers duels. Chaque séquence où Fribourg parvenait à s’installer dans le camp de défense des Aigles coïncidait avec la présence sur la glace du Canadien. Hier soir, c’est une nouvelle fois lui qui a montré la marche à suivre.
Associé à Greg Mauldin et Colby Genoway, Pouliot a été le plus remuant. Deux fois passeur décisif, notamment sur le 2-0 inscrit en supériorité numérique (belle passe à Genoway), l’ancien joueur d’Edmonton a rappelé qu’une série n’est jamais terminée. On aurait aimé pouvoir recueillir les impressions du sympathique attaquant mais c’était compter sans l’attitude détestable des responsables de presse et de la sécurité de Fribourg-Gottéron. Dommage, pour une fois que l’on pouvait rendre hommage à l’un des meilleurs étrangers du pays, qui n’avait pas envie de partir si tôt dans la saison lézarder au soleil…
Ce point du sursis, Fribourg le doit aussi à Gerd Zenhäusern, dont l’immobilisme avait été pointé du doigt. Le Valaisan a enfin sorti les mains de ses poches pour redessiner ses lignes offensives. Il a donc séparé la fameuse SBP (Sprunger-Bykov-Plüss) et réuni ses trois attaquants étrangers. De quoi donner le tournis pendant les quarante premières minutes à des Aigles beaucoup trop attentistes.
«On a sans doute trop porté le puck, admet Romain Loeffel, pas à la fête pour son anniversaire. Il faudra revenir aux fondamentaux dès samedi. En play-off, autant il ne faut pas être euphorique dans la victoire, autant il ne faut pas tout remettre en question lors d’une défaite.»