En Finlande, les Aigles ont été éliminés aux tirs au but. De quoi nourrir beaucoup de regrets…
Ils ont bien cru, les Servettiens, qu’ils iraient voir le Père Noël début décembre. Mais l’homme à la barbe blanche, qui avait plus de sentiments pour les Finlandais, en a décidé autrement lors de la cruelle séance de tirs au but. Les Genevois, qui s’étaient imposés 2-0 à l’aller, peuvent toutefois nourrir de gros regrets. Car avant que la nuit ne tombe cette fois-ci sur la glace de Kisapuisto, les joueurs de Chris McSorley se sont créé une kyrielle d’occasions nettes, que ce soit avant la prolongation (Tom Pyatt, Jacquemet, D’Agostini, Bezina, Romy) puis ensuite, en overtime.
Sur des détails
De retour au jeu, Taylor Pyatt, idéalement servi par son frère, a gâché un caviar à la 61e, seul devant Markkanen. Avant que Noah Rod (62e), qui avait permis aux Grenat de jouer ces dix minutes supplémentaires, n’échoue à son tour. «On est passé si proche, qu’on est forcément déçu, regrettait le jeune attaquant, ce requin affamé de trophées. Mais cela s’est à nouveau joué sur des détails qu’on doit régler au plus vite pour atteindre notre réel niveau.»
C’est en effet à force de rater des montagnes que le visiteur n’a pas été en mesure de relever le col. Il a échoué au pied d’un premier sommet de sa saison, à la loterie. Dommage, le coup (ou la coupe) était jouable. «On a fait un joli parcours, mais on avait vraiment envie d’aller plus loin», pestait le «gamin», même s’il s’est remis en confiance en faisant trembler les filets, il attendait ce moment-là depuis début septembre. Qui a dit un mal pour un bien?
Sans être supérieur aux Helvètes, SaiPa Lappeenranta, qui éprouve aussi des soucis dans son championnat, a su se montrer plus tranchant et opportuniste devant la cage pour s’octroyer ce ticket pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Les visiteurs, pourtant requinqués et motivés par cette compétition, sont sortis la tête haute, mais le moral (un peu) égratigné. Kevin Romy et ses copains avaient terminé le match aller sur les rotules, à quatre contre cinq, en s’appuyant sur un Robert Mayer époustouflant, ils ont fini ce retour sur les genoux, avec cette fois-ci un Christophe Bays dans les buts tout aussi inspiré. Mais cela n’a pas suffi.
Egalisation rageuse
Remis de ses douleurs à la hanche, ce jeune gardien talentueux avait croisé les doigts pour que ça dure. Pour lui et, surtout, son équipe. Parce qu’il n’aime pas regarder les matches depuis les gradins, l’ex-doublure à Lausanne de Huet était très excitée qu’on la remette en cage. «On va aborder ce match comme s’il s’agissait du premier, qu’il y avait toujours 0-0 et qu’on doit le gagner.» Le portier vaudois des Vernets aux 89,6% d’arrêts, qui avait relayé un Robert Mayer touché à une cheville, a longtemps été connecté avec le ciel. Durant de longues minutes, il s’est montré intraitable, impeccable, déterminant, il a retardé l’inéluctable. Lui qui ne s’était plus remis en cage depuis le 17 octobre (face à Kloten), a su répondre présent. Mais «Bobby», comme tout le monde le surnomme dans l’équipe, ne pouvait pas colmater toutes les erreurs de ses coéquipiers. De nombreuses pénalités ont fait mal…
Après une rageuse et prometteuse égalisation de Chris Rivera (4e), les Genevois semblaient tenir leur os. Mais il eut fallu à ce moment-là profiter des espaces offerts par l’adversaire qui s’était dégarni pour convaincre le Père Noël. Et si l’homme à la barbe blanche, en choisissant les Finlandais, avait fait un cadeau aux Servettiens, en leur évitant un gros coup de barre?
McSorley fâché contre ses leaders
U «On est arrivé à Helsinki dans la nuit noire, il faisait encore tout noir ce matin pour l’entraînement, il a plu une fois le jour levé et il fait à nouveau noir avant qu’on ne reparte à l’aéroport», rit (jaune) Chris McSorley, qui n’a pas trouvé les câbles de pontage pour charger les batteries de certains de ses joueurs hier soir. Journée noire.
Avec la Coupe de Suisse et la Spengler, il avait fait de cette prestigieuse compétition de la Ligue des champions un honneur, son premier objectif de la saison. Mais le coach ontarien est reparti de Finlande avec un premier échec et une grosse frustration. «On va faire désormais le maximum en championnat cette saison pour revenir l’an prochain, a-t-il lâché, devant les dirigeants de SaiPa Lappeenranta, avec le sourire. C’était, regrette-t-il, une superbe aventure très bien organisée…» Après avoir lancé des roses aux organisateurs de cette Coupe européenne présents à 20 km de la Russie, le coach ontarien a ensuite touché les épines. Celles de son équipe qui lui étaient restées plantées en travers la gorge. Il était fâché contre certains.
«Ce ne sont pas Chris Rivera et Noah Rod qui devaient faire la différence aujourd’hui, pestait le Canadien à l’heure du réquisitoire. Je regrette vraiment que mes leaders des premières lignes n’aient pas été en mesure de prendre leurs responsabilités avant la prolongation.» L’œil torve, aussi noir que le ciel finlandais, l’entraîneur-manager n’a pas mâché ses mots. «On n’a pas d’excuses, on devait être en mesure de trouver les ressources durant le temps réglementaire pour remporter ce duel sur l’ensemble des deux parties.» Il n’a pas donné de noms, mais il est évident que leurs oreilles vont chauffer lors de la prochaine séance de vidéo. «On encaisse des buts bêtes et on commet des erreurs par la faute de nos leaders qui devaient éviter à Christophe Bays, qui revenait de blessure, cette séance de tirs au but.» S’il attend, forcément, un sursaut d’orgueil ce vendredi (déjà) à Rapperswil, Chris McSorley est convaincu que la «meilleure équipe» qu’il n’a jamais eue entre ses mains, va décoller, comme la saison dernière, après Noël. Après la Coupe Spengler et avec Matthew Lombardi…