Article
Federico Bochy, lun 04/09/2017 - 11:33

Une nouvelle saison est toujours synonyme de nombreuses inconnues. Nous en avons retenues dix qui nous paraissent être les clés d’une campagne réussie. Comme il est difficile de les classer par importance, elles sont donc classées de manière totalement aléatoire, chacun pouvant ainsi se faire sa propre opinion.

 

1. La sauce Woodcroft va-t-elle prendre ?

 

Voici donc venu le moment que nous craignions tous depuis longtemps : le GSHC va débuter une saison sans McSorley à la barre. Si l’on peut être (ou non) convaincu par ce changement ou par le CV de son remplaçant, le fait est qu’il va falloir s’y adapter, que ce soit pour les supporters ou pour les joueurs. Quand on connaît l’importance qu’avait le « système McSorley » dans l’ADN de l’équipe et dans le recrutement, il devient normal de s’interroger sur la capacité de l’effectif actuel à modifier l’ensemble de ses habitudes de jeu. On a pu apercevoir passablement de bonnes choses lors des matchs de préparation, mais il manque encore du temps à l’équipe pour être prête. Espérons donc que la sauce prendra au plus vite afin de ne pas perdre des points bêtement ou voire même s’enfoncer dans une spirale négative à la fribourgeoise.

 

2. Est-ce réellement de la profondeur qu’il manquait au GSHC ces dernières saisons ?

 

À quatre jours de la reprise du championnat, l’effectif actuel des Aigles comporte 34 noms. Sans avoir effectué de recherches dans les cartons d’archives, nous ne nous avançons pas trop en disant que c’est du jamais vu à Genève. Même s’il y a fort à parier que certains (R. Chuard, Leonelli, Heinimann, voire même Impose) n’entreront que rarement en ligne de compte et vont principalement évoluer en LNB cette saison, le réservoir de joueurs ayant leur place en LNA reste énorme et ce malgré les blessures de Mayer et Douay, le contrat à court terme de Weisskopf et le possible départ de Rod. À titre personnel, je me permets de supposer que les jeunes Kyparissis, Massimino et Maillard (malgré son excellent été) devront également passer par la case LNB avant de pouvoir briguer une place de titulaire chez les Grenat. Il devrait probablement en être de même pour Antonietti qui n’a plus rejoué depuis la saison passée alors qu’il était déjà à cette époque-là en manque de rythme. Et malgré avoir retranché ces 11 noms, il reste encore un ou deux joueurs à mettre en tribune, qui pourraient se trouver parmi les Rubin, Šimek, Traber, Jacquemet ou autre Petschenig. Autant dire qu’une cascade de blessures ne pourra plus justifier tel ou tel mauvais résultat et qu’il faudra trouver une autre excuse !

 

3. Les matchs le jeudi vont-ils réellement amener du monde aux Vernets ?

 

Le soussigné s’en faisait déjà l’écho il y a quelques semaines, le GSHC va disputer une large majorité de ses matchs à domicile en semaine. S’il y a indéniablement de bons arguments tant chez les partisans que chez les opposants de cette décision, le pari est dans tous les cas risqué. Prendre ce genre de décisions fortes dans une période où l’affluence faiblit année après année pourra être considéré soit comme un coup de génie, soit comme un choix suicidaire pouvant coûter sa place à la personne l’ayant prise. L’avenir nous le dira, mais toujours est-il que l’interrogation est grande à quelques jours du début de saison.

 

4. La perte des droits TV de Teleclub aura-t-elle une influence sur la moyenne de spectateurs en Suisse ?

 

La question ne concerne pas uniquement le GSHC, mais comme le sujet a probablement fait couler autant d’encre en Suisse que le transfert de Neymar (peut-être parce qu’il s’agissait dans les deux cas de gros sous et que les gros sous, ça fait vendre), je me devais de l’aborder. Maintenant que le hockey ne sera plus aussi facilement accessible pour tout un chacun (certains n’ayant tout simplement pas accès à l’offre d’UPC tandis que d’autres ont préféré rester fidèles à Swisscom), il restera à déterminer à qui profite le crime. L’offre TV ayant régulièrement été citée comme principale raison de la baisse des affluences de LNA, la tendance devrait ainsi logiquement s’inverser. Logiquement ? Je n’en serais pas aussi certain, puisqu’il demeure tout à fait possible qu’une partie de ce public occasionnel se désintéresse purement et simplement du hockey. Il reste donc à découvrir quelle en sera sa proportion et quelle incidence cela aura sur le microcosme hockeyistique helvétique.

 

5. Le partenariat avec Cardinal peut-il améliorer la qualité de la bière aux Vernets ?

 

Nous vous en avons déjà parlé en long, en large et en travers depuis des années, la fameuse bière des Vernets (fournie par Feldschlösschen) remporte régulièrement le titre de breuvage le plus dégueulasse de Genève (un titre qui semblait pourtant attribué de manière définitive au Perlant local). Quelle ne fut donc pas ma surprise au moment de me rendre aux Vernets l’autre jour de découvrir que les buvettes avaient été recouvertes d’un jaune que l’on pensait interdit en dehors des contrées fribourgeoises. Je n’ai pas osé la goûter (il est paraît-il déconseillé de boire de l’alcool lorsque l’on se trouve en état de choc), mais il faut bien avouer que cette horreur ne pourra que difficilement être pire que ce dont nous avions l’habitude. Et pourtant, dieu sait si je déteste cette bonne vieille Cardoche !

 

6. Quel rôle va jouer Hugh Quennec cette saison ?

 

Successivement président, propriétaire, actionnaire, homme providentiel, tête de Turc, homme de paille et présentoir à casquettes, le Canadien a souvent défrayé la chronique ces dernières années, pour le meilleur comme pour le pire. Depuis ce printemps néanmoins, il semble avoir été mis sous tutelle par son groupe d’investisseurs dont la figure de proue est Mike Gillis. Ce dernier s’avère d’ailleurs bien être le nouvel homme fort du club malgré son titre de vice-président. En ce qui concerne Quennec, vu qu’il n’a plus l’air d’avoir son mot à dire dans le dossier de la nouvelle patinoire et qu’il s’est grillé auprès de nombreux sponsors dans ses déboires avec McSorley ou le Servette FC, on peut légitimement se demander quel est encore son rôle au sein du club. Il est pourtant toujours là, fidèle au poste, à serrer des mains et observer ses protégés s’ébrouer sur la glace. Le sera-t-il encore à l’heure du bilan de cette saison 17-18 ? La question reste entière !

 

7. D’où sort tout cet argent ?

 

Nous en avons parlé dans la deuxième question, l’effectif contient actuellement 34 joueurs (sans compter L. Chuard, prêté de longue date en LNB). Il faut ajouter à cela l’encadrement sportif de cinq personnes (Woodcroft, O’Leary, Matte, McSorley, Hennig). Cela fait donc un budget à trouver pour une quarantaine de personnes. Pour un club suisse de hockey qui n’a ni les revenus de Berne, ni les mécènes de Zurich ou Lugano, ni même la Coupe Spengler pour équilibrer ses finances chaque saison, la question est légitime. Il est désormais de notoriété publique qu’un riche entrepreneur russe comblait par le passé quelques trous dans la comptabilité Grenat. Celui-ci s’étant retiré, sa succession semble être assurée par les investisseurs de la nouvelle patinoire. À quelle hauteur, pour combien de temps et avec quelle contrepartie ? Nul ne le sait. Quelles conséquences en cas de nouveau retard ou de retrait du projet ? Nul ne le sait. Est-ce que cela ressemble à une nouvelle fuite en avant ? Oui, sans doute. Mais tout ceci étant basé sur des suppositions, cette question va donc assurément alimenter les discussions pendant encore un long moment !

 

8. Verra-t-on la pose de la première pierre au Trèfle-blanc ?

 

La réponse est bien évidemment non, car il me semble pratiquement impossible au vu de l’avancement actuel du dossier (du moins pour ce que l’on en sait) que le chantier débute dans six mois. Mais la vraie question à se poser est la suivante : quel sera l’avancement du projet lorsque nous soulèverons le trophée de champion de Suisse en pleine campagne pour les élections cantonales ? Car il y a fort à parier que ces dernières influeront énormément sur le processus de décision. C’est malheureux pour les Aigles, mais la nouvelle patinoire va à nouveau être politisée, tel un serpent de mer que l’on ressort ponctuellement, puis oubliée sitôt la période des promesses passée. L’ennui provient du fait que pour une fois, le GSHC semble avoir réussi à trouver des investisseurs sérieux et que ceux-ci pourraient se lasser de voir le projet stagner ou être l’objet de querelles politiques. Et s’ils venaient à se retirer, c’est à peu près toute la pyramide mise en place par le club qui s’effondrerait, avec les risques sérieux que cela comporte…

 

9. Chris McSorley sera-t-il toujours au club à la fin de la saison ?

 

« Promu » dans un rôle de directeur sportif qu’il occupait déjà depuis son arrivée en 2001, McSorley a vu son quotidien changer cet été et la glace s’éloigner. S’il reste théoriquement en charge de tout l’encadrement sportif et notamment du recrutement, il n’en demeure pas moins que sa présence au club aujourd’hui est aussi et surtout due au fait que son contrat le rend invirable. C’est un secret de polichinelle que ses relations avec Quennec ne sont pas au beau fixe et que la direction des Aigles souhaitait s’en débarrasser. Néanmoins, il semblerait qu’il ait finalement conservé plus de pouvoirs que ce que l’on aurait pu craindre au départ, sans qu’on en sache véritablement les raisons. Mais en connaissant le caractère de battant de Chris, il serait surprenant qu’il se laisse bercer ainsi jusqu’à la fin de son contrat. Il est certes tombé amoureux du club et de la région genevoise, mais si un défi à la hauteur de ses ambitions (une équipe nationale ? un poste en NHL ?) venait à s’offrir à lui, il ne serait pas étonnant de le voir quitter le GSHC. La question est donc plutôt de savoir quand cette immense page se tournera. Espérons que ce soit le plus tard possible !

 

10. Le GSHC sera-t-il Champion de Suisse ?

 

Enfin débarrassé de tout ce qui a pu lui servir d’excuses ces dernières saisons (le système McSorley, Dany Kurmann, Reto Steinmann, le manque de profondeur, etc.), le GSHC se trouve cette saison face à ses responsabilités. Les planètes semblent s’aligner pour que cette année soit enfin la bonne. Un étranger dominant en Suède pour renforcer la défense, un nouvel international suisse en attaque, des étrangers qui rempilent, tout s’est bien passé cet été. Même la blessure de Mayer qui aurait pu plomber la saison n’est finalement pas aussi grave que prévu. Dès lors, peut-on être optimistes ? À mon avis oui. Cette équipe est probablement intrinsèquement l’une des plus fortes que nous ayons pu voir aux Vernets. Tout dépendra dès lors de la cohésion et de la capacité de ce groupe à assimiler les nouveaux schémas de jeu. Si une dynamique positive s’installe dans le vestiaire, la qualification pour les Playoffs ne sera pas un problème et dès ce moment-là, qui sait jusqu’où le vent mènera les Genevois. Dans le cas contraire, si une mauvaise série venait à perdurer, les risques de non-qualification augmenteraient en flèche. Et quand on se rappelle l’ambiance étrange qui régnait autour du club la saison passée alors que sportivement le job était fait, mieux vaut croiser les doigts pour que la première alternative se réalise rapidement !