Onzième victoire en treize parties pour des Grenat qui figurent parmi les quatre meilleures équipes du pays avant d’aller à Lugano
Dans son bureau des Vernets, Chris McSorley touche du bois et trinque avec son adjoint Louis Matte alors qu’ils se repassent déjà les reflets du match. «Et c’est ainsi que périrent les ennemis de la République!» Plus loin, dans le hall des Vernets, des fans cassent la marmite. «Ce soir, je peux le dire officiellement, on fait vraiment partie des quatre meilleures équipes du pays!» Le coach ontarien jette un œil rieur sur le classement alors que les Aigles viennent de dépasser, la tête haute, des Fribourgeois humiliés 9 à 1 par Davos dans leur chaudron.
«Onze victoires en treize matches, ce n’est pas rien», poursuit le boss des Grenat, qui peut se montrer fier de ses garçons qui enchaînent les succès avec panache et une sacrée maestria. «Et, renchérit l’Ontarien, on s’impose contre Zoug, l’équipe en forme du moment, sans Almond, Fransson, Antionietti et Simek.» Chapeau, en effet!
Le visiteur, avec un mur (Tobias Stephan) énorme dans sa cage, a longtemps contrarié les Genevois, surtout après ce but marqué en début de rencontre par Holden. Non seulement l’ex-portier des Aigles s’est montré intraitable dans sa cage, mais en plus, il pouvait compter sur une défense bien disciplinée, même lorsqu’elle s’est retrouvée à trois contre cinq (10e) face au meilleur jeu de puissance du pays.
Reste qu'actuellement, il ne peut rien arriver ou presque à Timothy Kast et ses copains. Même sur des routes truffées de virages, des trajectoires qui sont déviées, un chemin un peu tortueux, les Grenat finissent toujours par trouver la solution. «Surtout à la maison, devant notre public, les fans qu’ils soient debout ou assis, nous poussent vers la victoire!» Comme ses camarades, Noah Rod a toujours su dans son for intérieur que cela allait finir par tourner. Que sa formation ne pouvait pas se retrouver, la veille de l’Escalade, dans l’amer royaume.
Ce match de qualité, les hallebardiers, arquebusiers et cavaliers des Vernets, ou si vous préférez Wick, Lombardi et D’Agostini, l’ont emballé dans un papier de fête lors d’un second tiers de feu, pour casser la marmite sur la tête des Zougois. Après Berne et Zurich, les Servettiens prouvent qu’ils ne craignent personne dans ce championnat un peu fou. «Cette année, on possède une profondeur de banc extraordinaire», s’emballe un Chris Mc Sorley, qui ne s’exprimera pas sur les arbitres de la soirée, même s’il a vu comme nous, comme le public, les aberrations d’un quatuor bien en dessous de la moyenne.
«C’était un match bizarre que l’on aurait dû plier après le 4 à 1, remarque Kevin Romy. On a trop reculé, on n’aurait pas dû, ajoute le Neuchâtelois. Maintenant, même si la manière n’y était pas, on prend ces trois points les bras ouverts.»
Lugano, ce soir au Tessin? «On a les capacités de s’imposer», se persuade Noah Rod. «Mais ce ne sera pas une partie de plaisir, renchérit Romy. On va au-devant d’une partie compliquée avec un déplacement difficile chez un adversaire qui a changé de visage depuis l’arrivée de leur nouveau coach.» Dans son bureau, Lugano n’est pas encore dans la tête du chef. «Mais si vous me parlez de titre ce soir, je pense qu’on peut aller très loin si mes joueurs sont épargnés par les blessures!» Le boss touche du bois.
C'était un jour spécial
«Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille…» C’est le ténor Frédéric Bilhard qui a lancé avec beaucoup d’émotions cette belle soirée aux Vernets, un choc au sommet. «Genève se souviendra à jamais de cette nuit mémorable…» avait dit le secrétaire de la Compagnie des pasteurs le 12 décembre 1602. Cela n’a pas vraiment été le cas hier soir même si les Genevois ont encore gagné…
Depuis que la Mère Royaume a versé sa marmite bouillante sur les Savoyards, on fête l’Escalade. Avec des moments magiques. Aux Vernets également c’est devenu un jour spécial. Tout d’abord, le visiteur arrive avec Tobias Stephan et une demi-heure de retard sous prétexte que le vendredi il y a plus de trafic sur l’autoroute. Et on ne parle pas de la sécurité renforcée à cause des risques d’attentat. Bref.
Puisque c’était un jour spécial, les joueurs de Ge/Servette ont évolué avec un maillot différent. C’est aussi une tradition dans les gradins. On se déguise, à l’image des Cheerleaders. «C’est le seul match où les filles peuvent venir avec une autre coiffure, un chapeau coloré ou des chaussures qu’elles ont envie de mettre», explique la capitaine Deborah, habillée pour la circonstance en sapeur-pompier. Dans les tribunes on a aussi repéré Superwoman, Wonderwoman, Harry Potter mais aussi Charlotte la Panthère et Fanny en arbitre. Pour beaucoup de fans dans la patinoire, elle aurait pu facilement prendre la place d’un des Zèbres sur la glace, une fois de plus dans un jour très spécial…