Ge/Servette doit attendre ce soir pour connaître son adversaire. Mais il a montré contre Berne qu’il ne doit craindre personne
Un œil sur la glace. L’autre sur le tableau d’affichage. Il ne fallait pas souffrir d’un torticolis pour savourer pleinement le spectacle. Il en ira ainsi ce soir aux Vernets. Car Ge/Servette ne connaît pas encore le nom de son adversaire en quart de finale des play-off. Battus au bout du bout d’une interminable séance de tirs au but, les Aigles ont quitté Berne la tête haute malgré quelques regrets légitimes. Avec un seul point récolté, les Grenat pointent désormais au 6e rang. C’est Davos, vainqueur à Bienne, qui fait un pas en avant.
A une journée de la fin, c’est donc Zoug qui se dresse sur la route des Genevois. Mais, comme si Alfred Hitchcock avait décidé d’écrire le scénario de cette fin de saison, tout est encore possible. Cinquième, sixième, septième ou huitième, Lausanne, Zoug, Zurich ou Berne: Ge/Servette n’est même pas à l’abri d’une culbute qui lui ferait retrouver son bourreau d’un soir.
Mais dans le fond, est-ce bien là l’essentiel? Vendredi soir, sur la glace du champion en titre, Ge/Servette a réalisé une performance solide. «J’ai aimé la manière, dit Chris McSorley. Contre ce Berne-là, il ne nous a pas manqué grand-chose. Plus que jamais, nous ne regarderons pas les résultats des autres équipes. Contre Kloten, comme ce soir (ndlr: vendredi soir), nous jouerons dans le seul but d’engranger un maximum de points.»
Au-delà du résultat brut, c’est donc surtout la manière qui aura plu au coach canadien. Pendant 65 minutes, il a vu ce Ge/Servette accrocheur et solidaire qui est appelé à briller lors des séries finales. «Avec toutes les galères, les blessures et les difficultés que nous avons connues cette saison, je suis heureux de constater que l’équipe monte en puissance au bon moment.»
L’Ontarien n’aura pas non plus manqué de faire un autre constat: en l’absence de leur feu follet Nathan Gerbe (légèrement blessé vendredi matin à l’entraînement), les Aigles ont eu le mérite de s’illustrer dans un registre physique et de faire preuve d’une bonne dose d’opportunisme, à défaut de réalisme. Un homme en particulier a même profité du malheur de l’ailier de poche. On veut parler de Jim Slater, «capitaine mirage» mis au placard depuis que l’équipe gagnait et brillait sans lui. L’homme a de l’orgueil et semble être par l’odeur des play-off alléché.
L’Américain est apparu bien en jambes. Un peu comme s’il avait des choses à prouver. Ou à se faire pardonner? Auteur d’une saison en dessous de ce que l’on est en droit d’attendre d’un joueur étranger, l’Américain a gratté des pucks le long des bandes. Il a porté le danger, la tête haute, comme au plus fort de la saison passée. Il a aussi été se frotter aux as de la provocation adverses et à tous ceux qui auraient eu l’idée d’aller chatouiller Robert Mayer d’un peu trop près.
Le retour en forme de Jim Slater ouvre le champ des tactiques à Chris McSorley. Le coach pourrait, le cas échéant, opter pour un quatuor offensif de mercenaires. «C’est une bonne chose pour toute l’équipe de pouvoir compter sur Jim. Et effectivement, cela peut nous donner une certaine marge de manœuvre.»
En coulisses aussi, on est déjà en mode play-off
Le coup d’envoi des play-off, c’est dans une semaine. Cette saison de tous les désirs qui nous fait chaque fois oublier que la saison régulière est parfois très longue. Bref, on nous promet du jeu, du pain et de la bière, beaucoup, pour les supporters. On nous promet des coups bas, des coups durs, des coups de folie. On nous promet surtout un silence radio du côté des services de communication des clubs. Pour être bien certain de ne pas rater le train des play-off, Berne et Ge/Servette ont pris de l’avance. Les deux clubs sont déjà en mode play-off.
A Berne, Tristan Scherwey et Simon Bodenmann, deux pièces maîtresses, sont blessées. «Quand seront-elles de retour?» ose un journaliste alémanique. Eclats de rire dans la salle. «Leur cas est évalué au jour le jour», précise le responsable de presse bernois. Ce n’est plus de la langue de bois, c’est de la langue de béton. Dans le camp genevois aussi, le staff est en forme olympique. Nathan Gerbe s’est blessé vendredi matin à l’entraînement. Idem pour Juraj Simek. Et devinez quoi? Leur cas sera évalué au jour le jour… En ce qui concerne l’Américain, en feu depuis deux mois, son absence vendredi soir serait plutôt d’ordre préventif. On peut en revanche annoncer que sauf indication de dernière minute, Noah Rod fera son retour au jeu ce soir. L’attaquant est absent depuis le 14 janvier. Il s’était blessé à un genou en bloquant un puck. Il revient aux Vernets au bon moment. Puisque l’on parle des Vernets, notre confrère Dino Kessler, du Blick, y annonce la venue pour la saison prochaine du défenseur suédois de Frölunda Henrik Tommernes. Réaction officielle genevoise: «Il nous intéresse, mais nous ne sommes pas les seuls.» Forcément.