C’est presque une fatalité pour qui fait du hockey: les dents se cassent. Mais il y a aussi la prévention et la réparation. En plusieurs étapes
«Un sourire pour la photo, s.v.p.?»
Le hockeyeur est un homme courtois, alors il propose son plus beau sourire et dévoile une dentition souvent aléatoire. Il a bien sûr, le plus souvent, des prothèses provisoires, mais ces dents qui manquent sont le lot de tous, de beaucoup en tout cas.
Alexandre Picard, Damien Riat et Roland Gerber, trois joueurs de Genève-Servette, témoignent de cette réalité. Il y a le mercenaire étranger, le jeune qui a encore toutes ses dents et le vieux loup suisse, bien édenté.
Dans l’histoire, il y a aussi un dentiste, celui du GSHC, aux petits soins pour réparer les dégâts, Bruno Bertossa, des cliniques dentaires Adent.
Concrètement, les dents sont rarement un problème avant 18 ans. Jusque-là, les jeunes hockeyeurs en herbe jouent obligatoirement avec un grillage vissé sur le casque, ce qui évite des rencontres frontales avec le puck.
Cela a été le cas de Damien Riat jusqu’à sa majorité. Depuis le 26 février 2015, il a toutefois enlevé la grille. Il pose à côté de Picard et Gerber. En les regardant, il sait ce qui l’attend, mais il a retiré sa protection dès qu’il a été autorisé à le faire. Curieux?
Damien Riat fataliste
«Un puck dans les dents, c’est aussi le métier qui rentre, lâche un Damien fataliste. Enlever la grille, c’est aussi une tradition pour montrer que tu es désormais un adulte. Mais je n’oublie pas de mettre mon protège-dents.»
C’est ce qui fait le bonheur de Bruno Bertossa, le dentiste. «Plus que la grille, puisque je peux comprendre qu’on veuille l’enlever, c’est le non-usage du protège-dents qui m’énerve. Nous faisons des protections sur mesure, mais certains ne les utilisent pas, prétextant qu’ils respirent mal…»
Cody Almond, il y a quelques semaines, s’est d’ailleurs fait sermonner par le dentiste. Parce qu’il laissait sa protection dentaire au vestiaire. «Il a rigolé, sans la mettre, explique Bertossa. Deux jours plus tard, il perdait ses deux incisives du dessus.»
Un protège-dents diminue fortement les risques, mais ne les efface pas pour autant.
Gerber, pourtant protégé…
Il y a donc souvent de la casse. Et Roland Gerber le sait bien. «Moi, je portais mon protège-dents, assure-t-il. Mais j’ai reçu un tir violent. C’était il y a huit ans à Langenthal.»
Alexandre Picard, lui, s’accommode de la situation. «Si tu choisis de faire du hockey, tu sais que tu auras des cicatrices et des dents manquantes. Tu es prêt à ça.» Mieux: tout est organisé. Le suivi médical chez le dentiste bien sûr. Et les «réparations». C’est l’assurance-accidents qui prend en charge le dommage. La tendance qui a longtemps existé était d’attendre la fin de la carrière pour tout refaire à neuf.
«L’accident est constaté, et en accord avec l’assurance, on ne fait pas la réparation tout de suite, explique Picard. Je referai tout plus tard.»
«Moi, le dentiste m’a dit à l’époque qu’il ne fallait pas faire des implants tout de suite, parce que cela était dangereux s’il y avait à nouveau de la casse, lance Gerber. Donc, en accord avec l’assurance, on a fait du provisoire, une prothèse qui dissimule le trou béant. Et ensuite, après ma carrière, on refera tout correctement.»
Un dentiste prévoyant
Mais les choses évoluent. Et Bruno Bertossa l’explique: «En réalité, maintenant, nous mettons des implants définitifs avec une couronne provisoire, précise le dentiste. Si l’on attend trop, tout est plus compliqué ensuite. Puis, c’est juste, nous refaisons les choses en fin de carrière, avec un souci esthétique.»
Les dents, c’est fragile face à un puck ou une bande et être le dentiste d’un club de hockey, c’est croiser très souvent des joueurs au cabinet. «Ce mois de septembre, j’ai déjà vu passer six ou sept joueurs», confirme Bruno Bertossa.
«Romy sera-t-il présent?»
Dans le vestiaire de la patinoire du Littoral, depuis quelques jours on ne parle plus que de ce match-là. «Ils sont tous excités de défier une équipe qui a brillé ces dernières années dans le championnat de LNA, explique Bertrand Faivet, entraîneur du HC Uni Neuchâtel, formation de première ligue, qui a l’honneur de défier le GSHC ce soir sur leur glace. Se confronter à un niveau qui n’est pas le leur, c’est la partie parfaite pour constater le chemin qui les sépare de l’élite.» Le successeur de Gil Montandon s’attend forcément à une casquette. «Si quelque chose peut se faire ce serait fantastique mais ça me paraît bien compliqué, sourit cet agent d’assurances, qui n’est pas un rêveur. Même si Ge/Servette se trouve dans une mauvaise passe avec ses nombreux blessés, notre but n’est pas de briser les avant-bras des Grenat, mais de prendre du plaisir.» Bertrand Faivet ne se fait pas trop d’illusions quant au verdict de ce seizième de finale: «J’espère juste qu’on jouera crânement notre chance et que Ge/Servette ne cherchera pas à nous humilier.»
Et l’entraîneur des Aigles du Littoral de poser la question: «Romy sera-t-il présent?» Pour les «gars du coin», on se réjouit de voir aussi les stars du canton qui ont réussi ailleurs. «Que ce soit Kevin ou Romain Loeffel, il y a quelques joueurs dans l’équipe qui se sont côtoyés lorsqu’ils étaient encore juniors. C’est aussi ça, la Coupe.»
L’an passé, Uni Neuchâtel n’avait eu aucune chance contre Fribourg-Gottéron, victorieux 10-1 au Littoral. «Notre objectif serait au moins d’en marquer un», sourit Bertrand Faivet, conscient que pour certains de ses protégés, ce match-là sera peut-être celui de leur vie…
Power-play
A l’affiche Genève-Servette s’en va à Neuchâtel pour le compte des 16es de finale de la Coupe de Suisse. Coup d’envoi à 20 h.
Absents Lombardi, touché aux ligaments de la cheville, devra patienter 6 semaines et Antonietti, deux à trois semaines en évitant une opération. Almond sera opéré ce mercredi (épaule) et Traber jeudi (genou). Romy est à nouveau d’attaque.
McSorley «Je veux bien sûr une victoire face à Neuchâtel.»