Les Servettiens peuvent compter sur un staff de qualité pour gérer des gros efforts à répétition lors des play-off. Décryptage
Entre la Ligue des champions, la Coupe de Suisse, la Spengler et le championnat, les Aigles ont déjà disputé 75 parties en moins de huit mois. Alors que la tension atteint son paroxysme lors des play-off, comment font-ils, ces héros, pour enchaîner des matches aussi intenses tous les deux jours? A peine ont-ils le temps de retrouver un second souffle, entre les quarts et les demi-finales, qu’un virus se mêle à ces bagarres: une gastro-entérite pour corser l’affaire. Les hockeyeurs des Vernets viennent même de s’imposer à deux reprises contre le champion zurichois alors qu’ils étaient diminués par cette maladie. Décidément, ces sportifs hors norme, qui remettent ça ce soir, ne sont pas construits comme les autres. Mais quel est le secret pour récupérer aussi rapidement?
1. Le joueur est bien conseillé
«Il s’agit de boire énormément d’eau même si on n’a pas soif, de manger sainement et de dormir entre huit et dix heures, sans oublier la sieste, explique Arnaud Jacquemet, qui retrouve gentiment des forces après avoir gagné sa guerre avec ses intestins. Durant la maladie, on a serré les dents en attendant le prochain shift pour que ça passe. Maintenant, avec ou sans gastro, le corps ramasse pas mal avec les déplacements. On a donc de la chance de compter sur les conseils de notre nutritionniste, de bons médecins et d’un préparateur physique tout aussi efficace. Même si on se connaît bien, cela nous aide à remettre la machine en marche et conserver le bon rythme.»
2. Le sommeil, c’est la clé
Jacques Ménétrey, l’un des médecins du club, passe un peu plus souvent à la patinoire lors des play-off, surtout ces derniers temps. «Les choses sont heureusement revenues au calme ce lundi et on croise les doigts, sourit le docteur. Maintenant, une gastro, ça met tout par terre. Par chance, elle est intense, mais relativement courte, soit entre 24 et 36 heures. Avec l’organisme des hockeyeurs, ils récupèrent assez bien. Or, dans une phase postvirémie, c’est le moment le plus délicat car les joueurs ont perdu un certain nombre de calories et d’énergie. Quand on joue tous les deux jours, le plus important est de bien gérer l’hydratation, qui influence la performance. Les play-off, c’est comme une course cycliste par étapes où il s’agit de garder une certaine constance et un équilibre dans l’aspect de l’hygiène de vie, nutritionnel et surtout du sommeil, c’est la clé. Les joueurs doivent être bien reposés et nourris correctement sans apporter des suppléments vitaminés ou des acides aminés.»
3. L’importance du shake d’Ella
Nutrithérapeuthe diplômée, Ella Ödman évite depuis juillet 2013 une baisse de régime aux Servettiens. Avec elle, les joueurs se nourrissent mieux, du petit-déjeuner qu’ils prennent ensemble jusqu’au soir. «Mon but est de changer leurs habitudes et de leur conseiller certains aliments, explique la Suédoise, qui envoie régulièrement des exemples de menus équilibrés à ses protégés. La récupération se fait dans les heures qui suivent le match, avec un shake (ndlr: une potion magique) à base d’eau de coco très riche en électrolytes et en potassium ainsi que du bicarbonate pour les «basifier». Après, je pousse les joueurs à manger des plats de qualité et variés: des sushis, des mets libanais, mexicains ou italiens. J’opte pour des aliments qui sont vite digérés et mous, pour qu’ils ne soient pas obligés de mâcher. Il peut y avoir du poisson riche en Oméga 3, du poulet ou des crevettes, mais rarement de la viande rouge, qui reste plus longtemps sur l’estomac. On choisit également des féculents à index glycémique plus élevé pour restaurer le taux de glycogène plus rapidement. Et de l’eau, de l’eau et de l’eau, surtout gazeuse (sauf en cas de gastro!), c’est l’aliment le plus important pour éviter la déshydratation. Ils peuvent aussi boire une bière pour évacuer les toxines, mais pas dix. Il s’agit ensuite de bien dormir avant de se remettre sur le vélo le lendemain matin après le petit-déjeuner et avant l’entraînement.»
Après la gastro, les tisanes, les bouillons de poule, le riz blanc et les bananes écrasées, les Servettiens ont retrouvé leurs habitudes et de l’énergie: ils veulent encore une fois manger du Lion!
Alex Picard «savoure»
Alexandre Picard a le sourire lors de ces play-off. Très peu utilisé durant la saison régulière par Chris McSorley, le No 81 des Aigles «profite» de l’absence de plusieurs joueurs étrangers pour obtenir du temps de glace lors de ces séries finales qu’il apprécie tout particulièrement.
On vous sent sur un petit nuage après avoir inscrit le but de la victoire samedi à Zurich.
Je savoure chaque instant! Marquer, qui plus est en prolongation dans un match de demi-finale de play-off, c’est un sentiment difficile à expliquer. C’est une situation spéciale qui ne se présente pas tous les jours dans une carrière.
Que s’est-il passé dans votre tête au moment où le puck a franchi la ligne?
(Il rigole) J’aurai voulu célébrer ce but d’une manière un peu plus virulente mais mes coéquipiers se sont très vite jetés sur moi et j’ai été retenu…
Vous devez votre place sur la glace aux blessures de vos coéquipiers étrangers, comment vivez-vous cette situation?
C’est malheureux pour l’équipe de devoir se passer des services de Matthew Lombardi et de Taylor Pyatt. Il est évident qu’une blessure est la dernière chose que je souhaite à un membre du vestiaire. Maintenant, quand une telle occasion se présente à moi, je ne vais pas la laisser filer. Je joue au hockey pour vivre de telles émotions: les play-off, ce sont des moments particuliers dans la vie d’un hockeyeur.
Paroles d'experts
Flavien Conne
«Cette équipe de Ge/Servette a les dieux du hockey de son côté, à elle de ne plus les lâcher! Il se dégage de cette formation une envie commune de renverser des montagnes. La rivalité entre les joueurs est saine et je pense aujourd’hui que la cohésion de groupe est excellente. En s’imposant à Zurich alors qu’ils n’étaient clairement pas favoris, les Aigles ont pris l’ascendant dans cette série. Le momentum est maintenant avec eux. Ils ont aussi trouvé un équilibre depuis le début de ces demi-finales qui fait défaut aux Zurichois, que je trouve très fébriles en défense. Leur gardien, Lukas Flüeler, n’a, pour sa part, pas montré tous les gages de qualité qu’on pouvait attendre de lui. Je le trouve mou dans ses arrêts, pas décisif.» Pronostic : Ge/Servette-Zurich 3-2
Olivier Keller
«Ge/Servette peut compter sur sa bonne étoile et l’équipe ferait bien de pleinement en profiter devant son public. Les Zurichois ont perdu toute confiance en leur gardien et les Aigles doivent capitaliser là-dessus en allumant Flüeler dès l’entame de match. Il va falloir d’entrée le mettre sous pression, tenter de le déstabiliser. Attention car les Genevois vont quand même devoir se méfier de cette formation, qui est capable de retourner la situation à n’importe quel moment. C’est pourquoi je vois toujours cette série se jouer lors d’un septième et dernier match décisif. Pour cela, les Lions vont devoir arrêter de faire tout et n’importe quoi et aller un peu plus au charbon. Cette demi-finale est loin d’être terminée.» Pronostic: Ge/Servette-Zurich 3-2
Power-play
L’affiche Ge/Servette, qui mène 2 à 1 dans la série, reçoit ce soir (19 h 45) les Zurich Lions aux Vernets pour l’acte IV des demi-finales des play-off.
L’effectif Christophe Bays, Christian Marti, Chris Rivera, Taylor Pyatt, Matthew Lombardi et Paul Ranger sont blessés. Tom Pyatt (malade samedi) est de retour dans l’alignement. Hier matin, Daniel Vukovic et Noah Rod ont été ménagés et n’étaient pas sur la glace. Le premier avait rendez-vous avec le physio alors que le second s’est contenté d’une séance physique en salle de musculation.
Le mot de Chris McSorley Le boss affichait la mine des grands jours hier matin. Il faut dire que le technicien ontarien était loin de se douter que son équipe avait les ressources nécessaires pour mener 2-1 dans la série après tous les soucis connus ces derniers temps: «Ce serait vous mentir que d’affirmer le contraire. Je tiens à tirer un grand coup de chapeau à mes joueurs, qui affichent une détermination de tous les instants.»