17 mars 2017

Rencontre avec l’homme qui incarne depuis seize ans Ge/Servette. Mais qui est sur  la sellette

 

Toutes les vérités ne sont peut-être pas bonnes à dire. Ou à entendre. Ge/Servette a certes accepté notre demande d’interview avec Chris McSorley, mais le chef de presse du club a été présent durant l’entretien. Une volonté des dirigeants, apparemment. Il est vrai que depuis quelques jours, le torchon brûle entre la direction et l’entraîneur-manager des Aigles. Hugh Quennec et Chris McSorley n’affichent plus qu’une courtoisie de façade. Mais c’est la maison grenat qui se lézarde.

 

Là un président qui s’est entouré d’une armée mexicaine et qui semble s’enfermer dans une fuite en avant; ici un entraîneur autoritaire et intouchable durant très longtemps, qui voit aujourd’hui certains joueurs s’épandre sur son cas dans les salons d’un grand hôtel. Ex-amis, vrais ennemis. Et au milieu l’avenir d’un club.

 

Chris McSorley, comment vivez-vous la situation actuelle?

 

C’est très difficile. Je poursuis mon travail au quotidien. J’espère que du positif en sortira. Personnellement, de 2001, année où je suis arrivé, à 2017, j’ai toujours eu la même intensité, la même passion pour faire mon boulot.

 

Quelles étaient vos relations avec Mike Gillis et Lorne Henning cette saison?

 

Très bonnes.

 

Comment s’opéraient les choix concernant les joueurs, etc.?

 

On a toujours discuté en interne, collectivement. Il y avait simplement une voix en plus avec Lorne Henning. Vous savez, avec ce qui est arrivé cette saison à cette équipe, quand on considère les blessures et tout, disputer les play-off s’apparente à un petit miracle. Je n’ai pas honte de cette saison, je suis fier de ce que les joueurs ont fait dans ces circonstances.

 

Et vos relations avec Hugh Quennec? On a le sentiment que cette relation est brisée…

 

(Il marque un temps d’arrêt avant de formuler sa réponse) J’apprécie toujours Hugh. Il est toujours poli avec moi et je suis toujours poli avec lui. De mon côté, il n’y a pas de problème relationnel. Je préférerais que la relation soit meilleure, mais elle est normale.

 

Des réunions ont lieu au Mandarin Oriental, où les joueurs parlent de la saison, mais aussi, sinon surtout, de vous, avec Gillis et Henning. Quel est votre regard sur ce tour de table, sans vous ni Louis Matte, votre assistant?

 

(Il prend à nouveau son temps, il fait visiblement très attention à ce qu’il dit) C’est une approche différente… Mais je respecte ce processus. Cela dit, deux jours après avoir perdu une série 4-0, on va forcément trouver des joueurs qui m’apprécient, d’autre pas et certains sans opinion. Des joueurs qui ont eu un rôle important et qui ont été bons seront plutôt contents de moi, d’autres seront mécontents. Et puis Louis et moi avions déjà fait un débriefing avec chaque joueur.

 

Est-ce trop facile de collecter des témoignages dans ces circonstances?

 

Oui. Et je souligne que de toute la saison, aucun joueur n’est venu vers Louis Matte ou vers moi pour dire son mécontentement. Pas plus qu’ils ne sont allés vers Lorne Henning ou Mike Gillis selon ce qui nous a été rapporté. Aucun ne s’est donc plaint de la manière dont je l’aurais traité ou de mon attitude. Oui, j’ai des attentes élevées et je pousse beaucoup l’équipe.

 

Avez-vous parlé à Quennec, Gillis ou Henning de ces entretiens pour avoir des explications?

 

Je ne veux pas commenter le management de Genève-Servette.

 

Avez-vous parfois insulté des joueurs lors de certains emportements?

 

Non. Lors de chaque rencontre avec un joueur, Louis Matte est présent. Et il n’y a jamais eu d’insultes lors de ces meetings privés. Parfois, le message que je délivre est abrupt, oui. Mais sans insultes. Ce qui peut se passer dans le vestiaire, juste après un match, est différent. Sinon, cela se passe dans le respect.

 

Il y a un peu plus de deux ans, vous vous partagiez encore les actions et le pouvoir avec Quennec. Pourquoi lui avoir vendu vos parts? Avez-vous été obligé de le faire?

 

(Son visage se ferme d’un coup) Je ne peux pas en parler.

 

Alors sans en parler, est-ce que tout est devenu plus difficile pour vous depuis ce moment?

 

Tout ce que je sais, c’est qu’on a eu des résultats et qu’avant cette saison, nous avons atteint trois fois de suite les demi-finales. Même si nous restons parmi les petits budgets…

 

Pourtant, ce qui se passe actuellement peut conduire à votre éviction…

 

J’ai un contrat valable. Je veux l’honorer et faire mon travail. Et puis on oublie une chose: entraîneur, ce n’est qu’une partie de ma mission. Je suis aussi manager général, le seul à fonctionner ainsi au sein de la ligue. Une responsabilité énorme.

 

On entend des bruits vous concernant à Lugano ou ailleurs.

 

Cela ne m’intéresse pas. J’ai eu des téléphones cette semaine, c’est sympa de se savoir désiré. Mais ici, c’est ma maison, c’est mon club. Et je veux continuer à travailler ici.

 

Avez-vous personnellement un rendez-vous au Mandarin Oriental?

 

Je vois Hugh Quennec, Mike Gillis et Lorne Henning ce week-end. J’espère aller de l’avant, dans la bonne direction, pour le bien du club.

 

Avec quelle équipe? (par Grégoire Surdez)

 

Le championnat s’est-il à peine achevé que le prochain a déjà commencé depuis longtemps. Au niveau des joueurs suisses, presque tout le monde est encore sous contrat pour au moins une saison. Le duo de gardiens Robert Mayer-Christophe Bays est inchangé. Le titulaire est officiellement en fin de contrat au 30 avril, mais l’annonce de la prolongation de son contrat (signée depuis plusieurs mois) devrait intervenir prochainement.

 

En défense, avec le retrait de KHL de son club de Zagreb, il y a de fortes chances pour que Goran Bezina poursuive sa deuxième carrière aux Vernets.

 

En attaque, seul Tim Kast quitte le club. Un choix qui, avec le recul, semble bien curieux lorsque l’on se souvient de la polyvalence du joueur, de son coup de patin et d’œil. On verra donc toujours les intermittents Juraj Simek, Daniel Rubin, Tim Traber et autres Jeremy Wick, tandis que le Genevois ira distiller ses belles passes à Zoug. Au rayon des joueurs étrangers, le Suédois Henrik Tommernes, du très lourd, devrait renforcer la défense. Jim Slater ne sera pas regretté. Nick Spaling devrait aussi quitter les Vernets. Son impeccable fin de saison pourrait lui valoir un retour en NHL. Nathan Gerbe, heureux à Genève, poursuivra l’aventure pour encore deux saisons. Sauf en cas d’offre solide d’un club de NHL. Francis Paré aimerait rester.

 

Les Aigles partiraient donc avec un duo de défenseurs étrangers, selon les souhaits de Chris McSorley. Une option rendue possible par l’arrivée quasi certaine d’un certain Tanner Richard (un ailier canadien de 23 ans à licence suisse).