5 novembre 2018

Capitaine de Ge/Servette, Noah Rod a toujours cru que les Aigles, encore menés 4-2 par Ambri à la 55e, pouvaient gagner

 

Esprit, es-tu là? Aux Vernets, on l’a longtemps cherché, samedi. Sur la glace, les joueurs de Chris McSorley ont subi le jeu plus simple et efficace de leur adversaire, un Ambri qui semblait avoir partie gagnée à dix minutes de la fin, lorsque Fabio Hofer a fait trembler les filets grenat pour la quatrième fois. Encore une fois, il avait manqué aux Grenat plus de conviction pour éviter la crise.

 

Après trois revers consécutifs, dont deux fessées à domicile, les Aigles avaient une grosse pression à gérer. «On exige une victoire et rien d’autre», avait tonné le président, Laurent Strawson. Cela avait mal commencé: un but encaissé après soixante-trois secondes et un deuxième à la 6e minute, avec un Gauthier Descloux plus fébrile qu’à son habitude. Robert Mayer l’a brillamment relayé dans la cage à la 22e (1-3), rallumant la flamme avec quelques arrêts déterminants.

 

«À 4-2 pour Ambri, à la 55e, pensiez-vous qu’on pouvait revenir?» Daniel Vukovic, qui n’y croyait plus trop, s’est jeté dans les bras de Jeremy Wick, auteur de deux buts en cinquante-deux secondes, pour le remercier. Et dans ceux de Noah Rod, qui a dévié victorieusement un tir de Fransson (57e), comme par miracle. C’est dans la souffrance que l’être humain prend conscience qu’il existe, comme le confirmait Noah Rod, convaincu que sa formation était capable de ce happy end.

 

«C’est le résultat d’une équipe soudée qui croit en ses possibilités et qui s’est serré les coudes tout le long du match, lâchait le jeune attaquant. On a eu des hauts et des bas, mais on finit tout en haut, tant mieux.» Selon Rod, il y a toujours une âme de guerrier au sein de la troupe. «Il n’y a jamais eu une aussi bonne ambiance dans l’équipe, assure-t-il. Dans le vestiaire, ce n’est pas comme l’année passée, là on rigole vraiment bien. On a du plaisir à venir travailler ensemble. Et cela s’est concrétisé ce samedi lorsqu’on a passé l’épaule dans les dernières minutes.»

 

Deux jours à Rome

 

De quoi oublier les cinquante-cinq premières, où lui et ses coéquipiers se sont fait tourner en bourrique par les Tessinois? «Même si nous restions sur trois défaites, on n’a jamais douté, assure le Genevois. On a prouvé qu’on avait une équipe solidaire pour réussir quelque chose de bien et qu’on en voulait. Des gens ont critiqué l’attitude de certains joueurs, mais nous ne sommes pas une équipe de tricheurs. On est des joueurs de hockey payés pour obtenir des résultats et vivre avec cette pression.»

 

Noah Rod, Gauthier Descloux et Tanner Richard (à la Deutschland Cup) ainsi que Floran Douay, Eliot Berthon et Tim Bozon (avec la France en Slovénie) entendent bien profiter de leur escapade en équipe nationale pour ramener encore plus de confiance aux Grenat qui, avant de se mettre au travail, vont se rendre deux jours à Rome pour se changer les idées. Deux matches à l’extérieur les attendent, à Berne le 13 novembre et à Lugano le 15. Avec quel état d’esprit?

 

L’optimiste regarde la rose

 

Les Aigles, qui ont repris comme par miracle leur envol, alors que plus personne ou presque dans la patinoire n’y croyait vraiment, sont-ils repartis de plus belle vers les sommets? Ce serait oublier, à dessein ou de manière malhonnête, les cinquante-cinq premières minutes indigestes que le public a dû se coltiner, durant lesquelles les Grenat ont encore une fois balbutié leur hockey. Car force est de constater que les Genevois, qui restaient sur trois mauvaises sorties avec seize buts encaissés, n’ont pas vraiment rassuré leurs supporters.

 

Alors que l’Ambri de Luca Cereda a démontré que ce sport est facile lorsqu’on joue simple, les Servettiens se sont surtout compliqué l’existence, laissant notamment des boulevards aux attaquants adverses, quand ils ne se débarrassaient pas d’un puck trop brûlant en l’envoyant le plus loin possible. Et encore une fois, que des pénalités stupides qui auraient pu coûter le match! C’est surtout avec l’énergie du désespoir, un patin dans le vide, que les Grenat ont sauvé la fa (r)ce, profitant notamment de la fatigue des Léventins. Mais peut-on parler de déclic?

 

S’ils se sont offert un sursis, un répit, il y a tout le reste – à commencer par une défense pain-fromage où Romain Loeffel n’a pas été remplacé. On ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette équipe. Noah Rod assure qu’il y a toujours une âme de guerrier dans le vestiaire, que personne ne triche. Personne? On aimerait bien le croire. Comme à Davos, où le discours d’Arno Del Curto ne passe plus, c’est à se demander si, aux Vernets, les joueurs écoutent encore McSorley, L’avenir nous le dira. Comme disait le philosophe, l’optimiste regarde la rose, pas les épines…