Chris McSorley reconnaît que son équipe n’a pas actuellement le niveau d’un calibre comme Zurich…
«J’ai l’impression que notre équipe ne choisit jamais la facilité, qu’elle veut vraiment maintenir le suspense jusqu’à la fin!» Chris McSorley tente de sourire, mais le cœur n’y est pas. Comme le 10 octobre, ses boys ont pris une gifle, une fessée, une correction. Appelez cela comme vous le voulez, le «petit» a été remis à sa place pour s’en aller comme un modeste qui a compris qu’il n’a pas actuellement les moyens de dialoguer avec un adversaire mieux classé que lui. «Zurich avait une machine bien huilée et nous n’avons vraiment pas été à son niveau, reconnaît amèrement un Chris McSorley dépité. On a affiché notre âge ce soir, nous étions des gamins!»
Sur le papier et dans les livres de comptabilité, les Zurich Lions sont à Ge/Servette ce qu’est Donald Trump avec un sans-abri américain: incomparable. Ils n’ont pas besoin d’un petit coup de pouce en fin de mois pour boucler leur budget, ni de points de l’adversaire pour disputer les play-off, ils sont d’ailleurs déjà qualifiés. Et pourtant, le visiteur, qui a beaucoup de cœur, a cru bon, d’entrée, leur offrir deux vilains cadeaux. Face à une formation aussi impressionnante que le départ verglacé de la Steif à Kitzbühel, cela ne pardonne pas. Le match avait à peine commencé qu’il était déjà plié après 12 minutes de jeu…
Alors que la défense genevoise balbutiait encore sur la glace, le Lion n’a pas attendu longtemps avant de montrer les dents. Quatre-vingt-deux secondes ont suffi au «Z» pour poser ses griffes sur la partie avant que Robert Mayer, qui restait pourtant sur quatre matches époustouflants (95,36% de réussite), n’offre, moins de dix minutes plus tard, la deuxième réussite sur un plateau à Thoresen. Il n’en fallait pas plus pour que Roman Wick, Inti Pestoni et ses copains ne se mettent définitivement au show.
«On n’a pas amené l’énergie nécessaire dès le début et quand tu pars avec deux buts de retard contre ce Zurich-là, cela devient vraiment difficile, remarque Arnaud Jacquemet. On sait qu’on est capables de gagner ici, mais pour ça, on ne doit pas entrer dans leur jeu. C’est physiquement qu’on peut les surprendre, pas autrement. Et ce soir on n’a rien montré!»
Comme si quelqu’un avait éteint la lumière, les Grenat ont évolué dans le noir avec ce sentiment d’impuissance qui sépare une équipe qui se bat pour s’inviter au festin des play-off et une autre, sereine, qui se prépare à tout dévorer au buffet des rois.
Il y a certes eu une réaction de joueurs de caractères au début du second tiers, via un bon tir de Romain Loeffel, mais il aurait fallu en faire beaucoup plus pour éviter le naufrage. «On n’avait pas le droit de montrer un tel spectacle, soupire encore Jacquemet. On ne donne pas l’impression que c’est un peu notre vie qui en dépend. On a joué comme si on était quatrième ou cinquième du classement, qu’on peut voir venir. Maintenant on doit se regrouper et aller gagner à Fribourg mardi!»
Il faut parfois toucher le fond pour mieux rebondir et Ge/Servette, qui a un pied dans le vide, n’a plus le choix. Mais Gottéron, qui a aussi le dos au mur, ne lui fera aucun cadeau!