Pierre-Alain Regali, le directeur de Ge/Servette, évoque la fin de saison et les enjeux sportifs et financiers liés au parcours des Aigles
Trois matches pour rêver. Trois combats pour s’offrir la possibilité d’un titre et se racheter une conduite. Voilà le beau défi qui attend Ge/Servette en cette fin de saison palpitante. Après avoir connu mille tourments, frôlant la faillite sportive et financière, les Aigles sont à un tournant. Ils ont tous les atouts en main pour «sauver» leur saison. Qui l’eût cru il y a moins d’un mois, lorsque les caisses étaient aussi vides que l’infirmerie était remplie? Pas grand monde…
Si l’avenir est assuré à long terme par la grâce de la Fondation 1890, il n’en demeure pas moins que le présent importe jusque dans les plus hautes sphères grenat. Les joueurs et le staff, mais aussi tous les employés du club, évoluent dans un nouvel état d’esprit. Il y a presque une forme d’insouciance qui flotte dans l’air. Comme si chacun avait envie de prendre du plaisir après avoir tant souffert. À Ge/Servette, on veut, on doit, jouer les play-off pour mieux renaître de ses cendres.
Une manne appréciable
Car un sou est un sou. En ce sens, Pierre-Alain Regali, le directeur du club, ne cache pas qu’une participation aux séries pour le titre, si elle n’est pas vitale, n’en est pas moins fortement souhaitée et souhaitable. «L’analyse que nous avons faite, c’est qu’un tour de play-off peut rapporter entre 300 000 et 500 000 francs, explique l’ancien joueur grenat. Nous savons que cette saison, nous jouerons deux matches à domicile au minimum, sachant qu’en cas de play-off, nous débuterons nos séries à l’extérieur.»
Avec son budget de près de 18 millions de francs et un déficit annoncé proche des 6 millions, lesquels seront comblé par le nouvel actionnaire, pas question de cracher dans la soupe des séries finales. «Les budgets sont toujours établis sur la saison régulière uniquement, continue le directeur. Mais les revenus liés à une participation aux play-off sont significatifs, comme déjà évoqué. Cela peut même avoir une influence sur certains choix sportifs que nous évoquerons une fois la saison terminée.»
Au-delà de l’aspect purement financier, c’est surtout sur le plan de l’image que le chantier est immense. La fin des années Quennec a lassé, agacé, dégoûté. Une reconquête des cœurs grenat passe par une résurrection sportive. «C’est important de donner une belle impulsion sur la campagne de réabonnement en vue de la saison suivante. Je dirais même qu’au-delà d’une simple participation, on doit surtout espérer réaliser un joli parcours en play-off pour profiter d’une belle dynamique. On a très bien vu l’an dernier que la fin de saison, qui n’a pas été terrible, avait lourdement pesé dans la balance.»
Le championnat actuel s’est déroulé sur le même mode. Entre blessures, informations négatives et alarmantes, démentis, rumeurs… Jusqu’au point de non-retour. Depuis que Hugh Quennec a passé la main et que ses acolytes canadiens sont repartis prêcher leur savoir au pays autoproclamé du hockey, tout est différent.
«La dynamique a changé»
«La dynamique a clairement changé depuis maintenant trois semaines, reconnaît Pierre-Alain Regali. Cela se ressent déjà au niveau des sponsors et du public. On a pu prendre la température et le constater à l’occasion du repas de soutien qui a réuni plus de 800 personnes il y a une semaine. Pour cette soirée, il y a eu une vraie accélération des réservations de tables une fois que les changements dans l’actionnariat du club ont été annoncés.»
Souvent brocardé pour sa communication hasardeuse, Ge/Servette promet de faire des efforts. Le nouveau président, François Belanger, a déjà fait montre d’une belle franchise lors de sa première prise de parole au cours d’une interview accordée à la Tribune de Genève (ndlr: voir notre édition du vendredi 23 février).
Le directeur veut poursuivre sur cette lancée: «La rigueur, la modernité, la transparence, ce sont les trois piliers que nous mettons en avant.» Reste désormais à l’équipe et au staff de faire le job. Comme par enchantement, les planètes semblent s’aligner en cette fin de saison. Un joueur étranger a été engagé et l’infirmerie s’est vidée. «On espère que l’équipe va pouvoir atteindre ses objectifs. Pendant cette saison, nous avons tout fait pour protéger le plus possible les joueurs. Ça a été l’une de nos priorités. Mais il est impossible de tout filtrer et l’équipe a bien sûr lu et entendu les diverses informations. Désormais, le climat est plus calme. Il y a eu, je crois, un vrai soulagement collectif. On a enfin pu remettre les discussions sportives au centre des débats et du vestiaire.»
Pour trois matches palpitants. Et plus si entente…