22 janvier 2015

Folle soirée aux Vernets. Ge/Servette a souffert avant de proposer un festival de cannes. Il espère s’offrir ce soir le leader Zurich 

 

Pluie de buts. C’est le scénario immuable cette saison lorsqu’AmbriPiotta effectue son plus long déplacement de la saison. En ouverture de championnat, les Tessinois avaient pris une grosse claque sur la joue droite (8-2). Ce n’était que le début d’une saison pourrie qui allait déboucher sur le licenciement de Serge Pelletier, le 25 octobre. Depuis, c’est Hans Kossmann qui a redonné vie à toute une équipe qui fait vivre toute une région. Hier soir, les filets ont tremblé onze fois. Mais la répartition a été beaucoup plus équitable (7-4). Pas question de tendre la joue gauche.

 

C’est sans doute cet état d’esprit impeccable qui pousse chaque biancoblu à donner un peu plus à chaque occasion. Et parfois même trop lorsqu’Adrian Lauper tombe les gants face à Goran Bezina. Un combat de boxe qui a animé le 3e tiers et qui a eu le don d’agacer Chris McSorley. «C’est inacceptable de la part de notre capitaine. En faisant cela, il prend le risque de relancer le moral de l’adversaire et nous laisse terminer la partie avec cinq défenseurs», a réagi le coach qui n’a pas aimé ce match «fou, mauvais pour mon cœur».

 

On a d’abord vu les visiteurs faire le dos rond. C’était lors d’un premier tiers très rythmé durant lequel Ge/Servette a fait le siège du but tessinois. Quatorze tirs cadrés et plusieurs occasions très nettes plus tard, c’est pourtant bien Ambri qui avait pris les devants. «C’est souvent ainsi lorsque tu domines et que tu ne parviens pas à marquer, l’adversaire te prend en contre, analysait Noah Rod. Ambri a joué très compact et a bien profité des revirements.»

 

Trop de rebonds

 

Parce qu’il ne lâche rien, lui non plus, Alexandre Giroux a suivi une action anodine d’Inti Pestoni pour cueillir un puck curieusement renvoyé par Robert Mayer, gêné par le retour d’Arnaud Jacquemet au moment où il allait poser la mitaine dessus. C’était le début d’une soirée assez délicate pour le gardien des Aigles qui a eu un mal de chien à jouer proprement. On ne lui fera pas l’affront de décompter le nombre de buts inscrits par les visiteurs après un rebond accordé dans l’axe. «Il y a des soirs ou les pucks ne sont pas en votre faveur, c’est comme ça», dit Noah Rod. Un point de vue partagé par Chris McSorley qui a défendu le bilan de son gardien. «Il a fait son boulot. La défense, un peu moins.»

 

Cette victoire spectaculaire et un brin laborieuse doit résonner comme une bonne piqûre de rappel pour l’ensemble du dispositif défensif des Grenat, coupable d’attentisme. Ce soir, c’est Zurich qui se dresse sur la route des Aigles. «C’est vrai qu’on a laissé trop d’espace et que nous avons manqué de réaction en certaines circonstances, admet de son côté Romain Loeffel. Il faut aussi donner du crédit à Ambri qui s’est bien battu. Ils nous ont menés la vie dure en menant et en revenant plusieurs fois au score. De notre côté, on doit relever le fait qu’avec la confiance qui nous habite en ce moment, nous ne paniquons pas. Offensivement, on a fait un tout bon match.» 

 

Loeffel libéré

 

Le meilleur défenseur offensif du championnat avait même une très bonne autre raison de sourire dans le couloir des vestiaires. «J’ai enfin retrouvé le chemin du but, se félicite-t-il. Je ne suis pas obsédé par les points et les statistiques, mais c’est clair que mon manque de réussite depuis le 28 novembre était un peu pesant. Avoir pu débloquer cette situation va encore renforcer ma confiance. Ce petit plus bénéficiera, je l’espère, à toute l’équipe.»

 

Le No 58 annonce la couleur avant de filer sous la douche: «On regarde devant nous, pas derrière. Et on le fera jusqu’à ce qu’on ne voie plus personne!» Ces Grenat sont un peu comme leur victime du soir: eux non plus, ils ne lâchent jamais rien. Zurich est averti.

 

Lombardi soucieux

 

 Le geste juste, le patinage auguste, la tête haute et le port altier, Jim Slater est de retour aux affaires. Comme s’il n’avait jamais eu de commotion. Comme si ce choc fortuit avec son coéquipier Matt D’Agostini dans la capitale n’était jamais arrivé. L’Américain, qui a manqué trois matches (à Davos, face à Langnau et la deuxième fois contre Berne) a prouvé que sa place est sur la glace, pas dans la tribune. C’est lui, cet homme d’acier qui ne laisse personne de marbre, qui a renversé le sablier à la 36e après que Monnet eut redonné un dernier espoir aux Léventins. Un but à son image, marqué du sceau de la classe. «Dans l’ensemble, je suis content de ma performance, s’est réjoui le natif du Michigan. Malgré ma blessure récente, je n’ai pas eu peur de me porter vers l’avant et d’aller au contact.»

 

Relégué pour la deuxième fois de la saison dans les gradins, Matthew Lombardi, l’ex-star aux 576 matches de NHL, n’a, hier soir, pas marqué des points. S’il méritait lui aussi d’être sur le rink, il a compris que le comeback de l’ex-joueur des Jets de Winnipeg s’imposait. Le Montréalais, qui a surtout manqué de réussite lors de ces trois dernières parties, a vu aussi pourquoi Tom Pyatt avait été préféré à lui. L’ancien attaquant des Tampa Bay (250 matches de NHL) a également brillé sur la glace. Il n’a pas la vitesse de patinage d’un «Lombo», mais quel labeur! Auteur, en prime, de deux réussites (37e et 55e) l’Ontarien a gagné de nombreux duels dans les coins, là où ça fait mal, où personne ne lui vole la rondelle. Aussi efficace que le top scorer Matt D’Agostini (son une-deux avec Pedretti à la 24e fut un régal pour les yeux) ou Johan Fransson, dont la pré- sence est si importante en défense. Surtout en l’absence de Mercier… 

 

Chris McSorley sourit. «Quel étranger voulez-vous que je sorte ce samedi à Zurich?, s’interroge le patron. Ils étaient les meilleurs sur la glace contre Ambri. Je ne vais donc rien changer au Hallenstadion. Je suis conscient que Lombardi n’est pas content, mais c’est la vie d’un hockeyeur. A lui de prendre son mal en patience et de saisir sa chance pour gagner sa place.»

 

Il y a bien des entraîneurs en Suisse qui aimeraient avoir les mêmes problèmes que lui! Jim Slater a déjà prévenu son chef: «Je me sens prêt à jouer contre les Lions s’il en décide ainsi!»