19 août 2014

Le nouveau défenseur canadien des Aigles a jeté son dévolu sur Genève. Il est déjà séduit par le club et… le lac

 

Il ne le sait pas. Pas encore. A Genève, le public voue une admiration particulière pour les défenseurs étrangers. Dans les travées des Vernets, on aime ces joueurs qui gardent la tête haute. On aime ces patineurs capables de remonter un puck pour délivrer une passe en or. On aime ces «tronches» de bûcheron, que rien ne semble pouvoir ébranler si ce n’est lorsqu’un imprudent ose toucher le gardien. «Oh, c’est vrai! On aime ça ici? Génial, cet endroit est fait pour moi alors.»

 

Paul Ranger est un homme intelligent. Tous les entraîneurs qui l’ont côtoyé sont unanimes, le hockeyeur et le bonhomme sortent du lot (il a notamment étudié les mathématiques, les sciences et la psychologie en marge du hockey). «Il a fallu un alignement des étoiles parfait pour qu’il vienne chez nous», sourit Chris McSorley. L’entraîneur est persuadé que son défenseur «va amener un gros plus» dans l’arrière-garde. «En power play, les premiers effets se font déjà sentir. Et avec lui, l’équilibre du temps de jeu est mieux réparti. Avec Paul, Romain Loeffel, Mercier, Trutmann, Vukovic et les jeunes Marti, Antonietti et Iglesias nous avons de quoi bâtir une défense très efficace.»

 

Le nouveau venu acquiesce avec ce calme que l’on retrouve lorsqu’il griffe la glace. Ou lorsqu’il scrute la surface du lac lors d’une partie de pêche en solitaire. Interview d’un joueur prêt à faire face aux nombreux défis d’une saison chargée.

 

Paul Ranger, pourquoi avoir fait le choix de l’Europe, à 30 ans?

 

C’était l’été. Je n’avais plus de contrat en NHL. Cela faisait un moment que j’avais cette envie de traverser l’Atlantique. C’est, je pense, le bon moment pour une nouvelle expérience tant sportive qu’humaine.

 

Et pourquoi Genève?

 

J’ai reçu une offre de Chris que je ne pouvais pas refuser ( il rigole ) . Non, sérieusement, j’ai eu de très bonnes discussions avec lui et il a su me convaincre. Je sais qu’il attend beaucoup de moi. Mais en même temps, il ne me met pas trop de pression. Il m’a juste dit: «Viens et joue comme tu sais le faire.» J’ai aussi appelé Matt Lombardi pour avoir son avis et qui ne m’a dit que du positif sur la ville et le club.

 

Justement, que connaissiez-vous de la ville, du club avant de vous décider?

 

Très honnêtement? Pas grand-chose. Pour la ville, j’en connaissais le nom grâce aux Conventions de Genève. Ensuite, je me suis renseigné et j’ai vu qu’il y a un lac. J’y suis déjà allé et je dois dire que c’est superbe. J’ai sorti quelques petits poissons, des perches, je crois. C’est intéressant.

 

Vous avez pris vos marques sur le lac, dans la ville. Qu’en est-il sur la glace?

 

Ça se passe bien pour l’instant. Je dois m’adapter à un nouveau système, et aux surfaces de jeu plus grandes.

 

Comment définiriez-vous le hockeyeur Paul Ranger?

 

J’aime bien faire mon travail et défendre est ma priorité. Je suis assez physique pour cela, mais je dois avouer que j’aime aussi participer au jeu et amener le surnombre.

 

Doit-on en déduire que la notion de plaisir est importante pour vous?

 

Durant ma carrière j’ai parfois joué sans plaisir. On peut le faire oui. Mais j’ai surtout appris que quand le plaisir est présent, on est meilleur et on arrive à donner encore plus.

 

Ge/Servette se prépare à une saison très longue. Avec déjà la Ligue des champions ce jeudi. Comment abordez-vous ce rendez-vous?

 

Je suis un compétiteur et je veux gagner chaque match, chaque compétition. Ça sera intéressant de jouer contre des équipes de divers championnats lors de rencontre avec un vrai enjeu. Ce ne sera pas juste une rencontre de préparation. Et au bout, si on peut être sacré meilleure équipe d’Europe, je ne dirai pas non!

 

Et la Coupe Spengler?

 

Je ne l’ai jamais jouée mais je n’en ai entendu que du bien. L’expérience de ce tournoi est assez fabuleuse, disent ceux qui y sont allés.

 

Paul Ranger, vous avez connu une carrière linéaire en Amérique du Nord jusqu’en 2009 et un arrêt de deux ans pour des raisons personnelles. Vous avez ensuite repris votre activité avec succès pendant deux saisons. Ce contrat de deux ans à Genève constitue-t-il le début d’une «troisième» carrière?

 

On pourrait dire ça. Mais je le vois plutôt comme une étape dont j’attends beaucoup de choses positives.

 

Revenons à vos origines. Il parait que le français est une langue qui vous est familière?

 

C’est la langue de mes parents qui sont tous deux francophones. Et la mienne lorsque j’étais jeune enfant. Nous sommes originaires de Cornwall, une petite ville francophone de l’Ontario. On dit donc Paul «Rangé». Je parlais le français jusqu’à mon départ à Toronto, à six ans. Je ne le parle plus mais depuis que je suis ici, il y a des choses, des mots qui reviennent. Je comprends les conversations simples. Et je pense que ça va très vite revenir.

 

Paul Ranger

 

Né le 12 septembre 1984.

 

Originaire de Cornwall, ville de 50 000 habitants dans la province de l’Ontario.

 

Etat civil Célibataire (en couple)

 

Poste Défenseur

 

Gabarit 1,91 m pour 94 kg.

 

Numéro 75

 

Francophone Jusqu’à six ans, il parle le français, la langue de ses parents. Il part ensuite à Toronto et poursuit son cursus scolaire en anglais.

 

Parcours Il termine ses classes juniors en Ontario Hockey League à Oshawa. En 2002, il est drafté (en 183e position au 6e tour) par Tampa Bay. En 2005, il fait ses débuts en NHL avec le Lightning de Tampa Bay.

 

Le break En octobre 2009, Paul Ranger quitte subitement le monde du hockey pour des raisons personnelles. Un break qui durera deux ans et demi. On sait peu de choses sur cette période si ce n’est qu’il entraîne des jeunes et étudie. En 2012, il reprend le fil de sa carrière et signe à Toronto.

 

Statistiques Paul Ranger a joué 334 matches de NHL pour un bilan de 113 points (26 buts et 87 assists).

 

Passion Paul Ranger aime l’eau. Il est passionné de pêche. «C’est une activité que je pratique avec plaisir mais je n’en ferai pas mon métier. J’ai trouvé un beau terrain de jeu avec le lac Léman.»