16 octobre 2015

Les Aigles n’ont pas tremblé pour avaler les Tigres de Langnau et faire un bond au classement. Le travail paie cash

 

Ce n’est qu’après ce genre de match que les Aigles vont bomber le torse. Une bière, peut-être une deuxième, au McSorley’s Pub, histoire d’entretenir les liens avec la communauté, et puis il sera temps d’aller se glisser sous la couette. Ce soir, il y a encore un match au programme. Le troisième en quatre jours, drôle de calendrier… D’autant plus que le car des Grenat va devoir effectuer le déplacement outre-Gothard un vendredi de départ en vacances. Il y aura comme un goût de bouchon à la porte du Tessin.

 

C’est donc nantis d’un succès aussi propre qu’indiscutable acquis contre Langnau que les hommes de Chris McSorley s’en vont défier Ambri. Ils savaient qu’avec cette double confrontation face à des équipes dont la destinée devrait les conduire sous la barre en fin de saison, l’occasion était belle de faire un bond au classement (avec ces trois points, les Aigles remontent de 8e à la 4e place!). Alors que l’hiver pose son manteau sur la Suisse, ça sent enfin le hockey, le vrai. Après un peu plus d’un tour, il est temps de récolter ce qui a été semé depuis la préparation estivale et les premiers matches de la saison.

 

Un système bien en place

 

Pour Ge/Servette, les fruits semblent être prometteurs. Ils ont été assez paresseux pour arriver à maturité. Il aura fallu quelques averses de mots biens sentis de Chris McSorley pour que l’on vive quelques rencontres savoureuses. Après un double gros morceau contre le SC Berne négocié avec la manière et un juste salaire de quatre unités sur six, Ge/Servette n’a fait qu’une bouchée des Langnau Tigers. «Et l’on constate que le système est désormais bien en place, dit Chris McSorley. Nous insufflons l’énergie nécessaire à chaque match et chacun joue son rôle. On a vu ce soir le vrai Jim Slater, un homme qui fait grandir ses coéquipiers de dix centimètres, qui les rend meilleurs.»

 

Il y avait bien une classe et demie d’écart entre le néo-promu et une équipe qui s’est installée dans les quatre meilleures formations du pays depuis deux ans. Hormis une entame de match un peu délicate, avec deux pénalités concédées qui ont eu le don casser le rythme infernal que Ge/Servette avait prévu d’instaurer. «Pendant le début de match, c’est vrai que nous avons un peu souffert en infériorité, souligne Floran Douay. Par la suite, une fois que nous avons pris deux longueurs d’avance, tout était plus simple. C’est bien de prendre les trois points car ce soir nous n’avions pas le droit de nous tromper. Et il en ira de même demain soir à Ambri. On peut faire un pas de plus dans la bonne direction car nous avons le sentiment que la saison commence véritablement maintenant.»

 

Le jeu s’est enfin durci

 

Le décollage des Aigles, qui semblent irrésistibles, coïncide aussi avec un durcissement du jeu. Floran Douay, un vrai costaud à seulement 20 ans, y est pour beaucoup, lui qui distribue les charges viriles mais correctes au sein d’un quatrième bloc offensif plaisant.

 

«Après un début de saison mitigé, où je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, j’ai eu une bonne discussion avec les coaches pour savoir exactement ce qu’ils attendent de moi. Et depuis que j’ai leur confiance, je donne tout pour l’équipe.» Petite cerise sur le gâteau, le jeune Français à licence suisse a inscrit son premier but de la saison. «Ce n’est pas notre mission première, dit-il. Mais avec un joueur comme Kast au centre et Gerber à l’autre aile, nous formons un trio complémentaire capable de créer le danger.»

 

Blocs recomposés

 

Cette alchimie se retrouve dans des blocs recomposés après l’avalanche de blessures. Constat réjouissant: ceux qui remplacent les cadors font le job à la perfection. Pedretti et Jacquemet jouent un cran au-dessus. Jim Slater, tête toujours haute, cherche et trouve des solutions. «On ne joue pas 500 matches de NHL dans le même club par hasard», conclut Chris McSorley, qui apprécie ce joueur qui bombe le torse en patinant. 

 

Gros cœur vainqueur

U Dans cette soirée spéciale consacrée au don d’organes, Ge/Servette a posé, en ce jeudi soir, son gros cœur de vainqueur sur la glace. De quoi donner rapidement le tournis à Langnau. «Les vrais guerriers, ce sont ceux qui ont lâché le puck au coup d’envoi.» Chris McSorley a eu une larme pour tous ces transplantés venus hier aux Vernets afin de sensibiliser les gens à la bonne cause. Après être allé lui aussi au milieu de la patinoire, dans les tribunes, il y a un petit garçon qui n’a pas raté une miette du show des Grenat. Il avait cette insouciance qui transforme des images en étoiles. Ses yeux ont brillé encore plus que d’habitude. «Comme il adore la musique, il a dansé dans les gradins après chaque but», sourit Céline, sa maman. Atteint d’une myopathie depuis sa naissance, Lény, qui possède un cœur tout neuf depuis six mois, s’est remis à marcher, à sourire, à vivre, grâce à un élan du cœur, un généreux donateur.

«J’étais déjà là samedi pour le match contre Berne», lâche cet adorable petit Genevois, nouveau fan des Aigles et grand admirateur d’Eliot Antonietti, son parrain. «Il s’est donné pour me faire plaisir et j’en ai eu beaucoup ce soir», renchérit le garçon, qui fêtera le 23 novembre ses 6 ans. «Ce soir, c’était déjà un beau cadeau d’anniversaire», poursuit Lény.

«Je l’ai vu lorsqu’il est passé à l’écran, il avait l’air très heureux avec sa casquette de Ge/Servette et cela m’a fait très plaisir, s’exclame le défenseur des Servettiens, qui effectuait son retour hier soir après l’agression de l’ignoble Chiesa le 24 septembre à Lugano. J’avais envie de faire un bon match pour Lény; de le voir ainsi avec sa famille, c’est énorme pour moi, il n’y a rien de plus beau.» Le colosse des Vernets, que l’on a beaucoup vu à l’offensive avec un assist, avait hier des fourmis et une grosse envie de marquer pour lui. «Comme j’ai eu deux semaines de vacances de plus que les autres, c’est normal.» Ce soir à Ambri, Eliot Antonietti va une nouvelle fois poser son gros cœur sur la glace. Pour Lény et tous ces beaux guerriers…