Les Genevois ne disputeront pas la finale de la Coupe de Suisse. Ils n’avaient plus de jus…
Des gradins parsemés, la Coupe, qui ne fait pas l’unanimité parmi les fans grenat - ni à Lugano, Davos ou Fribourg d’ailleurs - n’était pas pleine hier soir. Si le trophée «brillait» dans les tribunes VIP, sur la glace on a considérablement manqué d’éclat pour la faire reluire, pour la convaincre de rester du côté de Genève. A défaut de champagne, les Servettiens l’ont remplie d’amertume, pour vivre finalement un mardi désagréable. C’est Kloten, leur bête noire, plus réaliste, déjà victorieux à deux reprises cette saison à Genève, qui disputera le 11 février la finale de la Coupe de Suisse. Son adversaire sera connu aujourd’hui. Il s’agira de Berne ou des Zurich Lions.
«Comme la Spengler, nous allons tout faire pour conserver notre bien!» clamait pourtant Chris McSorley la veille, convaincu que ses boys seraient à la hauteur de l’événement. Il «la» voulait cette Coupe de Suisse, le coach ontarien, ses dirigeants aussi d’ailleurs. C’était un objectif de la saison avec la semaine entre Noël et Nouvel-An dans les Grisons. C’est raté. Genève-Servette qui restait sur quatre revers en championnat ne sait plus gagner contre des adversaires helvétiques.
Manque de jus
Mais où étaient passés les héros de la Coupe Spengler si flamboyants face à des ténors de KHL durant les Fêtes? Toujours là-haut, sur leur nuage? En ce jour des Rois, il aurait fallu la foi et le public genevois a dû se contenter de fantômes traînant leur spleen sur la patinoire.
Si le cœur y était, des intentions aux actes, il a surtout manqué de jus dans le geste et surtout dans le moteur des joueurs grenat, déjà bien grippé dimanche à Davos.
Malgré leur jour de congé, lundi, les Servettiens ne sont pas parvenus à remplir leur réservoir. Dominer n’est pas gagner, dit-on, cela s’est encore une fois vérifié.
Ce coup de reins, cet éclair, ce coup du tonnerre, on l’a attendu en vain, durant 58 minutes, avant que Timothy Kast ne trouve enfin l’ouverture. Il était malheureusement trop tard pour des Genevois dominateurs mais inoffensifs en attaque. Et que d’espaces laissés en zone neutre…
A l’image d’un Matthew Lombardi toujours aussi transparent depuis son retour au jeu (il a besoin de temps pour retrouver toutes ses sensations) et d’un Cody Almond (qui a raté tout ce qu’il a entrepris) que de déchets devant les filets de Jonas Müller.
Les Genevois qui avaient retrouvé Robert Mayer dans leur cage auraient pu jouer toute la nuit sans marquer alors qu’il aura suffi de deux contre-attaques aux Aviateurs pour prendre de la hauteur et jouer les rabat-joie.
Esprits à Davos
Après avoir passé un savon à ses hommes, c’est avec la tête des mauvais soirs que Chris McSorley est venu verser son fiel. «Les joueurs avaient encore leurs esprits à Davos, regrettait le coach. Ils ont besoin de se réveiller. La Coupe Spengler est terminée. Il est temps pour mes gars de redescendre de la montagne.» S’il a montré du doigt le curieux arbitrage de MM. Eschmann et Stricker – mais comment a-t-on pu confier un match aussi important, une demi-finale de Coupe de Suisse tout de même, à un duo d’arbitres aussi incompétent qui n’a pas voulu siffler une faute – le manager des Vernets ne cherchait aucune excuse par rapport à cette élimination. «Les joueurs ont bénéficié de deux jours de repos, mais il est vrai qu’avec les blessés, il me manque 25% de mon effectif, j’ai dû faire avec les moyens à disposition. Mais je le répète, il est temps que les gars se réveillent et retrouvent leur jeu.»
Samedi à Bienne, les Aigles devront retrouver leur niveau s’ils entendent reprendre de l’altitude.
Floran Douay: «Une défaite rageante»
Au coup de sifflet final, Floran Douay n’avait pas la mine des grands soirs. Aligné pour la première fois en Coupe de Suisse par Chris McSorley aux côtés de Kevin Romy et d’Alexandre Picard, ce grand gaillard de 193 cm pour 95 kilos a assisté impuissant au deuxième but des Kloten Flyers alors qu’il se battait pour revenir au score devant la cage de Jonas Müller. Hélas, sur une perte de puck malheureuse des Aigles, Robin Leone s’en est allé, seul contre trois, doubler la mise pour ses couleurs. «Kloten a eu beaucoup de chance ce soir, a pesté le natif de Sallanches, en France voisine. Cette défaite est rageante et imméritée. C’est dommage que nous n’ayons pas réussi à pousser au fond nos occasions. Nous étions la meilleure équipe sur la glace et c’est cruel de manquer la finale à l’issue d’un tel scénario.» C’est en forgeant qu’on devient forgeron dit le dicton, l’attaquant français à licence suisse le sait bien et a encore le temps de voir venir pour affûter ses lames. Celui qui fêtera ses 20 ans dans exactement un mois, le 7 février, espère avoir d’autres occasions cette saison de prouver qu’il mérite sa place sur la glace. «J’ai su que j’allais jouer après la rencontre face à Davos et la blessure malheureuse d’Arnaud Jacquemet. Les gars m’ont dit de ne pas me prendre la tête et de jouer tel que je le fais d’habitude, sans pression. Ce n’est que du bonheur d’évoluer dans l’élite avec des mecs comme Kevin et Alex. Romy est le meilleur avant-centre du pays et c’est une chance de jouer à ses côtés.» Floran Douay n’a maintenant qu’une seule idée en tête: «Travailler toujours plus pour avoir la chance de revivre de tels moments.»